Achats de conseil de l’État : le stage qui gêne
Thierry Lambert, le délégué interministériel à la transformation publique (DITP) qui chaperonne le principal marché de conseil de l’Etat, était entendu jeudi 2 décembre par la commission d’enquête du Sénat. Le contrat de son fils avec McKinsey, supposé témoigner de l’exemplarité de la déontologie de la DITP, est surprenant.
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L’audition de Thierry Lambert devant la commission d’enquête du Sénat était l’occasion pour la DITP d’expliquer le mode de fonctionnement du principal marché-cadre de conseil auquel ont actuellement recours les ministères français.
Il y fut abondamment interrogé sur les règles en place à la DITP pour éviter tout conflit d’intérêt. En effet, la DITP compte d’anciens consultant recrutés en tant que contractuels pour acheter du conseil pour le compte de l’Etat, et inversement, il arrive que des contractuels actifs à la DITP partent travailler pour des cabinets de conseil. Tous ces liens sont scrupuleusement encadrés, a rappelé Thierry Lambert (relire notre article).
Et d’évoquer le cas de son fils. Thierry Lambert a confié que son fils avait lui-même effectué un stage chez McKinsey pendant sa scolarité, un stage « pour lequel je ne suis absolument pas intervenu, il le doit à ses seuls mérites. Comme à l’issue de ce stage, il a eu une proposition d’embauche pour septembre 2022, je me suis immédiatement déporté. Je n’ai plus aucun contact avec McKinsey en lien avec le marché-cadre qui nous lie actuellement. Évidemment, je me déporterai en faveur de mon adjoint pour le prochain marché si McKinsey se présente à une des offres de l’appel d’offres [le prochain marché-cadre qui est en préparation et sera publié au printemps ─ ndlr], je serai bien entendu exclu de l’analyse, de la négociation et des décisions sur McKinsey ».
Un exemple censé témoigner du caractère irréprochable de la DITP et sur lequel Thierry Lambert est revenu à nouveau au cours de son audition.
« C’est un conflit théorique parce que mon fils va être recruté en septembre 2022 – et peut-être qu’il ne va pas répondre à l’offre. Mais dès lors qu’il y a un risque qu’on puisse considérer qu’il a eu cet emploi parce que j’allais donner un marché à McKinsey. Je pense que c’est extrêmement important qu’on ne puisse pas se poser la question. Je l’ai dit à mes équipes, je l’ai dit au secrétaire général du gouvernement, je l’ai dit à la ministre. »
Cette situation témoigne aussi de la très bonne implantation de McKinsey à la sortie des grandes écoles françaises (le fils de Thierry Lambert est scolarisé à l’École des Ponts) et au sein des élites publiques et privées.
Ce n’est d’ailleurs pas du tout le premier cas de « fils de » chez McKinsey : Victor Fabius, le fils de l’ancien premier ministre et actuel membre du Conseil constitutionnel Laurent Fabius, est associé du bureau parisien de la firme ; les enfants de l’ancien patron de Renault, Carlos Ghosn, y ont travaillé (ainsi qu’au BCG,) tout comme Delphine Arnault et Frédéric Arnault, l’un des fils de Bernard Arnault.
D’ailleurs devant les étudiants de Polytechnique en 2017 (voir la vidéo à 10’35’’), Bernard Arnault confiait avoir lui-même fait un stage au sein de la firme. Où, racontait-il, il avait croisé un certain Laurent Fabius.
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Jeudi 2 décembre, la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil dans les politiques publiques démarrait ses travaux. Elle se donne pour objectif de faire la lumière sur un sujet devenu grand public après que plusieurs cabinets de conseil sont intervenus auprès du gouvernement dans le cadre de la gestion de la pandémie.
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