Les hôpitaux se regroupent pour acheter 60 M€ de conseil
C’est un appel d’offres de conseil pour le moins juteux de la part du Réseau des acheteurs hospitaliers (Resah) qui a été lancé le 3 avril. Le jackpot – 60 à 80 millions d’euros – pour 1 ou 2 consultants.
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Le Resah, centrale d’achat « grossiste », vise à référencer un consultant pour des prestations intellectuelles de conseil et d’appui aux projets structurants (lot 1, entre 40 et 50 M€) et un autre pour à la conduite de changement opérationnel (lot 2, entre 20 et 30 M€).
Groupement d’intérêt public (GIP) créé en 2007, le Resah a pour fonction d’appuyer la mutualisation et la professionnalisation des achats du secteur de la santé, public et privé non lucratif. Et se présente comme un centre de ressources et d’expertise « visant à appuyer la professionnalisation des équipes achat et logistique » et une centrale d’achat donc, 1,75 milliard d’euros d’achats mutualisés en 2021 pour quelque 1700 bénéficiaires : achats de produits de santé, biomédicaux, biologie et environnement patient, hôteliers, généraux, énergie bâtiment, mais aussi liés au système d’information. Mais aussi un service de prestations intellectuelles de quatre personnes, qui promet une « offre transversale d’accompagnement des GHT (Groupements hospitaliers de territoire, ndlr) dans leurs projets de transformation et des cabinets de conseil reconnus dans le secteur de la santé ».
Ses adhérents : les membres du GIP, près de 550 partout en France, centres hospitaliers, EHPAD, instituts de cancérologie, maisons de santé et de retraite… et des non-membres, établissements faisant partie d’un groupement hospitalier de territoire pour lesquels l’établissement support a signé une convention d’accès aux services d’achat centralisé avec le Resah.
Une réelle mutualisation ? Pas totalement. Pour preuve, dans le grand nombre des appels d’offres sur des prestations intellectuelles lancés tout récemment en leur nom propre par les établissements de santé, on peut trouver des membres du GIP Resah. À l’instar du GHT Atlantique 17 qui a publié le 5 avril dernier un avis (no23-44484) pour « la prestation d’assistance à maîtrise d’ouvrage pour l’accompagnement à la transformation stratégique et opérationnel de son SIH (Système d’information hospitalier, ndlr) ».
Ce méga marché – il correspond à 3,5 %-4,6 % du montant annuel des achats – est sur le fond des plus classiques. Sa demande : déployer des actions ayant pour objectifs, notamment, d’optimiser les coûts, de « proposer des solutions adaptées aux contraintes techniques, technologiques ou budgétaires », une meilleure prise en compte des principes ESG sur les achats, ou encore « l’accès aux meilleurs standards techniques et technologiques ».
Les critères d’évaluation privilégient quant à eux la valeur technique, 65 % de la note finale – avec la réalisation pour le candidat d’un cas pratique – ; le prix, lui ne « pesant » que 25 % de la note. Et des exigences sur le fond des missions devenues récurrentes pour le titulaire : reports réguliers au Resah, notamment lors des comités de pilotage, de différents éléments statistiques relatifs au marché, « dispositif de suivi, d’animation de la communauté d’établissements et de capitalisation des connaissances », mise en place d’indicateurs pour le suivi de la qualité, obligation d’information en matière de RSE…
Un quatrième méga marché public de conseil en quelques mois
Pour la passation de leurs marchés publics, les GIP, en tant que personnes morales de droit public, sont soumis au code de la commande publique. Le Resah ne fait pas partie des bénéficiaires volontaires du dernier marché de la DITP (une trentaine d’acteurs publics, dont cinq Agences régionales de santé). Ce marché du Réseau des acheteurs hospitaliers, acteur public du secteur de la santé, pourrait également passer par l’UGAP, la centrale d’achats publique, qui voit de son côté son « plafond de verre conseil » exploser depuis quelques mois. « Nous ne préférons pas commenter des consultations en cours », répond lapidairement à Consultor le Resah. Aucun commentaire de fond de la part de l’UGAP qui ne voit pas le problème… « Le Resah est une centrale d’achat, elle est “libre” de passer ses propres appels d’offres », commente de son côté la centrale d’achats des acteurs publics, interrogée par Consultor. Pas de réponse non plus du côté de l’Organisation de la direction des finances, des achats et des services (DFAS) du ministère de la Santé et de la Prévention, et de son directeur, Francis Le Gallou.
Et donc un marché « conseil » supplémentaire qui s’ajoute aux précédents… C’était aussi le cas de Pôle emploi en mars dernier (23 millions d’euros sur le précédent marché).
Clôture de remise des offres : 2 mai à 12 h.
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