le media indépendant du
conseil en stratégie

icone burger fermee

rechercher sur le site

icone recherche
Featured

Coulisses – EY : comment le coup d’après se prépare

Après l’arrêt d’Everest, le colossal projet de scission du groupe de 350 000 personnes, l’hypothèse martelée en interne est qu’une séparation interviendra bel et bien sur un périmètre revu et sous 2 ans.

Benjamin Polle
27 Avr. 2023 à 05:00
Coulisses – EY : comment le coup d’après se prépare
© Adobe Stock/Markus Mainka

Quinze jours après que les États-Unis (40 % de l’activité d’EY) ont mis un terme au plus important changement qu’aurait connu le secteur du consulting dans le monde depuis la séparation Andersen – Accenture voilà 20 ans, en France l’avenir s’écrit toujours au conditionnel.

Car comme disent plusieurs sources à Consultor, maintenant qu’une croix a été faite sur le projet de séparation des activités d’audit et de conseil d’EY, dans lequel des milliers de collaborateurs ont été impliqués et des centaines de millions de dollars engloutis, les informations sur le « what’s next ? » tardent à redescendre.

Chez EY, une future scission reste dans toutes les bouches

En France, parmi les 6 000 collaborateurs d’EY, tout particulièrement entre les 350 partners hexagonaux, les calls pullulent sur le sujet ces derniers jours. Un message y est régulièrement martelé : le projet de scission aura lieu sous une forme ou sous une autre, mais pas dans l’immédiat et pas dans la forme initialement envisagée.

Exit donc le trait de crayon qui avait été tracé entre les équipes audit et consulting, la répartition qui avait été faite des fonctions support central et la date de janvier 2024 qui était régulièrement avancée.

Place à la V2 de la scission. « C’est réaffirmé très fermement et à tous les niveaux. L’ordre de grandeur qui circule est plus 2 ans que 6 mois », glisse un partner qui, comme l’ensemble des partners que nous avons interrogés, a requis l’anonymat. « On veut mettre Everest derrière, mais on reste convaincu du rationnel stratégique de la séparation et on veut réavancer sur une scission d’ici 1 ou 2 ans », confirme un autre.

Pourtant, une bonne partie de l’organisation reste à ce jour dans l’expectative. « Ce n’est pas très étonnant. Nous sommes 15 jours après l’annonce, EY est un gros machin à faire bouger. Il faut le temps de se réorganiser », analyse encore un autre.

La ligne de com’ française était à peu près la même : nous subissons une décision qui n’est pas la nôtre, bien sûr il y a de la déception, le temps et l’argent investis ne l’ont pas été en vain et porteront leurs fruits.

L’arrêt du projet Everest, un moindre mal ?

Mais, en coulisses, tous s’en doutaient depuis un certain temps (dès début mars, la patronne US d’EY avait d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme). Et tous ne sont pas si déçus que cela.

Car se séparer allait aussi avec son lot d’aléas. Un ex-partner récemment parti refait gaiment le match : « Je ne crois pas que cela soit une si mauvaise solution qu’Everest ne se fasse pas. Il y avait tout pour que ça plante ! »

Qui disait séparation disait une cascade de baisse de salaires à encaisser pour les partners, managers et consultants qui auraient rejoint l’entité EY consulting. Les baisses auraient concerné les profils les plus seniors au premier chef, mais par extension les plus juniors également. Ce qui ne ravissait pas tout le monde.

Puis, « les marchés financiers n’aiment pas du tout les produits cycliques », pose l’une de nos sources. Pour qui l’introduction en bourse de la nouvelle entité EY Consulting aurait été synonyme d’un changement significatif de la nature des activités de conseil d’EY.

« À partir du moment où vous rentrez dans une classe d’actifs comparables, avec Capgemini ou Accenture, les marchés allaient mettre la pression pour que l’activité soit orientée vers des produits longs, sécurisés et sécurisants » anticipe cette source. Une stabilité qui n’est pas vraiment le fort des lignes de conseil fiscal, juridique, transactionnel ou en stratégie, qui peuvent connaître des fluctuations importantes en fonction des clients ou des conjonctures. Post-scission et post-cotation, la priorité aurait pu être donnée à de grands programmes d’ERP, façon IBM, qui auraient pu en rebuter plus d’un.

Puis, pour l’ensemble du partnership des lignes de conseil d’EY, se détacher de l’audit aurait voulu aussi dire un changement d’état d’esprit commercial. « Dans l’advisory, les gens vivent bien du fait de tout l’environnement, de toutes les connexions développées par l’audit, les CFO, les trésoriers qu’on connaît un peu partout, les entreprises dont le cabinet a été le commissaire aux comptes par le passé. Les auditeurs amènent du business en non-audit. Les Big Four reposent sur ces intersections, et c’est pour cela qu’ils fonctionnent. »

Pour cette source, l’argument de l’élargissement du terrain de jeu commercial mis en avant par les promoteurs d’Everest ne se serait pas matérialisé partout. « Dans certains pays, les partners des lignes de conseil arrivent de McKinsey, de Roland Berger ou équivalents, ils ont un réseau, une réelle agressivité commerciale et savent prospecter. Ils sont venus développer les activités de conseil, mais ils sont emmerdés par les restrictions liées aux métiers réglementés (voir notre article sur les départs de partners en série chez KPMG dernièrement). Dans ce cas, cela peut marcher. Mais pas partout, les proportions de vrais chasseurs ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre. »

Voilà pour le commentaire après-match. Et à présent ?

La fête aux chasseurs de têtes

À présent, un paquet de chasseurs de têtes de la place parient sur des vagues de départ après l’échec d’Everest. « On est appelés en permanence. Ils s’en donnent à cœur à joie », témoigne un partner qui se veut pourtant confiant. Tout en se voulant très rassurant à ce sujet : l’ambiance n’est pas du tout au sauve-qui-peut. « Le sujet fait plus de bruit chez certains partners que globalement. Ça ne nous fait pas vaciller, et l’atmosphère reste plutôt très bonne. La dominante est : “On est plutôt au bon endroit et à un moment donné la scission qui doit se faire va se faire” », veut croire un des partners que nous avons interrogés.

C’est une autre des lignes de com’ partagée par le management d’EY en France : l’échec d’Everest n’oriente pas l’activité du Big Four à la baisse et n’étiole pas l’attractivité de l’entreprise pour ses collaborateurs. « L’année va être bonne, voire très bonne », défend un partner, notamment pour le volant conseil en stratégie EY-Parthenon qui resterait staffé à 100 % (a contrario du marché qui montre des signes de décélération).

Éric Fourel, le patron d’EY France, disait la même chose aux Échos : « Nous n’allons rien perdre, c’est surtout un manque à gagner. Nous devrions clôturer nos comptes en juin avec une croissance qui pourrait atteindre 15 %, c’est probablement l’une des firmes qui offre les taux les plus attractifs. Mais nous aurions pu viser plus de 20 % de croissance dans le conseil grâce à la scission. »

En attendant, dans la foulée de l’annonce de l’arrêt du projet Everest, EY aux États-Unis a rendu public un plan d’économies de 500 millions de dollars. Mais l’un serait complètement décorrélé de l’autre.

La piste d’un spin-off européen ?

Pour l’avenir, le consensus est à ne rien dire sur le visage que pourrait avoir une future scission. « Des tas de discussions sont en cours » évacue une de nos sources. Un de nos interlocuteurs se risque à imaginer un spin-off à l’échelle européenne avec l’entrée d’un fonds de private equity, sans les lourdeurs et les contraintes d’un gros IPO ou d’une importante levée de dette sur les marchés.

Mais une autre source, interrogée sur cette option, la balaie sans ménagement : « Si une région sortait, elle perdrait tous ses accès au reste du réseau. Ce n’est pas viable. Ce sont de pures conjectures niveau café du commerce. Je n’ai pas entendu cette option évoquée une seule où que ce soit. »

Clairement, les violons restent à accorder. En France du moins, les partners cherchent le bon tempo. Dixit un autre : « Rappelons-nous quand le dossier aura bougé. »

à lire aussi

kpmg

Les départs de partners sous la bannière Global Strategy Group (GSG), la marque de conseil en stratégie made in KPMG lancée en France en 2019 se multiplient. Le patron de la France Cyril Gay Belan est sur le départ. Dans ce contexte, une nouvelle gouvernance est installée pour prendre les rênes d’un ensemble resserré Deal – Stratégie. Objectifs : multiplier les synergies, atteindre une taille critique et une meilleure couverture sectorielle.

EY Parthenon
Benjamin Polle
27 Avr. 2023 à 05:00
tuyau

Un tuyau intéressant à partager ?

Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !

écrivez en direct à la rédaction !

commentaire (0)

Soyez le premier à réagir à cette information

1024 caractère(s) restant(s).

signaler le commentaire

1024 caractère(s) restant(s).
6 * 4 =

France

  • BCG : Guillaume Charlin sur le départ
    18/11/24

    L’un des ténors du BCG en France, Guillaume Charlin, 54 ans, patron du bureau de Paris entre 2018 et 2022, serait en passe de quitter le cabinet.

  • Alerte rouge : la com de crise au secours des cabinets de conseil
    15/11/24

    Toutes les entités de conseil en stratégie ne subissent pas d’incendies simultanés, comme McKinsey, mais chacune peut y être exposée. La communication de crise dispose-t-elle d’antidotes ? Éléments de réponse avec Gantzer Agency, Image 7, Nitidis, Publicis Consultants - et des experts souhaitant rester discrets.

  • Un partner d’Oliver Wyman se lance à son compte
    15/11/24

    Le partner Retail/Consumer Goods d’Oliver Wyman, Julien Hereng, 49 ans, a quitté tout récemment la firme pour créer son propre cabinet de conseil en stratégie et transformation, spécialisé dans les secteurs Consumer Goods, Luxe et Retail, comme il le confirme à Consultor.

  • Missions strat’ ESG : go ou no go ?
    13/11/24

    À l’heure où les premiers engagements d’entreprises en termes d’ESG pointent leur bout du nez (en 2025), comment les missions de conseil en stratégie dédiées ont-elles évolué ? Toute mission n’est-elle pas devenue à connotation responsable et durable ? Y a-t-il encore des sujets zéro RSE ? Le point avec Luc Anfray de Simon-Kucher, Aymeline Staigre d’Avencore, Vladislava Iovkova et Tony Tanios de Strategy&, et David-Emmanuel Vivot de Kéa.

  • Tir groupé pour le partnership français du BCG qui s’enrichit de 5 associés
    11/11/24

    Si Arnaud Bassoulet, Florent Berthod, Sophie Gebel et Marion Graizon ont toutes et tous rejoint le BCG il y a plus de six ans… parfois plus de dix, Lionel Corre est un nouveau venu ou presque (bientôt trois ans), ancien fonctionnaire venu de la Direction du Trésor.

  • Trois promotions et un transfert : 4 nouveaux partners pour McKinsey en France
    08/11/24

    Trois des heureux élus sont en effet issus des effectifs hexagonaux de la Firme : Jean-Marie Becquaert sur les services financiers, Antonin Conrath pour le Consumer, et Stéphane Bouvet, pilote d’Orphoz. Quant à Cassandre Danoux, déjà partner Stratégie & Corporate Finance, elle arrive du bureau de Londres.

  • Le partnership français de McKinsey perd 7 associés en 2 mois
    30/10/24

    L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.

  • Deux associés EY-Parthenon propulsés au comex d’EY France
    29/10/24

    Julia Amsellem, qui a rejoint l’entité de conseil en stratégie d’EY en 2017, et Étienne Costes, engagé depuis 2013, font partie des 17 membres du nouveau comex d’EY dans l’Hexagone.

  • Pauvreté : l’étude choc d’Oliver Wyman
    23/10/24

    C’est une étude coup de poing que le cabinet Oliver Wyman a réalisée à titre pro bono pour le collectif ALERTE (fort de 35 associations, dont Action contre la Faim, Médecins du Monde et ATD Quart Monde) dédié à la pauvreté et à l’exclusion. Elle est intitulée « Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant. » L’une des conclusions plutôt contre-intuitive : combattre la pauvreté par des financements serait un investissement gagnant-gagnant, pour les personnes concernées comme pour l’économie nationale. Les analyses du président d’ALERTE, Noam Leandri, et de Jean-Patrick Yanitch, partner à la tête de la practice Service public et Politiques publiques en France.

Adeline
France
EY, Everest, scission, séparation, audit, conseil, channel 1, channel 2, KPMG, pwc
12797
EY Parthenon
2023-04-26 16:08:18
0
Non
France: Coulisses – EY : comment le coup d’après se pr
à la une / articles / Coulisses – EY : comment le coup d’après se prépare