Des senior advisors, pour quoi faire ?
Quelle est la nature des missions des senior advisors – ces conseillers de haut vol qui, pour la plupart, figurent en bonne place dans le Who’s Who – que s’attache un certain nombre de cabinets de conseil en stratégie ? Réponses et explications avec François Dalens, managing director du BCG à Paris, et Baudouin Prot, ancien président du groupe BNP Paribas et senior advisor du BCG depuis 2015.
« Aider nos équipes et nos clients en apportant leur expertise et leur expérience personnelles. » Tel est, selon François Dalens, le cœur de la mission confiée à la quinzaine de senior advisors que compte le cabinet dans l’Hexagone. « Ce sont des interventions ponctuelles, mais extrêmement puissantes », souligne-t-il.
Et si « beaucoup sont d’anciens patrons », tels que l’ancien président du groupe BNP Paribas, Baudouin Prot, « qui travaille avec nos équipes et nos clients sur toutes les problématiques liées à la transformation des métiers de la banque », le Boston Consulting Group fait également appel à d’autres profils, comme celui de Luc de Brabandère, un ancien partner du BCG, conférencier et auteur d’ouvrages sur la créativité, et « philosophe d’entreprise » – comme il aime à se présenter lui-même.
Stimulation intellectuelle et opportunités nouvelles
Apporteurs d’expertises, les senior advisors du BCG ne sont pas des apporteurs d’affaires : « Ce ne sont ni des VRP, ni des chasseurs de primes, nous n’achetons pas les carnets d’adresses, relève François Dalens. La marque BCG est suffisamment connue et reconnue, nous n’avons pas besoin d’intermédiaires pour accéder aux clients. Ils sont bien entendu payés pour chacune de leurs interventions, car tout travail mérite salaire, mais ce n’est pas la raison principale. »
Quelles sont leurs motivations alors ? « La stimulation intellectuelle, répond-il sans hésiter. Nous réfléchissons et nous travaillons ensemble et ils adorent cela. Pour beaucoup, c’est une excellente façon de rester actifs » dans un environnement professionnel.
Pour Baudouin Prot, senior advisor du BCG depuis 2015, l’offre du cabinet répondait parfaitement à l’objectif qu’il s’était fixé quelques mois après avoir quitté la présidence de BNP Paribas : le changement dans la continuité. « Je voulais franchir une nouvelle étape dans ma vie professionnelle dans laquelle je souhaitais exercer plusieurs activités de natures différentes et plutôt hors de France, tout en restant en contact avec l’industrie bancaire où j’ai travaillé pendant trente-deux ans, explique-t-il. La fonction de senior advisor pour un cabinet de conseil en stratégie m’a attiré assez naturellement parce qu’elle correspondait tout à fait à ces objectifs. J’ai également pris un peu plus tard une autre fonction très différente, celle de président non exécutif de Foncia, que j’occupe actuellement. Ainsi, en qualité de senior advisor, je passe d’une entreprise à une autre, d’un sujet à un autre, et d’un pays à un autre ; chez Foncia, je suis focalisé sur une seule entreprise qui compte 8 000 personnes en France. Ces deux “postes”, en plus de mes places au sein des conseils d’administration de Véolia et de Kering, me permettent d’avoir des activités à la fois très variées et complémentaires, tout en m’appuyant sur l’expertise que j’ai acquise au sein de BNP Paribas. »
Et pourquoi avoir choisi le BCG plutôt qu’un autre cabinet de la place ? « J’ai reçu des offres de plusieurs des grands cabinets de conseil en stratégie, relève-t-il. Les deux raisons qui m’ont conduit à retenir celle du BCG sont, tout d’abord, qu’il s’agit du cabinet leader en stratégie en France, et ensuite, que près de 25 % des revenus mondiaux du BCG sont réalisés dans le secteur que je visais, celui des services financiers. »
Envoyé spécial auprès des banques
Quelle est donc la nature des missions que le BCG confie à cet ancien grand patron d’un groupe bancaire international ? « Le sujet le plus important aujourd’hui, et celui que j’ai le plus traité dans le cadre de mes missions, c’est la transformation digitale, répond Baudouin Prot. C’est une problématique qui concerne tous les services immatériels, et toutes les banques y sont confrontées. »
Quant à la forme que peuvent prendre ces missions, « elle est assez variée », dit-il. « Je peux être amené à collaborer de façon continue, du début – voire même avant, lors de l’élaboration de la réponse à l’appel d’offres – à la fin, en participant aux principales réunions avec les partners et les consultants avant les rendez-vous avec le client. Mais ce n’est pas le plus fréquent. Dans la majorité des cas, je rends visite aux dirigeants des banques clientes du BCG et je prépare de façon assez approfondie, avec les partners en charge du client, les rencontres avec le CEO ou le senior management de façon à bien connaître la situation de la banque, ses problématiques, ses performances, sa position dans le marché… Au final, l’étendue de ma mission peut prendre toutes les formes comprises entre l’intervention ponctuelle et le suivi en continu. »
Quid des possibles conflits d’intérêts entre ses nouvelles et ses anciennes fonctions ? « Je n’ai plus de liens avec BNP Paribas et le fait de conseiller une banque pour améliorer sa compétitivité ne soulève aucun problème de conflit d’intérêts », répond-il.
« Une étape nouvelle »
En termes de géographie, « moins de 10 % de mon activité de senior advisor a concerné la France ». Depuis deux ans, « j’ai été amené à me rendre dans tous les pays d’Asie du Sud-Est, aux États-Unis, en Pologne, en Tchéquie, en Turquie, ainsi qu’à plusieurs reprises au Maroc, précise-t-il. J’ai également participé à des Tech Tours organisés par le BCG pour faire découvrir à ses clients un certain nombre d’évolutions en matière digitale – en Israël, notamment, où j’ai rencontré à la fois des start-up et des banques israéliennes. »
Et pour toutes ces missions, « je m’appuie beaucoup sur les partners locaux du BCG et sur les knowledge centers dont dispose le cabinet à l’échelle mondiale pour chacun des grands métiers de la banque, poursuit-il. Entre l’expertise des bureaux locaux et celle de ces centres d’expertise mondiaux, j’ai accès à des connaissances extrêmement sophistiquées pour nourrir ma réflexion et le dialogue avec les clients. »
En moyenne, Baudouin Prot consacre « moins d’un mi-temps » à sa fonction de senior advisor. Laquelle est un des socles de ce qui s’apparente à une nouvelle vie professionnelle. « C’est véritablement une nouvelle carrière, conclut-il. Je dirigeais 200 000 personnes chez BNP Paribas et aujourd’hui je ne dirige personne, et je peux utiliser de façon tout à différente l’expertise en matière bancaire accumulée pendant trente ans. J’ai tourné une page, mais je n’ai pas effacé les chapitres précédents de ma vie professionnelle : c’est une étape nouvelle. »
Miren Lartigue pour Consultor.fr
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