EY et le BCG rescapés 2023 des saignées dans les dépenses de conseil de l’État
Selon le Jaune budgétaire du Projet de Loi de Finances 2025, le montant total des missions de conseil réalisées par des cabinets privés a fondu de moitié entre 2022 et 2023.
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73 millions d'euros en 2023, 137 millions en 2022 : telle est la valeur des commandes effectuées par l’État – sachant qu’en 2021 elles avaient atteint 271 millions d’euros. Selon ces chiffres, l’objectif assigné d’une diminution de 35 % entre 2021 et 2023 a été largement dépassé.
Cette annexe au PLF dédiée « au recours aux conseils extérieurs » est publiée pour la troisième année consécutive par Bercy. Les dépenses qui y sont répertoriées comprennent toutes les prestations intellectuelles réalisées par des conseils extérieurs, comptabilisées dans le système d’information financière de l’État.
Huit natures de conseil y figurent : communication ; audit comptable et financier ; stratégie et organisation ; recrutement ; prestations de conseil sur des problématiques métiers ; études techniques métier, y compris recherche et développement ; conseil et expertise juridique ; conseil et expertise en assurance.
En 2021, les achats de conseil en stratégie et organisation avaient atteint près de 140 millions d’euros. En 2022, ils frôlaient encore les 68 millions. L’an dernier, ces achats ont été restreints à 25,5 millions d’euros.
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Le top 3 des plus grands consommateurs de conseil en 2023
Le ministère des Armées se classe 1er, avec près de 18,5 millions d’euros, dont 2,4 millions dédiés à la stratégie et à l'organisation (montant arrondi).
Bien que les commandes de conseil aient globalement subi de sérieuses amputations, les Armées font exception avec des dépenses en hausse de 26 % de 2022 à 2023. Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a aussi intensifié ses commandes de façon très significative (pour moins d'un million d'euros).
Deuxièmes de ce top 3, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires avec près de 15,3 millions d’euros, associé au ministère de la Transition énergétique, 3 millions d'euros. Pour ces deux ministères, le conseil en stratégie et en organisation a représenté 16 % de l'ensemble.
Quant au 3e, il s’agit du ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer, 8,6 millions d’euros dont 3 millions dédiés à la stratégie et à l'organisation.
Dans le document, le focus réalisé sur les 10 missions les plus onéreuses par ministère ne s’applique pas à celui des Armées ni à celui de l’Intérieur pour des raisons de confidentialité.
Le nouvel accord-cadre de la DITP
Le Jaune budgétaire revient en effet sur ce marché public, qui court de 2023 à 2027 et dont le montant s’élève à 150 millions d’euros pour ses quatre années d’exécution (200 millions d’euros maximum). Les montants engagés sur le précédent accord-cadre étaient de 270 millions d’euros.
Les attributaires du lot 1 « conseil en stratégie » - à 30-40 millions d’euros - sont Oliver Wyman, le BCG et Roland Berger. Le lot 2 porte sur le cadrage et la conduite de projets, le lot 3 sur l’efficacité opérationnelle.
Au 30 juin 2024, 63 bons de commande ont été passés via cet accord-cadre, pour un montant cumulé d’un peu plus de 11 millions d’euros.
Gros plan sur des prestataires clés et les missions de strat réalisées
En tête des prestataires externes mandatés pour des missions en stratégie et organisation entre le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2023, on trouve l’Union des Groupements d’Achats Publics (UGAP), qui référence de très nombreux fournisseurs et a fait l’objet de 129 commandes d’un montant total de 13,3 millions d’euros. Dans ce cadre, pour les commandes passées en 2023 au-delà de 100 000 euros, le prestataire « conseil en stratégie » est PwC Advisory - avec un peu plus de 200 000 euros imputés aux crédits interministériels.
De son côté, EY Advisory (EY-Parthenon inclus) se révèle être le 4e fournisseur sur la période concernée : 45 commandes pour un montant total de 6,6 millions d’euros - audit, conseil métier et conseil en stratégie et organisation confondus. Le conseil en stratégie et organisation représente 76 % de l’ensemble.
Quant au 15e prestataire, le Boston Consulting Group, il a engrangé 12 commandes pour un montant total de 2,2 millions d’euros.
Si Oliver Wyman comme Roland Berger ne figurent pas parmi les principaux fournisseurs de l’État en 2022-2023, chacun d’eux a réalisé l’une des 10 missions les plus onéreuses répertoriées pour un ou plusieurs ministères.
Ainsi, pour celui de la Culture, à destination plus précisément de la Direction générale des Médias et des Industries culturelles (DGMIC), Oliver Wyman a réalisé une étude portant sur « Les jeunes (15-25 ans) et la presse écrite » à près de 124 000 euros.
Pour le ministère de la Culture toujours et auprès de la même direction générale, Roland Berger a été mandaté en vue de réaliser une étude d’impact sur le dispositif d’aide à la presse « fonds stratégique pour le développement de la presse » (FSDP 2012-2022). Valeur de la mission : 127 000 euros (montant arrondi).
Roland Berger est aussi intervenu pour le ministère de l’Économie et des Finances, auprès de la Direction générale des Entreprises (DGE), sur un accompagnement dans le cadre de restructurations et/ou de transformations d’entreprises. Un contrat de 187 000 euros.
Un autre exemple avec la mission d’EY Advisory/EY-Parthenon pour le ministère de la Transition écologique et des Collectivités territoriales, auprès de la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN). Objet : fournir un appui dans la mise en place de la nouvelle aide unique « Ma Prime Adapt’ » en faveur de l’adaptation des logements au vieillissement – pour un montant de plus de 1,1 million d’euros.
À noter que McKinsey ne figure pas dans ce Jaune budgétaire, la Firme ne répondant plus aux appels d’offres publics depuis les conclusions du rapport sénatorial de mars 2022 et le déclenchement des procédures judiciaires qui visent le cabinet.
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