Grades, practice, gouvernance : BNP Paribas CIBC&T fait place neuve
L’entité-conseil interne de la banque de financement et d’investissement de BNP Paribas présente à Consultor sa nouvelle organisation.
À bientôt l’âge de la maturité, 15 ans l’année prochaine, BNP Paribas CIB Consulting & Transformation (CIBC&T), le cabinet de conseil en stratégie au service de la banque d’affaires de BNP Paribas, a décidé de se redéployer pour se renforcer. Et ce, dans un secteur, les services financiers, en plein boum dans cette période post-covid. « Les résultats de la banque ont connu une forte croissance en 2022, et ce grâce à sa capacité à accompagner les clients et l’économie de façon globale », partage à Consultor le managing director de CIBC&T, Cosmin Dragan. Le produit net bancaire de BNP Paribas a, en effet, atteint les 50 milliards d’euros en 2022, en augmentation de 9 % par rapport à l’année précédente, une croissance notamment portée par CIB qui a vu croitre ses revenus 2022 (16,5 milliards d’euros) de 11,3 % à périmètre et change constants par rapport à 2021 (ils s’élevaient à 10,3 mds € en 2014).
CIBC&T aligné sur la croissance de la banque
C’est donc dans ce contexte plus que porteur que le cabinet de conseil interne réalise pour moitié des missions sur les marchés ou la franchise institutionnelle. « Clairement, nous avons vu augmenter le nombre de missions à fort enjeu, dont le métier Global Markets, qui représente un tiers de nos missions. Sur l’ESG, nous augmentons aussi notre présence, notamment en accompagnant les métiers dans leur stratégie de désengagement des financements dans les énergies fossiles. Nous nous devons ainsi d’être encore plus sélectifs pour maintenir la qualité avec des timings plus réduits. Car la stratégie est d’être aujourd’hui à 100 % autonome, depuis le partenariat avec Roland Berger jusqu’en 2011 et avec Oliver Wyman et Capgemini en 2015. » Le principe de CIB aujourd’hui : ne faire appel à des consultants externes que si le cabinet choisi apporte une compétence établie sur un sujet, par exemple « un travail sur les nouvelles réglementations ». Et depuis 3 ans, CIBC&T participe aussi aux PMI (Post-merger integration), comme cela a été le cas pour l’acquisition d’Exane (spécialisée avant tout en cash equities) en juillet 2021 et de Kantox, fintech leader dans la gestion automatisée du risque de change, annoncée en octobre dernier.
Changement de braquet pour CIBC&T
Un moment où le cabinet de conseil atteint ainsi, selon le managing partner, une taille critique : 175 consultants dans le monde dédiés à la CIB, dont 70 à Paris, au sein d’un réseau global « groupe » de 700 personnes. Alors le temps était venu pour une refonte en profondeur de l’organisation du cabinet de conseil, « pas une révolution, pas un big bang, mais une évolution, et ceci afin de rester en ligne avec le marché ». Peut-être pour pallier un manque de lisibilité de ce cabinet interne vis-à-vis de l’extérieur, de ses concurrents, mais aussi, des recrues potentielles. Et de se positionner clairement comme un cabinet de conseil en stratégie parmi les autres. « Notre attractivité et notre notoriété augmentent (CIB est 7e dans le classement annuel 2022 Consultor sur l’attractivité des cabinets, 8e en termes de notoriété, ndlr), c’est une responsabilité positive plus forte, une pression nouvelle. Si les gens nous attendent, nous nous devons d’évoluer afin que notre modèle soit pérenne et garder nos talents. Nos partners restent chez nous en moyenne 6 ans ; cela va de 1 à 20 ans ailleurs. En ce qui concerne les consultants, nous avons un turnover autour de 20 à 25 % par an, un niveau élevé dans la banque, mais normal dans le conseil. Cette revue des rôles va nous aider en termes de recrutements. »
Réaménagement également via la suppression des deux volets thématiques du cabinet, consulting – l’historique – et transformation (créé en 2015 par Cosmin Dragan), auxquels étaient dédiés les consultants (45 côté consulting, 25 côté transfo), pour « créer un modèle intégré, formaliser un socle commun de compétences ». L’ensemble des consultants est ainsi regroupé depuis le début de l’année sous la même « bannière », et ce, même si le nom de la marque reste inchangé (CIB Consulting & Transformation), pour « couvrir l’ensemble des besoins des clients jusqu’à l’opérationnel ». Un nouveau modèle unitaire donc, mais qui n’est pour autant pas gravé dans le marbre. « Si dans 2 - 3 ans, nous nous apercevons que ça ne marche pas, nous reverrons les choses. »
Un cabinet de la place
Qui dit redéfinition des rôles, dit restructuration de la pyramide des grades réalignée sur les autres cabinets de conseil en stratégie, six grades désormais (consultant, senior consultant, engagement manager, principal, associate partner, partner), assurant par-là même un time-in-grade aligné sur les autres cabinets de la place. « Nous n’étions pas assez en cohérence dans nos grades avec le système bancaire et le conseil. Nous avons voulu faire appel à l’intelligence collective et constitué pour cela une promotion d’une vingtaine de personnes au sein du management de l’équipe pour réfléchir aux ingrédients de cette nouvelle organisation. Ensuite, nous avons mis en place des parcours de formation et de coaching entre l’été dernier et ce mois de juin 2023. Beaucoup de gens ont ainsi pu exprimer leurs challenges. C’est assez unique dans le monde de la banque et du conseil. »
Devant le départ récurrent de profils seniors – un turn-over jugé trop important –, et ainsi « fidéliser » ses consultants seniors, le cabinet a aussi élargi son « partnership » passant ainsi de 6 à 12. CIBC&T compte à ce jour 5 managing partners, Cosmin Dragan (le chef d’orchestre), Nathalie Poux-Guillaume, Gautier Durand, Toygar Dincer, Christophe Gouelo, une COO, Robyn Torrens Spence, et 6 associate partners. « Nous ne voulons pas non plus aller trop vite, car un partner chez nous doit bien sûr maitriser parfaitement les contenus bancaires. Et ces profils seniors très spécialisés sont de moins en moins nombreux. » Une volonté également d’accélération au bas de la pyramide, « accélérer l’intégration par le contenu avec des formations dédiées pour ne pas être en décalage et éviter les barrières fortes à l’entrée », mais aussi en termes de rémunération, « avec des fourchettes plus larges que les cabinets externes au niveau de chaque grade », et ce, pour faciliter les recrutements (2/3 en externe, 1/3 en interne). Objectif : entre 20 et 25 profils externes supplémentaires chaque année. Effort d’alignement également entre les équipes de conseil BNP Paribas et CIB, avec la création de 9 practices et d’une nouvelle gouvernance au niveau de la filière dans le cadre de « la professionnalisation du métier du conseil ».
Par cette refonte en profondeur, BNP Paribas CIBC&T, version 2023, a des projets affichés pour le moins ambitieux, selon les mots de sa tête de pont, Cosmin Dragan : « s’affirmer au sein du Tier One ». À l’instar de la banque d’affaires de BNP Paribas qui veut se positionner d’ici à 2025 comme la première CIB européenne parmi les grands acteurs mondiaux.
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