La planète avant les profits : Extinction Rebellion vise McKinsey à Londres
Recouvert de faux pétrole brut : tel a été le sort du siège londonien de McKinsey le 17 février, à l’initiative de militants d’Extinction Rebellion.
Les manifestants reprochent au cabinet d’être lié, par clients interposés, à 53 % du CO2 émis mondialement.
En effet, 57 entreprises publiques et privées du secteur des énergies fossiles et du ciment sont responsables de 80 % des émissions mondiales de CO2 depuis la signature de l’accord de Paris en 2016 – selon le think tank InfluenceMap, spécialisé dans l’analyse des politiques climatiques. Or, près des deux tiers sont des clients de McKinsey.
Pour l’affirmer, Extinction Rebellion se fonde sur une enquête du Guardian (‘Capitalism incarnate’ : inside the secret world of McKinsey, the firm hooked on fossil fuels), elle-même basée sur des données compilées par le Centre for Climate Reporting.
Consultor, qui s’est procuré les données de ce collectif de journalistes d’investigation, les a analysées en décembre dernier.
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« Cessez de collaborer à notre destruction mutuelle ! »
Le 17 février, des militants ont escaladé le bâtiment abritant le siège du cabinet à Londres, pulvérisant du faux pétrole pour protester contre le rôle de conseil de McKinsey auprès des principaux producteurs d’énergies fossiles. Quatre personnes ont été arrêtées, dont deux manifestants qui tenaient une banderole à l’extérieur du bâtiment.
Devant l’entrée, une liste de « crimes climatiques » a été lue au mégaphone, tandis que trois personnes en combinaison de protection s’agenouillaient devant un activiste déguisé en partner de McKinsey, celui-ci les « noyant » dans le pétrole – pour symboliser l’effet sur l’humanité des stratégies commerciales de McKinsey. Des tracts enjoignant les collaborateurs de « la Firme » à exiger de leur direction que le cabinet « cesse de travailler à l’augmentation de la production de combustibles fossiles » ont été distribués.
Parmi les clients de McKinsey, on trouve notamment ExxonMobil, Shell, BP, TotalEnergies, ENI, Saudi Aramco et Sinopec. Or, comme le souligne l’enquête du Guardian, Shell et BP ont réduit leurs efforts de transition vers les énergies renouvelables quand le CEO d’Aramco a qualifié l’abandon progressif du pétrole de « fantasme – qu’il faut oublier ».
Lors de l’action londonienne d’Extinction Rebellion, plusieurs militants ont adressé des messages au cabinet et à ses consultants. Ainsi de Sandra Magee, 41 ans, agricultrice du North Devon, qui incite ces derniers à exiger de leurs dirigeants « qu’ils agissent en faveur du climat, et non qu’ils collaborent à notre destruction mutuelle ».
Une autre manifestante, Caroline Hartnell, 74 ans, de Wandsworth à Londres, rappelle que « les émissions de combustibles fossiles dégagent chaque jour une chaleur équivalente à un million de bombes d’Hiroshima ». Elle attend du numéro 1 mondial du conseil en stratégie qu’il fasse preuve « de moins de cupidité » en privilégiant « la planète [plutôt que] ses profits ».
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