Restructuring : McKinsey n’échappera pas au procès
D’abord déboutée, un magistrat vient de juger recevable la plainte déposée en 2018 par Jay Alix. Le fondateur d’AlixPartners guerroie depuis une décennie contre les irrégularités déclaratives dans lesquelles McKinsey se serait développé dans le domaine du conseil en retournement d’entreprises en difficulté.
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Malgré le paiement de plusieurs accords financiers, le remboursement d’honoraires et plusieurs dizaines de millions de dollars de frais de justice, McKinsey ne voit pas le bout des accusations formulées à son encontre dans le domaine du conseil en retournement.
La plainte déposée par le fondateur de Jay Alix, qui avait été d’abord déboutée (voir notre article), a été à présent jugée recevable dans une version amendée, ce qui ouvre la voie à un procès.
Dans une décision rendue le 18 août 2023, le juge Jesse M. Furman, le même magistrat qui avait dans un premier temps évincé la plainte, estime que plusieurs dirigeants de McKinsey, dont le global managing partner actuel Bob Sternfels et son prédécesseur Dominic Barton, auraient pu « participer à un schéma frauduleux » passant sous silence certains des engagements contractuels du cabinet aux fins d’obtenir de nouveaux mandats de conseil.
Cité par Bloomberg, le juge indique que McKinsey et deux de ses filiales, son bras américain et son unité spécialisée dans le retournement, auraient pu se rendre coupable « de déclarations prêtant à confusion en parfaite conscience de leur caractère erroné ».
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Des sources internes indiquaient au Wall Street Journal le 4 avril dernier que RTS (Recovery and transformation services), la marque de retournement d’entreprises en déconfiture que McKinsey avait lancée en 2010, allait fortement réduire la voilure, voire cesser – après des années de conflits judiciaires la concernant aux États-Unis. En France, où RTS avait été développée de 2014 à 2020, hormis un gros contrat voilà quelques années pour CMA-CGM, la concurrence dit ne plus voir la firme sur ce sujet.
Cette décision constitue un tournant dans un dossier vieux de 10 ans. Jay Alix, le fondateur d’AlixPartners, est en effet vent debout contre le développement des activités de McKinsey dans le domaine du conseil en retournement. À son retour aux affaires en 2012, dont il s’était retiré en 2000 à la suite du décès accidentel de son épouse et pour pouvoir s’occuper de l’éducation de ses deux filles, ll constate l’important développement de McKinsey dans le conseil en retournement à l’instar d’autres cabinets, chassant par la même sur les terres des historiques de cette activité comme AlixPartners ou d’Alvarez & Marsal.
Jay Alix considère que le conseil en retournement aurait rapporté des dizaines de millions de dollars d’honoraires à McKinsey, sans que le cabinet ne respecte les obligations déclaratives prévues par la loi américaine pour prévenir tout conflit d’intérêt. Sur ce sujet, McKinsey a déjà eu fort à faire et a dû à plusieurs reprises mettre la main au portefeuille. McKinsey a ainsi dépensé des dizaines de millions de dollars dans sa défense devant divers tribunaux américains. Le cabinet a également tenté de faire clore le dossier par la Cour Suprême – ce qu’elle avait refusé.
En 2019, le United States Trustee (UST), un département du ministère américain fédéral de la Justice (DOJ) chargé de superviser les cas de banqueroute d’entreprises, a annoncé avoir conclu un accord financier avec McKinsey pour solder une investigation en cours au sujet de trois dossiers de retournement d'entreprises en difficulté pour lesquels McKinsey avait été mandaté.
En 2020, dans l’un des dossiers de retournement dans lequel McKinsey avait été mandaté, le cabinet avait accepté de renoncer à 8 millions de dollars d’honoraires de la part du producteur de charbon du Colorado Westmoreland après avoir conclu un accord avec le département américain de la justice.
En 2021, la SEC, le gendarme de la bourse, avait condamné le MIO (McKinsey Investment Office) à s’acquitter de 18 millions de dollars d’amende jugeant que le cabinet n’avait pas mis en œuvre les barrières suffisantes pour éviter que les activités de conseil n’influencent les activités d’investissement de MIO qui gère des milliards de dollars d’actifs pour les partners, employés et anciens de la firme – et ce notamment dans un cas de retournement.
Enfin, en 2023, tout récemment, le Wall Street Journal avait appris que McKinsey s’apprêtait à éteindre la marque McKinsey s’apprêtait à éteindre la marque avec laquelle le cabinet avait développé ses activités de retournement : Recovery and transformation services.
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