Australie : remous après le choix de McKinsey sur le projet de sous-marins nucléaires
La décision de l’Agence australienne des sous-marins (ASA), qui supervise un projet de 368 milliards de dollars pour permettre à l'Australie d'acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire, interroge en raison des liens prêtés à McKinsey avec la Chine.
Selon les documents d'appel d'offres consultés par le réseau audiovisuel public ABC News, l'ASA a attribué en octobre dernier le lucratif contrat Aukus – 9,5 millions de dollars – à la filiale locale de McKinsey.
Le pacte de sécurité Aukus réunit l’Australie/le Royaume-Uni/les Etats-Unis et prévoit la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire qui devraient commencer leurs rotations au départ de l'Australie occidentale à partir de 2027. Le pays est censé recevoir ses propres sous-marins de classe ‘Virginia’ (fournis par les Etats-Unis) à partir de 2030.
C’est dans ce contexte hypersensible que le contrat de McKinsey a éveillé l’attention des médias australiens. L’Agence australienne des sous-marins, qui vient d’être lancée, a choisi McKinsey pour « finaliser son plan industriel ». Le gouvernement souhaite mettre en place « une stratégie globale de main-d'œuvre et d'industrie des sous-marins Aukus pour soutenir son engagement envers une main-d'œuvre de 20 000 personnes sur 30 ans ».
Or, dans le même temps, aux Etats-Unis, le président de la commission parlementaire américaine sur le Parti communiste chinois, John Moolenaar, ainsi que les sénateurs républicains Marco Rubio (choisi par Donald Trump comme futur secrétaire d’Etat) et Joni Ernst, ont demandé l’ouverture d’une enquête sur l’éventuel non-respect par McKinsey de la loi fédérale et sur de potentiels risques pour la sécurité intérieure du pays. En cause : les liens du cabinet avec le gouvernement chinois, via des entreprises publiques et même l'armée chinoise.
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Le sénateur républicain de Floride est connu pour son extrême fermeté face à la Chine. C’est en raison des activités de McKinsey dans ce pays que Marco Rubio a plusieurs fois remis en cause l’attribution de contrats fédéraux à la Firme.
Les contrats fédéraux représentent une manne significative pour McKinsey, en tout premier lieu le département de la Défense (40 à 45 % des revenus du bureau de Washington DC sur la période novembre 2022-octobre 2023 – selon des déclarations d’intérêt du cabinet transmises dans le cadre de ses missions de restructuring).
Le géant du conseil US a toujours nié avoir « travaillé pour le gouvernement chinois ». Dans un communiqué de presse, il indique par ailleurs que « les accusations selon lesquelles il aurait servi l'armée chinoise sont fausses […], ses politiques lui interdisant d’accompagner des clients de la défense, du renseignement, de la police ou de la justice dans des pays qui se situent en dessous de 6 dans l'indice de démocratie de l'EIU, ce qui inclut la Chine ».
Le sujet des (futurs) sous-marins australiens crée décidément de multiples vagues. En effet, en 2021, la sollicitation par l’Australie du français Naval Group pour la fabrication de 12 sous-marins à propulsion conventionnelle (soit un contrat de près de 56 milliards d'euros), suivie d’une rétractation de dernière minute au profit des sous-marins à propulsion nucléaire promis par les États-Unis et la Grande-Bretagne (alliance Aukus), avait provoqué une crise diplomatique significative entre la France, l’Australie et les Etats-Unis.
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