Aux États-Unis, chez Ford, BCG prône le jeunisme
Sur la foi de documents inédits tirés d’une procédure judiciaire en cours, le journal Detroit Free Press révèle les méthodes controversées du constructeur automobile Ford.
- Stellantis missionne McKinsey sur l’avenir de Maserati et Alfa Romeo
- Automobile : Roland Berger provoque (à nouveau) la colère de salariés
- Annonces auto : la Centrale codirigée par un ancien de Bain
- La mission restructuring du BCG auprès de la principale banque canadienne
- Automobile : les sous-traitants souffrent
- Le nouveau patron d’Audi France a fait ses gammes chez Oliver Wyman
- La Deutsche Bank réduit ses dépenses de conseil de 70 %
- Roland Berger face aux salariés de Bosch Normandie

L'antenne américaine du Boston Consulting Group (BCG) a préconisé dès 2019 des licenciements massifs de salariés âgés pourtant bien notés, pour réaliser des économies et procéder ensuite à l’embauche de jeunes employés moins chers.
Dans le Michigan, les décisions des industriels de l’automobile sont toujours scrutées avec la plus grande attention, tant cet État vit au rythme de la santé économique des constructeurs. Ford a son siège à Dearborn, tout près de Detroit. En juillet 2019, Consultor évoquait le rôle du Boston Consulting Group dans le plan de restructuration mené par Ford deux mois auparavant (lire notre article). Depuis, des employés contestent leur licenciement.
Le journal Detroit Free Press s’appuie sur des documents internes à Ford qui ont fuité en juillet 2021 dans le cadre de la procédure judiciaire en cours. On y apprend que le BCG a été mandaté pour identifier les employés qui coûtaient le plus cher afin de réaliser les économies les plus substantielles, tout en réduisant le nombre de licenciements. En effet, plus les employés ont d’ancienneté, plus la pension de retraite versée par Ford augmente.
Le BCG a aussi planché sur une réforme du système de pension de retraite pour réduire les coûts. Dans l’ancien système, les salariés dépassant trente ans d’ancienneté ou âgés de 55 ans et plus avec dix ans d’ancienneté pouvaient prétendre à un supplément de pension. Les consultants ont utilisé un algorithme incluant les dates de naissance des salariés et l’ancienneté. « Ces accusations sont sans fondement », réaffirme le porte-parole de Ford dans Detroit Free Press.
Pour comprendre les impacts sociaux du plan de licenciement, Detroit Free Press prend plusieurs exemples d’anciens employés. En 2019, au moment de son licenciement, Monica Dowhan était une cadre de 52 ans avec vingt-neuf ans d'ancienneté. Elle aurait pu espérer 1,1 million de dollars de pension de retraite au total si elle avait travaillé chez Ford jusqu’en mars 2021. Au lieu de ça, elle touchera 552 000 dollars quand elle atteindra l’âge de la retraite. Ford économise ainsi 591 000 dollars sur cette personne.
Monica Dowhan a été prévenue de son licenciement dix jours avant. Elle venait de toucher un bonus de 10 % pour ses bonnes performances annuelles. Ford a démarré des recrutements début juin 2019, quelques semaines après.
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
automobile - mobilités
- 11/04/25
Un mandat qui porte notamment sur l’opportunité de nouer des partenariats avec des fabricants pour accéder à de nouvelles technologies et, à plus long terme, sur une possible scission de Maserati.
- 07/04/25
Encore une étude d’un cabinet de conseil en stratégie qui fait bondir les salariés d’une entreprise en difficulté. Et là encore, c’est le travail de Roland Berger qui est dénoncé par les syndicats. Après les fonderies du Poitou en 2021 et le site Bosch de Mondeville en 2024, c’est donc aujourd’hui JTEKT, une filiale de Toyota spécialisée dans les systèmes de direction automobile, qui est au cœur d’une bataille sociale à la suite des décisions prises à l’issue des recommandations du cabinet.
- 07/03/25
Clotilde Delbos, 35 ans de carrière chez Pechiney et Renault, a rejoint il y a un an Oliver Wyman en qualité de senior advisor. Et elle en a vu passer des consultants au cœur des directions générales. Pas jusque-là convaincue de leur réelle utilité.
- 23/12/24
5 jours et 5 nuits (ou presque) auront été nécessaires au mastodonte allemand de l’automobile pour dénouer un conflit social d’une rare ampleur, tandis que les consultants de Roland Berger s’activaient à distance.
- 26/09/24
Après un – éphémère - regain d’activité post-covid, le secteur automobile connait un gros coup de frein en cette année 2024. Pour une partie des sous-traitants des constructeurs, c’est une période particulièrement critique. Avec, à la clef, l’annonce de cessations d’activités, de fermetures de sites et de licenciements. Quels sont les leviers pour ces incontournables du secteur pour sortir de cette crise ? Les analyses de trois partners dédiés : Marc Boilard d’Oliver Wyman, Markus Collet de CVA et Fabrice Vigier d’Avencore.
- 04/09/24
La mission menée par le BCG fait suite à un décret du gouverneur républicain de cet État. Le cabinet fera aussi des recommandations notamment sur des sources de « revenus additionnels ».
- 19/08/24
Robert Breschkow a commencé sa carrière chez Mercer, devenu par la suite Oliver Wyman. Deux années qui lui ont donné « un regard global sur l’industrie ».
- 26/03/24
Annoncée par communiqué de presse le 22 mars, l’arrivée de Clotilde Delbois — ex-DGA de Renault Group — comme senior advisor chez Oliver Wyman, permet au cabinet de se renforcer sur les Transports, l’Automobile et les Services. Basée à Paris, Clotilde Delbos interviendra pour l’Europe.
- 15/03/24
Un cabinet de conseil en stratégie se trouve à nouveau au cœur d’une bataille sociale. Roland Berger a été missionné il y a quelques mois pour trouver un repreneur du site Bosch de Mondeville en grandes difficultés, site spécialisé dans la production de pièces auto, primé en 2018 pour sa transformation digitale i4.0 (Manufacturing 4.0).