H-7 avant Cash Investigation : la patronne France de la Firme en perdition face à Élise Lucet
Désarroi de Clarisse Magnin-Mallez devant les caméras, mails explicites de consultants McKinsey lors de la campagne du candidat Emmanuel Macron en 2017 : le teasing du numéro spécial « McKinsey » bat son plein. Avec – en bonus – la révélation d’un piège lancé à l’émission et une « affaire » Accenture visant Onepoint.
- Donald Trump nomme un détracteur de McKinsey secrétaire d’état
- Opioïdes : une addition vertigineuse de 1,5 milliard de dollars pour McKinsey aux USA
- Cash Investigation consacré à McKinsey : le débrief
- Cash Investigation fait sa rentrée sur McKinsey : Clarisse Magnin-Mallez face à Élise Lucet
- La raréfaction des nominations de senior partners, un 'signal de crise' pour McKinsey ?
- En pleine enquête du PNF, la (surprenante) promo auprès d’Elisabeth Borne
- Renaissance et McKinsey perquisitionnés
- Consultants et politique : les dizaines de plaintes et signalements qui amènent la justice à enquêter
L’extrait est étonnant : on y voit la managing partner du bureau de Paris de McKinsey interpelée dans la rue par Élise Lucet, tenter d’amadouer cette dernière, puis bafouiller… et déclarer qu’elle ignore « si son cabinet a payé l’impôt sur les sociétés en France en 2022 et 2023 ».
Les questions de la journaliste de France 2 concernent l’un des volets judiciaires visant actuellement la Firme : une enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF) ouverte pour des soupçons de « blanchiment aggravé de fraude fiscale ». Le cabinet n’aurait versé aucun impôt sur les sociétés durant 10 ans en France, alors qu’il a réalisé un chiffre d’affaires de 450 millions d’euros en 2021 dans l’Hexagone – et de 329 millions d’euros en 2020, dont 5 % environ dans le secteur public.
à lire aussi
Consultor dévoile les impôts sur les sociétés que publient 11 cabinets. Il en ressort que McKinsey pourrait avoir optimisé 60 millions d'euros d'impôts sur les sociétés en dix ans en France.
Autre volet épineux des « affaires » McKinsey dans l’Hexagone, celui de la participation présumée de consultants et poids lourds du cabinet – en tête, l’ex-patron du pôle Secteur public de la Firme en France, Karim Tadjeddine – à la campagne présidentielle 2017 du candidat Emmanuel Macron.
Un nom de code retient l’attention : l’opération Chicxulub – du nom d’un astéroïde susceptible d’avoir provoqué l’extinction des dinosaures il y a 66 millions d’années. Et des « dinosaures » aux « éléphants », en politique… Du nom aussi attribué au projet visant l’émergence de la candidature présidentielle de celui qui était alors ministre de l’Économie (infos du Nouvel Obs).
Autre élément notable, la date du 6 avril 2016, jour du lancement d’En Marche par Emmanuel Macron. À partir de cette date, tout « avantage de quelque nature qu’il soit » concernant le nouveau parti ou son chef aurait dû être déclaré à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Ce ne fut pas le cas. Au contraire, la contribution – à titre gracieux – des consultants de McKinsey via de multiples réunions de travail se serait « intensifiée » à partir de là.
En perspective, selon les calculs de Cash Investigation, durant le 1er quinquennat du président Macron, McKinsey aurait bénéficié de près de 73 millions d’euros de commandes d’organismes d’État – DITP (Direction interministérielle de la Transformation publique), UGAP (Union des Groupements des Achats Publics) et DAE (Direction des Achats de l’État).
Un – autre – scandale avant même la diffusion de Cash Investigation
Le 15 septembre, nos confrères de Mediapart ont en effet révélé une tentative de manipulation ayant visé les journalistes de l’émission, attribuée au responsable du lobbying d’Accenture France, Samuel Tamba. Ce dernier, qui nie catégoriquement les faits, a annoncé porter plainte en diffamation contre Mediapart.
En janvier 2024, lorsque le travail des journalistes de Cash Investigation « sur le monde du conseil » a commencé à fuiter, le responsable des affaires publiques d’Accenture aurait décidé d’envoyer un courrier à l’équipe signé d’un « agent du ministère des Armées », dénonçant l’accès privilégié de la société Onepoint « au marché de la défense en raison des relations de David Layani », son fondateur. Objectif : détourner l’attention des journalistes de son propre cabinet. Accenture et Onepoint sont en conflit ouvert alors qu’ils s’étaient associés en 2022 pour obtenir un juteux contrat de transformation numérique du ministère des Armées.
Le 16 septembre, le géant du conseil Accenture a annoncé « prendre ces informations au sérieux et avoir lancé une enquête interne à ce sujet ». Quant à la société Onepoint, elle a déclaré demander à Accenture « de lui communiquer intégralement, de manière transparente et sans délai, l’ensemble des éléments relatifs à l’enquête interne que l’entreprise dit avoir diligentée », soulignant « l’extrême gravité » des faits tels qu’exposés par Mediapart.
Par ailleurs, une source bien informée au sein de Onepoint confie à Consultor qu’en interne, « on ne voit pas très bien comment un seul homme aurait pu prendre une telle initiative. En fonction de ce que l’enquête d’Accenture révélera, Onepoint engagera une action au pénal ». À date, selon cette source, Accenture et Onepoint n’ont pas encore eu d’échange direct.
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaires (2)
citer
signaler
citer
signaler
secteur public
- 16/11/24
Le sénateur républicain de Floride est connu pour son extrême fermeté face à la Chine. C’est en raison des activités de McKinsey dans ce pays que Marco Rubio a plusieurs fois remis en cause l’attribution de contrats fédéraux à la Firme.
- 05/11/24
« Consultant, quoi qu’on en pense, cela reste un métier. » Confidence, en off, d’un membre du staff du gouvernement Barnier. « Il n’a jamais été question de supprimer le recours au conseil externe par l’État. » Sa valeur ajoutée serait-elle incontestable ? Exploration avec David Mahé (Syntec Conseil), Jean-Pierre Mongrand (Dynaction, ex-Kéa) et David Cukrowicz (Lastep).
- 25/10/24
Selon le Jaune budgétaire du Projet de Loi de Finances 2025, le montant total des missions de conseil réalisées par des cabinets privés a fondu de moitié entre 2022 et 2023.
- 24/10/24
Le ministère des Affaires et du Commerce a chargé le BCG de déterminer les modalités envisageables pour que les agences postales au Royaume-Uni deviennent la propriété de leurs employés.
- 17/10/24
Ancien de Roland Berger, Emmanuel Martin-Blondet est nommé conseiller chargé de la transformation de l’action publique et de la simplification des parcours de l’usager.
- 11/10/24
Les attributaires du marché de conseil en stratégie et RSE de la RATP, lancé le 2 avril dernier, sont connus : il s’agit d’Arthur D. Little, Avencore, Roland Berger et EY Consulting/EY-Parthenon – sur la partie stratégie.
- 10/10/24
L’Institute for Government (IFG), un think tank indépendant, enjoint le gouvernement à saisir l’opportunité de l’arrivée à échéance de contrats de conseil d’une valeur de 5,4 Md£ pour réduire sa dépendance aux cabinets privés.
- 09/10/24
L’info vient du Wall Street Journal, et elle a de quoi surprendre : le BCG n’a pas hésité à accepter les conditions imposées par les autorités de Shijingshan, un ancien quartier d’aciéries à l’ouest de Pékin, pour participer à un appel d’offres.
- 26/09/24
Sa nomination doit encore fait l’objet d’une validation au Journal officiel, mais Pierre Bouillon devrait diriger le cabinet de la secrétaire d’État en charge de l’IA et du Numérique. Il était dircab adjoint de Stanislas Guerini dans le précédent gouvernement.