L’ex de McKinsey finalement recalé chez Bayard en raison de son orientation politique supposée
Il est un alumni du conseil en stratégie qui fait parler de lui ces dernières semaines… Et qui aurait sans nul doute préféré rester discret pour l’occasion. Alban du Rostu, 34 ans, consultant chez McKinsey entre 2018 et 2021, puis DG du Fonds du Bien Commun (FBC), créé par l’homme d’affaires milliardaire Pierre-Édouard Stérin, catholique conservateur proche de l’extrême droite, avait été nommé le 25 novembre dernier directeur de la stratégie et du développement du groupe Bayard par son président, François Morinière…
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Cette nomination a créé un tsunami au sein de ce groupe d’édition et de presse (La Croix, Le Pèlerin, Notre temps…) qui se définit depuis toujours de « catholicisme social ». Il n’en fallait pas moins pour que journalistes et auteurs lancent une fronde au nom du risque d’entrisme de l’extrême droite et décident d’une grève afin de refuser l’arrivée d’Alban de Rostu, mais également la participation de Bayard au rachat de l’école de journalisme l’ESJ Paris (école privée ne faisant pas partie des 14 cursus reconnus par la profession) aux côtés du très conservateur Vincent Bolloré. Avec un slogan choc : « On ne veut pas de l’extrême droite à Bayard », comme les grévistes l’avaient exprimé au Nouvel Obs.
Il faut dire que la crainte était grande au sein des rédactions avec l’arrivée au printemps dernier de François Morinière comme président de Bayard. Ce chef d’entreprise est aussi président depuis 2023 du fonds de dotation La Nuit du Bien Commun, créé par Stérin également fondateur du FBC.
Quant à l’ex-McKinsey, Alban du Rostu, il est devenu un très proche du controversé milliardaire, notamment lors de la tentative de rachat (avortée) de Marianne par Stérin. En juillet 2024, L'humanité annonce détenir des documents de travail conçus, entre autre par Sterin, et présentés en « comité exécutif » le 28 septembre 2023. Ces documents identifient Alban du Rostu comme étant l’un des cofondateurs et administrateurs du projet de Stérin Périclès, un acronyme – pour le moins clair – pour Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes -, avec à la clef pas moins de 150 millions d’euros sur les 10 prochaines années, visant à aider à l’installation au pouvoir des idées du RN et à soutenir, en priorité mais non exclusivement, ce parti. Avec comme objectif de trouver un vivier de 1 000 personnes acquis aux idées des cofondateurs de Périclès et pouvant occuper des postes clés à l'issue de la présidentielle de 2027… Alban du Rostu, quant à lui, « nie absolument être l’un des cofondateurs et administrateurs du projet Périclès ». Selon Le Monde, ce dernier aurait cependant participé au recrutement des dirigeants de Périclès – Périclès qui était alors une mission du FBC dirigé par Alban du Rostu. Le sujet est miné, le doute plane - devenu trop lourd à porter pour les collaborateurs de Bayard, qui s'inquiètent des répercussions possibles sur l'orientation du groupe.
Dernier retournement de situation en date en ce début décembre. Les collaborateurs du groupe ont eu gain de cause, pour l’instant en tout cas. Alban du Rostu n’intégrera pas le groupe en tant que directeur de la stratégie, et Bayard renonce à sa participation dans le rachat de l’ESJ, « dans un souci d’apaisement et d’unité », comme le confirme la gouvernance du groupe. L’ancien consultant de McKinsey n’a pas donné suite à notre sollicitation en amont de la publication de cet article.
Suite à la publication de cet article, Consultor a reçu le PV de l’AG constitutive de Pericles en date du 4 juillet 2023, lors de laquelle Alban du Rostu n’a pas été nommé parmi les membres du Conseil d’Administration. Son nom ne figure pas sur ce document.
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L’associate partner de Bain & Company New-York, Edward Whalley, a quitté le cabinet cet été pour prendre la direction générale du Fonds du bien commun. Il remplace poste pour poste un autre ancien consultant, de McKinsey, Alban du Rostu, qui en était le CEO-cofondateur depuis septembre 2021.
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