'Si nous ne fournissons pas un travail d’excellence, je nous donne deux ans avant de fermer boutique' (Olivier Vitoux, managing director CVA Paris)
'Nous ne sommes pas le BCG ou McKinsey : si nous ne fournissons pas un travail d’excellence, je nous donne deux ans pour fermer boutique.
Si la qualité n’est pas reconnu par nos clients, quelle différence ferez-vous avec les grands du secteur ? Cela coûte aussi cher, et vous n’avez même pas la signature.'
Olivier Vitoux (31 ans), managing director chez CVA Paris est le deuxième patron, après Jean-Marc Le Roux, d'un cabinet de conseil en stratégie domicilié en France à répondre à Consultor, dans le cadre d'une série que nous leur consacrons.
- Conçu par trois « ex » McKinsey, un robot fait passer des études de cas
- Quand le partner des villes devient le consultant des champs
- « Chez CVA, il n’y a que des divas ! » (Paul-André Rabate)
- Deux anciens CVA à l’assaut de l’épargne des millennials
- Jean-Christophe Mieszala, directeur général de McKinsey France, répond à Consultor.fr
- Olivier Dupin, co-fondateur d’Ares & Co
- « J’ai l’impression que tout est encore à construire », Benoît Tesson, directeur général de Vertone
- 'Nous espérons atteindre les 500 consultants en cinq ans' (Stéphane Eyraud, CEO de Chappuis Halder)

Consultant junior, senior puis associate, en à peine deux ans
Sur le papier, Olivier Vitoux n’est pas un grand original dans le secteur du conseil en stratégie : classe préparatoire en 1999 au centre catholique Madeleine Danielou de Rueil-Malmaison, MBA à l’Essec en 2001, puis entrée chez Corporate Value Associates dans la foulée. Il y fait son stage de fin d’études, et obtient son premier poste de consultant, "dans la seule optique de postuler auprès des plus grands ensuite", se remémore-t-il. "Une personne de McKinsey m’avait expliqué que les entretiens dans les cabinets de conseil en stratégie se voulaient très complexes. Pour prétendre à être reçu, encore fallait-il se préparer, et de préférence "chez les petits". Les étudiants d'écoles de commerce ne connaissent que les plus grands, tout ce qui brille".
Lui accepte, malgré une direction chez CVA jugée peu souple, surtout en matière de RH. Celle-ci est alors connue pour ne pas courber l’échine le temps des conjonctures défavorables. Et les faits donnent raison à la rumeur : En 1999 et 2000, deux tiers de la centaine de consultants parisiens de CVA sont remerciés. Quatre ans plus tard, lorsqu’il intègre le cabinet en tant que consultant, la donne est différente : Son arrivée coïncide avec une première vague de réembauches de 5 jeunes consultants.
"Un coup de jeunesse et de légèreté" qui lui donne des ailes : consultant junior, senior puis associate, en à peine deux ans, quand il en faudrait bien quatre en théorie. "C’est beaucoup plus rapide que la moyenne. Parce que CVA est une société d’entrepreneurs depuis ses débuts, et nous recherchons des profils à même de surclasser les progressions normées. C’est en situation de tension ou de déséquilibre que l’on cerne le mieux ceux qui peuvent progresser le plus vite".
Ce petit côté darwinisme des affaires, exacerbé dans le conseil en stratégie, ne semble pas l’affecter : "Chez CVA, le top performer progresse toujours plus vite". Et il sait de quoi il parle : passé senior manager en juillet dernier, il a été choisi patron du bureau parisien après 6 ans de maison, rien que ça. De quoi susciter la jalousie des autres partners ?
"Ils ont pris la décision eux-mêmes ! Mon profil a été perçu comme une bonne solution, entre ma proximité avec les consultants et la confiance que me porte les partners. Je suis dans un rôle de facilitateur". Un parcours "d’apprentissage phénoménal", synthétise-t-il. "C’est effarant tout ce que j’ai pu apprendre". Notamment dans les quatre practices que le bureau revendique excellentes : les services financiers (ce qui n’est pas original), l’énergie, les mines et le triptyque défense, sécurité et transport. Non sans difficultés à ses débuts : Chaque mission était nouvelle, traitait d’un sujet différent et ne se déroulait jamais dans le même pays. "J’avais beaucoup de mal à capitaliser d’une mission sur l’autre".
Il en faut plus à celui qui est tombé jeune dans la marmite du défi personnel à tous les niveaux. Au lycée, il s’associe avec un étudiant d’Angers dans le création d’une petite société "avec l’espoir de prendre ma part du boom Internet". La première aventure dure trois ans et demi. À la sortie de l’Essec, en 2004, il se laisse tenter par un petit tour par l’armée. "Une forme d’ouverture d’esprit d’autant plus intéressante que dans les écoles d’ingénieur et de commerce, malgré la pluralité des profils, règne une grande homogénéité. Je voulais voir ce qu’était la vie, la vraie".
Qualité des missions, reconnaissance et rémunération
La bougeotte, toujours la bougeotte, comme dit lui-même celui qui est désormais réserviste dans la marine. Un besoin de suractivité que satisfait pleinement le conseil de direction générale. Les semaines sans fin et la pression de "réinventer la roue, voire le châssis" à chaque mission, ne l’effraient pas.
D’autres, nombreux, ne font d’ailleurs pas de vieux os dans les murs du bureau du XVIe arrondissement de Paris. Durée de vie moyenne d’un consultant chez CVA : 2 ans, avant de se tourner vers d’autres cabinets, ou d’autres métiers.
"Si à aucun moment, la pression avait été trop forte, je serais aller voir ailleurs. C’est un secteur ultra exigeant, où il faut trouver le mouton à cinq pattes capable de s’épanouir professionnellement et personnellement, malgré la charge de travail. Sinon, une carrière dans le conseil n’est pas viable", argumente-t-il. Un équilibre qui passe nécessairement par "la qualité des missions, la reconnaissance des autres et la rémunération", analyse-t-il lucidement. Un dernier point sur lequel Olivier Vitoux refuse le canon des classements habituels : "CVA est largement dans le tier one des cabinet de conseil, peut-être même au-dessus des plus grands".
Même si un cabinet de la taille de CVA ne jouit d’aucune notoriété au-delà de la stricte valeur que lui accorde ses clients. "Nous ne sommes pas le BCG ou McKinsey : si nous ne fournissons pas un travail d’excellence, je nous donne deux ans pour fermer boutique. Si la qualité n’est pas reconnu par nos clients, quelle différence ferez-vous avec les grands du secteur ? Cela coûte aussi cher, et vous n’avez même pas la signature".
Une signature dont il assure se passer allègrement, même si un transfert chez la concurrence se ferait sans trop de difficultés étant donné son parcours. "Je ne mets pas mon orgueil là-dedans", plaide-t-il, sans non plus trop vouloir s’avancer sur une prochaine élection au rang de partner. "Je ne suis pas pressé, on verra. En Afrique, je suis passé officier avec trois semaines de métier dans les bottes. Quelle crédibilité avais-je à côté d’un sous-officier de 30 ans de carrière ? Je m'astreins à une humilité maximale, à laquelle je pousse mes collaborateurs". Pas si typique que ça, en fait, Olivier Vitoux, dans un univers professionnel où la progression se joue aussi à l'égo.
Par Benjamin Polle pour Consultor, portail du conseil en stratégie-24/12/2012
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
France
- 21/02/25
Arrivé chez Eight Advisory en 2016, Nicolas Cohen-Solal dirige le pôle Strategy & Operations qui fédère 150 consultants.
- 19/02/25
Ce sont deux ténors de MBB qui ont intégré à quelques semaines d’intervalle un cabinet de conseil, encore peu connu en France, FTI Consulting.
- 17/02/25
Là où les pères fondateurs du conseil en stratégie disposaient d’une expertise financière aiguisée, celle des consultants actuels serait nettement plus light. Out of the loop, vraiment ?
- 17/02/25
Un 35e associé vient d’être élu au sein du bureau parisien de Roland Berger selon le décompte de Consultor.
- 11/02/25
Antoine Gourevitch rejoint le bureau parisien de Cartoonbase, une agence créative spécialisée en narration visuelle dédiée aux entreprises et organisations. Cette société, basée à Bruxelles, a été fondée en 2000 par un alumni du Boston Consulting Group Luc, de Brabandere, un ancien partner du BCG Bruxelles (près de 7 ans) ; cabinet dans lequel il reste senior advisor (depuis 2008).
- 07/02/25
Tensions commerciales, instabilité politique… Quand les entreprises sont chahutées, est-ce le type de missions qui change ou leur volume qui chute ?
- 05/02/25
Des débuts pros loin du conseil en strat’ et une progression accélérée chez eleven : Simon Georges-Kot rejoint le partnership du cabinet de conseil.
- 04/02/25
Pour les 10 ans de l’événement, Danone, qui avait soutenu la première édition, sera le partenaire. La finale France aura lieu en février et la finale Monde, le 10 avril au siège d’Accuracy à Paris.
- 04/02/25
Le bureau parisien de McKinsey enregistre le départ d’un nouvel associé en la personne de Rodrigo Chaparro, près de 19 ans de maison, spécialiste des opérations.