De consultants au BCG à maîtres-artisans ès ordinateurs de luxe
Le Cottin 413, premier ordinateur de luxe français, est disponible à la vente depuis un an.
François Cottin et Bertrand Jaud, deux anciens consultants du Boston Consulting Group à Paris, en assurent la conception et la distribution. Rencontre avec Betrand Jaud qui nous explique l'impact de son expérience de consultant sur son quotidien entrepreneurial.
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Les atouts de l'ancien BCG
Chez Cottin, rien ne sera fabriqué à la chaîne mais tout fait main. Qu’on se le dise : les vendeurs de la première marque d’ordinateurs de luxe à la française entendent repousser l’exigence jusque dans le plus menu des détails. Pour une clientèle d’esthètes, de riches Moscovites, Dubaïotes ou Chinois, François Cottin et Bertrand Jaud se sont mis en quatre. Ou plutôt, les deux ex-consultants du Boston Consulting Group, qui se sont connus lors de leur entrée au sein du bureau de Paris en 2008, ont adapté à un boîtier d’ordinateur de 413 millimètres de large un concentré inédit de matériaux nobles et précieux. D’où le nom de leur produit phare, lancé en juin 2011, le Cottin 413.
« Nous avons un très haut niveau d’exigence auquel le BCG nous accoutume, puisque l’erreur n’y est pas admise. Le BCG nous offre une excellente boîte à outils d’analyse, de synthèse et de présentation de l’information. Et une très grande facilité pour accéder aux réseaux d’anciens du cabinet et de nos écoles respectives », explique à Consultor Bertrand Jaud, diplômé du MBA HEC et de la London Business School.
En 2010, il s’est vu proposer par son ancien collègue de s’associer au capital de la société, alors même qu’il était consultant senior au BCG. « J’y ai travaillé entre 2008 et 2010. J’ai exprimé le souhait de travailler sur des cas très divers, dans l’aéronautique, l’industrie pharmaceutique, la banque, le luxe, sauf l’automobile d’où je provenais. Il y a un moment où même si on bénéficie d’une courbe d’apprentissage exceptionnellement enrichissante, il devient frustrant de ne jamais mettre en œuvre les solutions que nous préconisons à nos clients. C’est une bouffée d’air que de pouvoir reprendre la main et redevenir maître de nos actions » raconte-t-il sur les raisons qui l’ont convaincu d'abandonner le conseil.
Du réseau et de la R&D
Et du réseau, c’est bien ce qu’il fallait pour mettre le modèle économique Cottin en marche. «On sait où aller chercher et comment exploiter des bases de données ad hoc. Après sélections, nous avons choisi nos fournisseurs de cette façon », indique-t-il sur la valeur ajoutée de l’entrepreneur doté du génome BCG. Même si, reconnaît-il, les cadences qui sont admises pour des consultants en mission dans une grosse entreprise du tertiaire ont plus de mal à passer avec des artisans très spécialisés. «On a l’habitude de travailler très vite. À l’issue d’une réunion un matin, on pouvait se donner rendez-vous le lendemain après avoir compilé toutes les données souhaitées pendant la nuit. Là, on s’appuie sur un panel si large de fournisseurs qu’on doit apprendre à être plus patient », dit-il.
Trois ans de R&D ont été nécessaires pour accoucher du produit qui se présente comme un bloc, fait d’un alliage d’aluminium, de silicium et de magnésium. Le Cottin 413 veut susciter le même émoi qu’une belle motorisation allemande et une fine horlogerie suisse.
Ça tombe bien ce sont les références du luxe et du sur-mesure que François Cottin veut appliquer au secteur du PC. Ce dernier souffre, selon lui, d’une terrible standardisation, à laquelle le nouveau joujou entend palier. Le concepteur éponyme dessine les premiers plans et fixe un cahier des charges début 2009 – à la sortie d’une année de conseil peu fructueuse au BCG. « François avait travaillé pour Siemens et Orange et provient d’une famille qui mélange entrepreneurs, artistes et ingénieurs. En créant Cottin, il a voulu allier le tout », se souvient Bertrand Jaud.
Une fois ouvert, l’ordi du troisième type laisse apparaître des touches en métal gravées, un écran HD protégé par du verre-diamant, quatre enceintes acoustiques conçues par un prestataire lui-même ancien violoncelliste international. Et le tout est mis en musique par un processeur Intel Core i7 et une mémoire vive de huit gigaoctets – ce qui n’en fait d’ailleurs pas une formule 1, mais toutes les autres cartes électroniques proviennent du secteur militaire, médical et de l’aéronautique et pourront donc être mises au goût du jour, assurent les producteurs.
Modèle de base : 10 980 euros
Pour le reste de l’habillage extérieur – c’est-à-dire l’essentiel dans le secteur du luxe – le positionnement de niche des deux anciens stratèges viendrait presque chatouiller l’adage : sky is the limit. Repose-paumes en cuirs français ou peaux exotiques qu’un maître-maroquinier coud au monolithe par des points selliers. Ajout, selon la finition que choisit le client, d’essences de bois rares, de laques, d'émaux, de cornes, de nacres ou de métaux précieux, et pour les plus difficiles un joailler peut même sertir un assemblage de pierres précieuses. Rien n'est laissé au hasard, pas même l’adresse de leur première boutique, ouverte en plein Paris, au 60, quai des Orfèvres.
N’en jetez plus ! Enfin, si, jetez-en un peu quand même : la mise à prix est à 10 980 euros, et, en fonction de la personnalisation souhaitée, on peut facilement crever le plafond, à défaut de passer la voûte céleste.
Et après trois ans d’existence, l’ordinateur Cottin marche plus que bien. L’entreprise vient de réaliser un nouveau tour de table des bailleurs de fonds, qui a atteint ses objectifs, et permet à Cottin d’accélérer son développement à l’international. « Nous ouvrirons un showroom à Moscou en septembre et un deuxième magasin à Dubaï à la fin de l’année. Et la seconde version de l’ordinateur plus adaptée au voyage est sur les rails », se réjouit Bertrand Jaud. Chaque chose en son temps : après tout, au BCG, les leviers de la croissance ça les connaît.
Par Benjamin Polle pour Consultor, portail du conseil en stratégie- 27/07/2012
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