Influence, secteur public, Macron : McKinsey à la loupe dans Marianne
Dans le sillage de la polémique inédite suscitée par la révélation du rôle joué par McKinsey auprès du ministère de la Santé dans le lancement de la campagne de vaccination en France (relire nos informations à ce sujet ici, ici, ici et là), Marianne consacre au cabinet un copieux dossier à la une de son numéro du 15 au 21 janvier 2021.
- Cash Investigation consacré à McKinsey : le débrief
- Emmanuel Macron – McKinsey : « Tout aurait dû être facturé » (Radio France)
- Enquête – À Matignon, vingt et un marchés de conseil en dix ans
- Exclusif – Tests, vaccins : dans les coulisses de la polémique McKinsey
- Ces associés parisiens de McKinsey qui auraient contribué à la campagne du candidat Macron
Les lecteurs assidus de Consultor n’y apprendront pas énormément de choses : notamment que McKinsey sert une immense majorité des plus grandes corporations de ce bas monde, que le cabinet a avec le temps fortement développé ses activités dans le secteur public (relire notre article sur l’un des associés qui a été moteur de ce développement en interne), et que la France et son gouvernement ne font pas exception.
Le magazine fait la genèse de cette relation entre l’État français et le cabinet. Elle est ancienne : à l’ouverture du bureau de Paris en 1964, le cabinet cible les polytechniciens très influents dans l’industrie, organise des déjeuners où l’on pitche Le Défi américain de Jean-Jacques Servan-Schreiber (JJSS), best-seller de la fin des années 1960 dans lequel JJSS vante la puissance économique américaine.
Rapidement, raconte Marianne, McKinsey est missionné dans nombre de grandes entreprises françaises, chez Rhône-Poulenc, Lafarge, Pechiney, Le Crédit lyonnais, L’Oréal, Renault, Usinor, Air France… Vus par certains comme des cowboys costkillers effrénés ou des robots dénués d’empathie, l’aura du cabinet dans le secteur privé et public n’en demeure pas moins grandissante.
Elle est confirmée en tout cas auprès de la commission Attali, le cercle de sages voulu par Nicolas Sarkozy en 2008 pour libérer la croissance de l’économie tricolore. Cette commission verra se lier tout particulièrement Emmanuel Macron, alors inspecteur des finances, qui en était rapporteur, et Éric Labaye, alors directeur général de McKinsey en France (et désormais président de Polytechnique), mais aussi Karim Tadjeddine, associé chez McKinsey et rapporteur de la commission.
La relation Emmanuel Macron-Karim Tadjeddine ne cessera de perdurer ensuite, jusque dans la campagne présidentielle d’En Marche (dans laquelle nombre de consultants en stratégie se sont investis, relire notre article) au cours de laquelle Karim Tadjeddine a été jusqu’à donner de son temps pour comparer les prestataires possibles pour le développement d’un site internet pour la campagne.
Puis, plus tard, une fois Emmanuel Macron élu, McKinsey s’est engagé auprès de la Présidence de la République française dans l’organisation du sommet Tech For Good (relire notre article) et continue à conduire de très nombreuses missions pour différents ministères, comme celle qui a jailli soudainement dans le débat public pour le ministère de la Santé, du fait de sa sélection dans le marché de transformation de l’action publique de l’État français entre 2018 et 2022 d’une valeur globale de 100 millions d’euros qui avait été attribué à vingt cabinets principaux et soixante-trois sous-traitants spécialistes le 22 juin 2018 (relire notre article).
Une omniprésence ancienne auprès des dirigeants privés et publics français qui, pour l’hebdomadaire, est cause d’un certain nombre de réformes d’inspiration très libérale : plafonnement des indemnités aux prud’hommes ? Une publication d’Éric Labaye de 2012 sur le marché de l’emploi en France aurait prédit ce plafonnement. Le million d’emplois promus par le Medef et son président d’alors Pierre Gattaz en échange du crédit d’impôt compétitivité emploi accordé aux entreprises ? Un coup de com’ étayé par McKinsey.
Sans parler du puissant réseau d’anciens du cabinet que l’hebdo décrit, enfin, à grands traits : les enfants de Bernard Arnault (relire notre article), le comité exécutif de LVMH (relire notre article), Jean-François Cirelli, le patron de BlackRock en France (dont nous parlions dans notre enquête sur la filière consulting à l’ENA), Georges Desvaux, le patron de la stratégie d’Axa (relire notre article), Paul Midy, chez En Marche, François Bouvard dans la campagne de François Fillon (auprès de qui était également investie une autre ancienne de la maison, actuelle vice-présidente de la région Île-de-France, relire notre article)... La liste pourrait être poursuivie très longtemps encore.
Crédit photo : McKinsey, Adobe Stock.
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France
- 30/10/24
L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.
- 29/10/24
Julia Amsellem, qui a rejoint l’entité de conseil en stratégie d’EY en 2017, et Étienne Costes, engagé depuis 2013, font partie des 17 membres du nouveau comex d’EY dans l’Hexagone.
- 23/10/24
C’est une étude coup de poing que le cabinet Oliver Wyman a réalisée à titre pro bono pour le collectif ALERTE (fort de 35 associations, dont Action contre la Faim, Médecins du Monde et ATD Quart Monde) dédié à la pauvreté et à l’exclusion. Elle est intitulée « Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant. » L’une des conclusions plutôt contre-intuitive : combattre la pauvreté par des financements serait un investissement gagnant-gagnant, pour les personnes concernées comme pour l’économie nationale. Les analyses du président d’ALERTE, Noam Leandri, et de Jean-Patrick Yanitch, partner à la tête de la practice Service public et Politiques publiques en France.
- 15/10/24
Début octobre, deux nouveaux partners ont disparu de la liste des associés de la Firme : Guillaume de Ranieri, poids lourd du cabinet où il évoluait depuis 24 ans, et Xavier Cimino, positionné sur une activité stratégique.
- 07/10/24
Doté d’un parcours dédié presque exclusivement au conseil (BCG, Kearney, Accenture - entre autres), Mathieu Jamot rejoint le bureau parisien de Roland Berger.
- 03/10/24
Depuis avril 2024, les arrivées se succèdent : après Jean-Charles Ferreri (senior partner) et Sébastien d’Arco (partner), Thierry Quesnel vient en effet renforcer les forces vives, « pure strat » et expérimentées, d’eleven.
- 02/10/24
Minoritaires sont les cabinets de conseil en stratégie à avoir fait le choix de s’implanter au cœur des régions françaises. McKinsey, depuis les années 2000, Kéa depuis bientôt 10 ans, Simon-Kucher, Eight Advisory, et le dernier en date, Advention… Leur premier choix, Lyon. En quoi une vitrine provinciale est-elle un atout ? La réponse avec les associés Sébastien Verrot et Luc Anfray de Simon-Kucher, respectivement à Lyon et Bordeaux, Raphaël Mignard d’Eight Advisory Lyon, Guillaume Bouvier de Kéa Lyon, et Alban Neveux CEO d’Advention, cabinet qui ouvre son premier bureau régional à Lyon.
- 23/09/24
Retour sur la dynamique de croissance externe de Kéa via l’intégration capitalistique de Veltys – et le regard du PDG et senior partner de Kéa, Arnaud Gangloff.
- 23/09/24
Astrid Panosyan-Bouvet, une ancienne de Kearney, et Guillaume Kasbarian, un ex de Monitor et de PMP Strategy, entrent dans le copieux gouvernement de Michel Barnier, fort de 39 ministres et secrétaires d’État. Bien loin des 22 membres du premier gouvernement Philippe ; ils étaient 35 sous le gouvernement Attal.