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Un ex-Roland Berger veut mettre fin au calvaire du remplacement des personnels soignants avec du code

Antoine Loron, un ancien consultant de Roland Berger, veut avec sa société medGo améliorer la gestion chaotique du déficit de personnel dans les établissements de soin en France. Portrait.

30 Jan. 2018 à 17:04
Un ex-Roland Berger veut mettre fin au calvaire du remplacement des personnels soignants avec du code

Depuis l’inauguration en juin de la Station F, l’incubateur géant financé par Xavier Niel, ils sont au moins deux anciens du conseil en stratégie à y avoir établi demeure pour lancer un projet entrepreneurial post-conseil.

L’un d’eux, Antoine Loron, parti de chez Roland Berger en 2016, a bénéficié de l’ouverture rapide de l’incubateur de HEC, parmi une vingtaine d’autres programmes d’accélération hébergés chez Station F.

Le besoin qu’il identifie est bien connu dans le milieu médical : la gestion chaotique du déficit de personnel dans les établissements de soin en France et le recours récurrent aux heures supplémentaires, aux pools de remplacement ou à l’intérim.

Une idée qui ne lui vient absolument pas de son expérience chez Berger

Une idée qui ne lui vient absolument pas de son expérience chez Berger ! Quoiqu’il s’y soit spécialisé dans la santé, mais il s’agissait d’un autre de type de santé : des due diligences pour des laboratoires d’analyses médicales ou un fabricant de biotechnologies, des analyses d’allocation industrielle pour un grand de la pharmacie…

Non, son intérêt pour le secteur de la santé est plus ancien, sans doute nourri par une mère kinésithérapeute, elle-même confrontée à la galère du remplacement du personnel dans les établissements de santé (hôpitaux, cliniques, établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes…).

Car, sur 800 établissements hospitaliers sondés par le ministère de la Santé en 2006 – les chiffres les plus récents identifiés par Consultor –, 77 % avaient recours à l’intérim pour pallier le déficit de personnel, et plus de 60 % avaient « des difficultés fortes ou très fortes » pour mener à bien ces recrutements.

Un besoin colossal que l’ancien consultant n’a identifié que dans un second temps. Initialement, medGo, la start-up qu’il a fondée en 2016, voulait mettre le code informatique au service du remplacement des médecins libéraux. Pléthore de sites de petites annonces de remplacements existent déjà, mais leur efficacité est très variable : de moyenne à mauvaise.

Après quatre années de journées de treize heures en moyenne (9 heures-21 heures), « j’ai été confronté au phénomène classique du consultant : j’étais frustré d’être trop éloigné de l’opérationnel et j’avais l’envie d’un projet à moi ».

L’opportunité est parfaite. Début 2016, il profite de l’année sabbatique que Roland Berger autorise à certains de ses consultants. « C’est une porte de sortie plutôt facile. Le cabinet espère que ceux qui interrompent leur travail reviendront. Dans les faits, 50 % de ceux qui sortent font une pause partent pour de bon », raconte-t-il.

Une formation intensive en code informatique à la sortie

Deux mois de vacances plus tard, il rentre au Wagon, le programme intensif de formation aux codes informatiques. « Ce que l’on apprend en si peu de temps est véritablement spectaculaire. On sort de là avec tout le savoir-faire pour coder une plateforme du type de Airbnb », se souvient-il aujourd’hui.

C’est donc lui qui donne forme à la version 1 de medGo. Lancée en juillet 2016, les inscriptions affluent vite. 1 000 médecins libéraux et leurs possibles remplaçants sont actifs sur la plateforme en trois mois. En revanche, le modèle économique va cahin-caha.

Un autre modèle, proche du premier, mais beaucoup plus sûr financièrement, lui est soufflé par tous les établissements de santé qu’il rencontre alors. Le besoin criant de leur point de vue, disent-ils, ce ne sont pas les médecins libéraux, mais la gestion des remplacements du personnel de santé (infirmiers, aides-soignants, assistants de puériculture…).

Six mois plus tard, personne ne se paie encore, ni Antoine Loron, ni son associé Adrien Beata, issu comme lui de la promo de HEC 2012 et passé par Fifty Five, la compagnie de conseil en marketing digital. Le premier vit du chômage, l’autre du RSA et de quelques missions ponctuelles de conseil.

Cent établissements ont adopté la V2 de medGo

Mais en novembre 2017, une version 2 du site voit rapidement le jour, avec l’arrivée d’un nouveau CTO, Christopher Rydahl (X et Télécoms Paris). Et elle fait carton plein. Depuis que la solution a été essayée en pilote par la clinique Sourdille à Nantes et l’hôpital Cognacq-Jay, cent autres établissements ont souscrit à medGo. Il en coûte à chacun entre 100 et 3 000 euros par mois, en fonction du nombre de demandes de remplacement publiées.

« 70 % des annonces trouvent preneurs », estime Antoine Loron qui assure que c’est nettement moins chronophage que la gestion archaïque de listings papier. Et moins cher que les agences d’intérim spécialisées dans la santé. L’ex-consultant espère atteindre les 300 établissements clients avant la fin 2018 et passer le million d’euros de chiffre d’affaires à cette date.

À terme, il considère que 3 000 hôpitaux et cliniques et 7 000 EHPAD pourraient trouver un intérêt à son service. Quel est le bénéfice à avoir fait ses classes chez Roland Berger pour mener ce projet à terme ? Il s’est concrétisé récemment quand la société a dû lever de l’argent.

Dix-huit mois pour atteindre son point mort

« Le conseil en stratégie est une école redoutable pour être très impactant auprès de dirigeants de haut niveau, et savoir qu’il ne faut pas convaincre une, mais dix personnes pour mettre le pied dans une organisation », explique Antoine Loron.

La méthode convainc. Parmi les business angels de medGo, on trouve Daniel Caille, fondateur d’un des premiers groupes de santé privés, la Générale de Santé, et aujourd’hui patron de Vivalto (cliniques privées dans le Grand Ouest), Dominique Vidal, l’un des associés du fonds de capital-investissement Index Partners, et Jean de La Rochebrochard, associé de Kima Partners, le fonds de Xavier Niel.

Au total, la jeune société a levé un million d’euros. Elle a dix-huit mois pour atteindre son point mort.

Benjamin Polle pour Consultor.fr

30 Jan. 2018 à 17:04
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