L’Université d’État du Michigan « apprend » de McKinsey pour 2 M$

McKinsey a été mandaté par le nouveau président de la MSU, Kevin Guskiewicz, qui a pris les rênes en mars 2024. Ce dernier doit annoncer fin septembre les actions qu’il souhaite mettre en œuvre à l’égard des problèmes auxquels l’université fait face – de la diminution de la population scolaire du Michigan au « retard de productivité » de ses chercheurs.

Dans cette perspective, la Firme suggère d’opérer 150 M$ de coupes budgétaires ou d’identifier de nouvelles sources de revenus.

Selon le journal étudiant The State News, cette mission a déjà rapporté 2 M$ au cabinet de conseil, lequel a proposé deux nouvelles phases d’intervention. La porte-parole de la MSU a déclaré que l’université « étudie actuellement la poursuite du projet ».

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Depuis quelques temps, l’établissement basé à Austin revendique son ambition de « devenir l’université publique avec le plus grand impact au monde », comme l’a rappelé son président Jay Hartzell en novembre 2021. Pour y parvenir, il s’est engagé à élaborer tout un plan stratégique pour lequel il vient de faire appel à Bain & Company.

« Quick wins », stabilité financière et accent à mettre sur la recherche

Parmi les projets de court terme ou « quick wins » suggérés par McKinsey, on trouve un programme de bourses d’études compétitif ou la monétisation accrue de la prestigieuse installation de faisceaux d’isotopes rares (Facility for Rare Isotope Beams) de la MSU.

Un nouveau « modèle budgétaire basé sur des incitations » pourrait être mis en place, avec une réorientation des fonds d’une année sur l’autre en fonction de paramètres de productivité. Côté RH, le cabinet recommande de définir « une nouvelle équipe de direction pour […] garantir que le temps du président soit consacré aux domaines prioritaires ».

Et pour pallier une recherche à la traîne (73 % des récompenses obtenues par la MSU proviennent de 10 % des professeurs), la Firme conseille de lancer « un nouveau programme de recherche universitaire ambitieux afin de réengager les professeurs en milieu de carrière et aider la MSU à opérer des embauches stratégiques ».

Les résultats contrastés des missions de McKinsey dans d’autres universités américaines

Depuis quelques années, la Firme propose un nombre croissant de services à des structures de l’enseignement supérieur. En 2019, ce fut le cas de l’University of Arizona pour laquelle le cabinet a mené une mission de 14 M$, avec des retours mitigés à la clé. Selon l’édition américaine de The Guardian, une autre mission - de 4,7 M$ - pour la Florida University va donner lieu à une enquête du conseil d’administration de l’établissement : le président démissionnaire de l’université, Ben Sasse, ancien sénateur du Nebraska, aurait attribué des contrats de conseil « secrets » à la Firme pour laquelle il était brièvement intervenu comme « conseiller ».

À l’inverse, le plan stratégique élaboré par McKinsey pour l’Ohio State University a été salué par les membres de cette dernière. Par ailleurs, le directeur et fondateur de l’Institut de recherche sur l’enseignement supérieur de l’Université Cornell, Ronald G. Ehrenberg, estime que « McKinsey apporte aux présidents d’université […] un aperçu unique. Leur demander d’opérer le type de planification à long terme que McKinsey réalise pour la MSU » serait inopportun. Selon lui, « les consultants apportent également une connaissance de ce qui a fonctionné ou non dans les autres universités qu’ils ont conseillées ». D’ailleurs, le nouveau président de la MSU revendique d’avoir fait appel à la Firme « en raison de sa capacité à comparer les résultats », se déclarant « impressionné par son système de benchmark ».