Le consultant qui a trouvé la foi

Il a été consultant chez PMP Strategy durant 2 ans et demi entre 2017 et 2019. Lucas Tierny, 32 ans, diplômé de l’EM Lyon (2016), avait la vocation conseil en stratégie chevillée au corps, guidant son choix d’école de commerce, de cours, de stages (chez Ardian en Private Equity et Unicredit en banque d’affaires). Son autre de ses passions d’alors, la mer ; il a été skipper entre 2013 et 2017. Mais un autre chemin s’est lentement ouvert à cet anticlérical pur et dur, élevé dans une famille de soixante-huitards, lorsqu’il rencontre François il y a 10 ans, un croyant pratiquant, interpellé « par sa confiance, son charisme et ses valeurs », comme Lucas Tierny le partage à Consultor, et qui l’emmène à sa première messe. Puis celui qui se croyait hérétique pour la vie s’inscrit au catéchuménat, fait un cheminement de 6 ans et demi et se fait baptiser en 2019.

C’est pendant donc cette recherche de Dieu que Lucas Tierny entre chez PMP Strategy en 2017 – la consécration de sa vocation première –, cabinet dans lequel le consultant intervient avant tout pour des missions télécom, mobilités et tourisme.

Puis, changement de parcours 2 ans plus tard : invité par de nombreux catholiques à témoigner de sa conversion à Lourdes, Lucas Tierny sent l’appel, mais hésite. « Je ne voulais pas mettre ma carrière de côté, mais des associés m’ont rassuré et m’ont dit : “Fonce !” ». Aussitôt dit, aussitôt fait. Le consultant prend une année sabbatique pour rédiger le récit de sa conversion, s’isole dans un monastère pour écrire et suit des cours de théologie au Collège des Bernardins. « Une sacrée année qui m’aura aussi servi à discerner entre la prêtrise et la vie laïque ». Ce livre, L’Évidence, est paru en mars 2023 aux éditions Artège.

Nouveau virage début 2021, Lucas Tierny revient au conseil chez Accenture comme consultant dans l’équipe Talents et Organisation, où il s’occupe entre autres de la définition de modèles d’opérations et organisationnels.

Un métier qui lui permet d’allier ses (nouvelles) valeurs avec le monde du travail. « Je rencontre beaucoup de jeunes qui ont beaucoup de mal à trouver du sens dans leur travail. Je me suis moi-même posé beaucoup de questions sur comment et pourquoi je reviens dans ce métier. Je me sens à la croisée des chemins. J’aime la rigueur, la diversité, le fait de se mettre au service des dirigeants et chefs d’entreprises afin de les aider à prendre les bonnes décisions. J’aime aussi bien le business, être au centre des sujets, de la réalité. Un consultant doit savoir écouter, être dans l’empathie, sentir les choses et rester humble. L’orgueil est l’ennemi du bien. Ce qui m’intéresse, c’est la solution, la vérité, peu importe la bouche dont elle sort. Finalement, ce sont des valeurs proches de l’Église. »

Conseil et foi peuvent ainsi parfois en effet cohabiter. Un autre consultant, Didier Meïr Long, co-fondateur de Kéa-Euclyd, passé par McKinsey, qui vient tout juste de quitter le cabinet après 22 ans de maison, a lui aussi eu un parcours des plus spirituels : intégrant en 1985 l’abbaye de la Pierre-qui-Vire, celui qui est devenu frère Marc a étudié l’hébreu, le latin, le grec, la philosophie, la psychologie, les sciences… puis a été responsable de la formation théologique permanente de la communauté. Le récent DG de Circle, Jean-Marc Liduena, est le président de la Fondation du collège de Bernardins depuis 2 ans.