Le PNF enquête sur les liens entre McKinsey et Emmanuel Macron
« Favoritisme » et « tenue non conforme de comptes de campagne » : tels sont les chefs d’inculpation qui pourraient être retenus contre le président de la République et le cabinet McKinsey.
- Cash Investigation consacré à McKinsey : le débrief
- H-7 avant Cash Investigation : la patronne France de la Firme en perdition face à Élise Lucet
- Cash Investigation fait sa rentrée sur McKinsey : Clarisse Magnin-Mallez face à Élise Lucet
- McKinsey au Canada : la plus-value indéterminée des contrats avec le gouvernement Trudeau
- Perquisition au ministère de la Santé dans le cadre de soupçons de « favoritisme » sur des marchés de conseil
- Allemagne : plusieurs millions d’euros de contrats attribués à un consultant McKinsey proche d’un haut fonctionnaire
- Un ex-consultant ministre du Logement du gouvernement Attal
- Un ex-partner McKinsey futur président ivoirien ?
Trois juges d’instruction du parquet national financier (PNF) ont été désignés pour enquêter sur les liens entre le cabinet américain McKinsey et Emmanuel Macron. C’est d’abord Le Parisien qui a révélé l’information le 24 novembre. Quelques heures après la publication de l’article, le PNF a publié un communiqué précisant les procédures pénales en cours. Le procureur de la République financier, Jean-François Bohnert, y déclare avoir ouvert deux informations judiciaires, à la suite de plusieurs plaintes d’élus et d’associations.
La première information judiciaire, ouverte le 20 octobre, concerne des chefs de « tenue non conforme des comptes de campagne et minoration d’éléments comptables dans un compte de campagne ». Elle porte sur les conditions d’intervention de cabinets de conseil dans les campagnes électorales d’Emmanuel Macron en 2017 et en 2022. L’une des questions, selon le Parisien, est donc de savoir si des cabinets de conseil, dont McKinsey, ont travaillé pour le candidat sans que ces missions ne soient comptabilisées correctement dans les dépenses de campagne.
à lire aussi
Karim Tadjeddine, qui était entendu par le Sénat, a jugé que cela avait été « une erreur » d’utiliser son mail professionnel en soutien à la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, tout en indiquant que c’est le droit le plus strict des consultants d’avoir des engagements politiques dans leur vie privée.
La seconde information judiciaire, ouverte le lendemain, se concentre sur des chefs de « favoritisme » et « recel de favoritisme ». Ce qui pose une autre question : certains contrats publics ont-ils été attribués à McKinsey aux dépens d’une mise en concurrence réelle ? L’un des trois juges qui planchera sur ces sujets n’est autre que le célèbre magistrat Serge Tournaire. Ce dernier a traité, entre autres, les affaires Bygmalion et Fillon.
Ces nouvelles enquêtes s’ajoutent par ailleurs à la procédure ouverte fin mars pour blanchiment aggravé de fraude fiscale, visant McKinsey. Dans ce cadre, le bureau français du cabinet, situé sur les Champs-Élysées, avait été perquisitionné en mai. Cette procédure faisait elle-même suite au rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques, publié mi-mars.
L’ex président de la commission, Arnaud Bazin (LR) et l’ancienne rapporteure Eliane Assassi (communiste) ont à leur tour répondu aux révélations du Parisien le 24 novembre. Dans leur communiqué joint, ils déclarent que « toutes ces affaires ont un point commun : le manque de transparence de l’Etat dans ses relations avec les cabinets de conseil, qui jouent pourtant un rôle déterminant dans les politiques publiques. »
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
secteur public
- 25/10/24
Selon le Jaune budgétaire du Projet de Loi de Finances 2025, le montant total des missions de conseil réalisées par des cabinets privés a fondu de moitié entre 2022 et 2023.
- 24/10/24
Le ministère des Affaires et du Commerce a chargé le BCG de déterminer les modalités envisageables pour que les agences postales au Royaume-Uni deviennent la propriété de leurs employés.
- 17/10/24
Ancien de Roland Berger, Emmanuel Martin-Blondet est nommé conseiller chargé de la transformation de l’action publique et de la simplification des parcours de l’usager.
- 11/10/24
Les attributaires du marché de conseil en stratégie et RSE de la RATP, lancé le 2 avril dernier, sont connus : il s’agit d’Arthur D. Little, Avencore, Roland Berger et EY Consulting/EY-Parthenon – sur la partie stratégie.
- 10/10/24
L’Institute for Government (IFG), un think tank indépendant, enjoint le gouvernement à saisir l’opportunité de l’arrivée à échéance de contrats de conseil d’une valeur de 5,4 Md£ pour réduire sa dépendance aux cabinets privés.
- 09/10/24
L’info vient du Wall Street Journal, et elle a de quoi surprendre : le BCG n’a pas hésité à accepter les conditions imposées par les autorités de Shijingshan, un ancien quartier d’aciéries à l’ouest de Pékin, pour participer à un appel d’offres.
- 26/09/24
Sa nomination doit encore fait l’objet d’une validation au Journal officiel, mais Pierre Bouillon devrait diriger le cabinet de la secrétaire d’État en charge de l’IA et du Numérique. Il était dircab adjoint de Stanislas Guerini dans le précédent gouvernement.
- 18/09/24
Au lendemain de la diffusion de l’émission, Consultor fait le point avec, en perspective, la réaction de David Mahé, président de Syntec Conseil, et le regard du journaliste ayant mené l’enquête, Donatien Lemaître.
- 17/09/24
Désarroi de Clarisse Magnin-Mallez devant les caméras, mails explicites de consultants McKinsey lors de la campagne du candidat Emmanuel Macron en 2017 : le teasing du numéro spécial « McKinsey » bat son plein. Avec – en bonus – la révélation d’un piège lancé à l’émission et une « affaire » Accenture visant Onepoint.