Slow Jane, consultante chez Oliver Wyman, sort son premier album
Face A, Marie Turin est consultante la semaine chez Oliver Wyman ; face B, cette philosophe de formation est auteure-compositrice-interprète sous le pseudo de Slow Jane les soirs et les week-ends.
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À 30 ans, la senior consultante du bureau parisien d’Oliver Wyman (dans ce cabinet depuis 2017) est en quête d’excellence, dans tout ce qu’elle touche, par exigence intellectuelle. Marie Turin, musicienne depuis l’enfance, formée au Conservatoire, a suivi un double cursus : normalienne à l’ENS Ulm puis étudiante grande école à HEC. En parallèle de son métier de consultante, l’artiste Slow Jane vient d’autoproduire un album Caroline (en album ou l'écouter sur Deezer), sorti il y a quelques semaines, qu’elle a réalisé avec l’appui de deux ingénieurs du son : elle écrit les textes, compose la musique, joue et chante. Le magazine Le Point a même consacré récemment un article (ici) à cette consultante qui développe un répertoire chaleureux, teinté de mélancolie.
Formée à l’histoire de la philosophie
Native de Briançon et une enfance dans les Hautes-Alpes, cette fille unique d’un chasseur de têtes et d’une mère au foyer très active dans le monde associatif a fait ses classes prépa, hypokhâgne et khâgne au lycée Henri IV. En 2010, elle intègre brillamment la rue d’Ulm. En 2014, elle obtient un master 2 en histoire de la philosophie. Son mémoire de master : l’auteur italien du XVIe siècle inconnu des non-initiés, Bernardo Tasso, un spécialiste de la Poétique d’Aristote.
Durant sa formation à l’École normale supérieure, Marie Turin décide de réaliser en 2011 un semestre d’études en philosophie, histoire de l’art et histoire intellectuelle à l’université d’Harvard. « J’avais beaucoup aimé les États-Unis durant mes voyages, et j’ai souhaité y retourner comme étudiante dans l’une des plus prestigieuses universités pour découvrir une façon d’enseigner différente, plus participative que les cours magistraux français. J’y ai rencontré des professeurs passionnés et passionnants, cette expérience a été enthousiasmante et très motivante. »
L’orientation vers le monde de l’entreprise puis le choix de la strat’
À l’issue de son parcours à l’ENS, Marie Turin intègre HEC directement en 2e année. « J’avais le souhait de compléter ma formation jusqu’alors très axée sur les humanités par un cursus à HEC afin de me rapprocher du monde de l’entreprise et d’une activité plus concrète. Lorsque l’on fait de la recherche en philosophie, on travaille sur des sujets extrêmement pointus, on ne sera lu et compris que par très peu de gens. Alors que je souhaitais avoir un métier dans l’action et riche en relations humaines. » La philosophe opte pour un master 2 médias, art et création ; un choix de spécialisation plutôt rare à HEC lorsque la majorité des étudiants s’orientent vers les services financiers ou la strat’.
Après un stage de fin d’études dans la production cinéma, « une expérience intéressante, mais que je n’ai pas souhaité poursuivre, car il me manquait la stimulation intellectuelle et l’exigence du résultat », la double diplômée de HEC et de l’ENS choisit en 2016 de s’orienter vers le conseil en stratégie qui répond à ses besoins d’excellence et de défi intellectuel.
L’entrée chez Oliver Wyman, la vie de junior
Elle intègre immédiatement Fast Up Partners où Marie Turin effectue ses premiers pas de consultante. Puis, en janvier 2017, elle rejoint le cabinet Oliver Wyman. « J’y ai beaucoup aimé mes entretiens : chaque interviewer a pris le temps, avant et après l’étude de cas, d’un vrai dialogue, ouvert et sincère, non formaté. Oliver Wyman revendique son inclusivité et pour moi elle est démontrée par sa volonté de laisser à chacun de ses employés la place d’exprimer sa personnalité. »
Après le cursus classique d’intégration du cabinet, deux jours d’introduction au bureau parisien, puis dix jours de formation au conseil en stratégie avec tous les jeunes recrutés au niveau européen, Marie Turin fait ses classes de consultante junior durant deux ans.
Depuis son arrivée en 2017, la consultante –nommée senior consultante en 2019 – a effectué une quinzaine de missions. Marie Turin a d’abord choisi de rester généraliste pour découvrir une grande variété de secteurs et de problématiques. Elle se spécialise actuellement, verticalement (services financiers) et horizontalement (efficacité des organisations).
« J’ai effectué des missions très variées, en termes de contenu comme de durée (de quatre semaines à un an et demi). Par exemple, j’ai beaucoup aimé une mission d’accompagnement de la fusion de plusieurs entités régionales en un seul groupe national, dans le secteur de l’assurance. J’avais en charge plusieurs business units : gestion du back-office, DSI, RH, communication. Cela m’a donné une vision d’ensemble du fonctionnement d’une grande entreprise. J’y ai particulièrement trouvé ce que j’aime dans ce métier : la dimension humaine, car il s’agissait d’intégrer et de concilier des façons de travailler, cultures d’entreprise différentes pour avancer ensemble vers un but commun. »
Sa dernière mission en date portait sur la révision stratégique d’un grand groupe à l’occasion de l’arrivée d’un nouveau CEO. « En tant que PMO, project management office, j’avais en charge de construire une vision d’ensemble des neuf streams stratégiques sur lesquels travaillaient nos équipes (internationalisation, B2C, B2B, etc.), en lien permanent avec le PMO côté client. » Depuis, la consultante, en période de bench (relire notre article sur ces périodes d’intermissions ici), se consacre classiquement au business development du cabinet en travaillant à des propositions commerciales.
Face B, la musique
Du temps libre qu’elle peut aussi consacrer à cette autre passion qu’elle développe depuis l’enfance : la musique. Artiste complète, Marie Turin n’est pas seulement interprète, elle est aussi auteure et compositrice, formée au piano classique très jeune au Conservatoire, initiée à la guitare à l’adolescence. À l’instar d’une autre artiste issue de l’ENS, Christine and the Queens, qui a connu le succès à la sortie de son premier album…
« J’ai toujours chanté, j’écris des textes et je compose de la musique depuis le lycée. Mes références musicales sont anglo-saxonnes, et particulièrement les artistes des années 1970, comme Neil Young ou Joni Mitchell. C’est pourquoi mes textes sont tous écrits en anglais, depuis le départ. Et ce que j’aime avant tout, c’est la musique acoustique, avec un son peu produit. »
Caroline, son premier album pop-folk tout juste dans les bacs, elle l’a géré comme un projet de conseil, de A à Z. « J’aime par-dessus tout avoir une vision d’ensemble, c’est un véritable besoin pour trouver l’énergie nécessaire. »
La consultante d’Oliver Wyman considère la musique comme une soupape, deux univers apparemment opposés, mais complémentaires pour elle : le travail la semaine, la musique, les week-ends essentiellement. « J’ai besoin des deux, de ce métier exigeant, et de la musique, qui est plus de l’ordre de l’émotion et de la douceur. »
Pas si éloignés cependant... La consultante est présidente du MelOW, l’association des musiciens d’Oliver Wyman qui organise des répétitions, des « bœufs », et des concerts pour les grandes occasions. Association dans laquelle Jean-Baptiste Lepetit, principal aux services financiers, s'illustre par exemple à la guitare… Alors, la sortie de son album n’est pas une surprise au sein du cabinet… Et quand la situation sanitaire le permettra, Marie Turin espère exploiter cette sortie notamment en se produisant en concert.
Barbara Merle pour Consultor.fr
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