« Ne craignez pas de faire des erreurs », Alix Boulnois (McKinsey, Amazon, Accor)
Alix Boulnois, 38 ans, DG du digital et membre du comex d’Accor depuis plus d’un an, 4 ans chez McKinsey, 8 ans chez Amazon, semble surfer professionnellement assez naturellement au gré de « belles rencontres ». Une chose est sure, l’ex-consultante devenue experte du digital ne transige pas sur un point. Cette mère de 3 enfants en bas âge sait mener à la fois sa barque pro et perso.
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Classée à la 5e place du classement Choiseul 100 des leaders de demain de moins de 40 ans en 2023, Alix Boulnois a encore gravi une marche cette année (4e). Une reconnaissance du microcosme économico-intellectuel qu’Alix Boulnois reçoit plutôt avec surprise. « J’ai été très touchée l’année dernière de figurer dans les 100, dans cette position, et c’est encore le cas cette année. Et je suis d’autant plus fière pour mes équipes. C’est aussi un beau message que l’on peut avoir une vie équilibrée et que l’on peut atteindre ce type de poste alors que l’on ne vient pas d’une famille du monde de l’entreprise. »
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Diplômée de HEC Paris en 2008, Alix Boulnois a d’ores et déjà en quelque 15 années de carrière un copieux CV : 4 ans au sein de McKinsey (de 2008 à 2012), puis 8 années chez Amazon, depuis 4 ans au sein de l’un des groupes français du CAC 40, Accor, dont elle a intégré le comité exécutif il y a 3 ans. Alix Boulnois, aujourd’hui à la tête du digital, de la distribution et de la fidélisation (l’une des rares anciennes consultantes dans un comex du CAC 40), voulait avant toute chose être reconnue pour son style de leadership plutôt que pour son genre, « qui ne devrait pas être un critère dans l’équation ».
L’apprentissage du changement
Cette dirigeante est rompue au mouvement. C’est peu de le dire. Alix Boulnois, fille de militaires, a, en effet, connu les multiples déménagements, une vingtaine, et habité sur les cinq continents. De cette jeunesse à moult rebondissements géographiques et culturels, elle en a retiré le goût de l’ailleurs, une insatiable curiosité de l’inconnu et un « besoin d’être constamment nourrie ».
Bac en poche à 16 ans, classe prépa scientifique à Janson de Sailly, Alix Boulnois est reçue à HEC dont elle sort diplômée en 2008. C’est à la faveur de « petits boulots » rémunérés en parallèle de ses études qu’Alix Boulnois découvre le secteur du conseil, travaillant durant 2 ans à mi-temps au sein du cabinet Gallileo, « un cabinet en stratégie avec une dimension opérationnelle pour des entreprises de taille moyenne ou auprès des comex N-1 ». Et une chose était devenue limpide, le conseil, qui répondait à sa « soif d’apprendre », serait sa première étape professionnelle.
Le tremplin McKinsey
Mais, tant qu’à faire, autant découvrir le monde du conseil dans les plus grands cabinets internationaux. Alix Boulnois, candidate dans le top 5, reçoit des offres dans la plupart, et opte pour McKinsey, « parmi les meilleurs cabinets de conseil en stratégie, où j’ai aussi eu de très bons contacts, et où tout est fait pour vous aider à vous envoler ».
Entrée comme junior chez McKinsey en 2008, Alix Boulnois va y évoluer durant quasi 4 ans, jusqu’au grade d’engagement manager (project leader ou manager dans d’autres cabinets), travaillant sur des sujets d’expérience et de services clients, de marketing, de go-to-market, dans le secteur du retail, une passerelle naturelle — pourtant alors pas encore définie —, vers sa deuxième partie de carrière, au sein du Gafam Amazon.
Et last but not least, elle y rencontre également des figures emblématiques, des mentors, notamment féminines, à l’instar de Sandra Censier, senior partner, plus de 30 ans au sein de McKinsey. « Ces femmes consultantes étaient pleines d’humanité. Certaines, mères de famille, représentaient une belle exemplarité. Mais j’y ai aussi eu des super mentors masculins. Ils ont tous su me tendre des perches, sans eux, je n’aurais pas pu progresser aussi rapidement. »
Amazon presque par hasard
En 2012, Alix Boulnois a la possibilité d’aller effectuer un MBA, financé par McKinsey, à la Columbia Business School à New York. À un moment où la consultante se rend à l’évidence qu’il « manque quelque chose » dans sa carrière, portée par l’envie de développer l’un des soft skills pour elle incontournables. « Je voyais bien que le manque de leadership humain pouvait faire dérailler des sujets. Je me suis dit que si je revenais après le MBA, je revenais avec quelque chose d’essentiel. » Mais la réalité du terrain en a décidé autrement. Alix Boulnois ne réintègrera pas McKinsey. Des équipes d’Amazon, venues sur le campus de Columbia, ont su séduire cette consultante curieuse.
L’ex-consultante de McKinsey arrive ainsi au siège d’Amazon à Seattle, product manager consumer goods, et va s’y développer, quatre postes en 8 ans, d’abord aux États-Unis, responsable des fournisseurs et marketing consumer foods non alimentaire, puis responsable management et marketing consumer goods non food. Avant de rentrer en France en 2016 pour des raisons personnelles, mais toujours chez Amazon : general manager pour les catégories consumer goods et en charge de programmes de fidélité, puis en 2018, responsable Europe de la gestion des comptes clefs, de la tarification et de l’expérience client…
McKinsey, Amazon : si loin, si proches
GAFAM/MBB. Deux mondes « à la fois très différents et parallèles ». Deux géants américains avec des modèles organisationnels, « basés sur la recherche permanente de performance et d’excellence. Lorsqu’on lit les 14 principes de leadership d’Amazon, les valeurs de l’entreprise, les modes opératoires d’évaluation des collaborateurs, on retrouve de nombreuses valeurs et compétences développées dans le conseil ».
Donner la chance aux plus motivés, quel que soit l’âge, cela fait aussi partie de la culture d’Amazon. Alix Boulnois, 29 ans à l’époque, en a eu l’opportunité. Promue à la tête du segment des biens de consommation non alimentaires pour les États-Unis, elle gère un P&L de 4 milliards de dollars.
Ce que l’ex-consultante a appris durant les 8 années au sein d’Amazon ? Opérer dans un univers tech et digital que les cabinets de conseil n’avaient encore pas ajouté à leur arc, la culture de l’agilité, de l’obsession du client et de l’équilibre entre court et long termes. Mais aussi « à apprendre très vite et à faire mes preuves rapidement, savoir changer de poste tous les 2 ou 3 ans, la culture de la transformation permanente et continue ». Et deux transfos de fond à la clef pour Alix Boulnois : la reconstruction d’un modèle de croissance soutenable des produits de consommation non alimentaires aux États-Unis alors en déficit, et en France, et la refonte du modèle d’account management européen, un « gros pivot technique, humain, marketing, opérationnel et commercial » qui a été ensuite dupliqué dans d’autres géographies du groupe.
Changement de cap… français
Un nouveau défi s’est présenté à l’ancienne de McKinsey en 2020, à un moment où l’Amazonienne commence à se poser des questions sur la suite… « Une belle rencontre » encore, avec Maud Bailly cette fois, alors cheffe digital d’Accor, à un moment clef pour le groupe qui venait de céder l’ensemble de ses actifs immobiliers, « une transformation à la fois B2B2C et digitale ». Alix Boulnois arrive ainsi, comme SVP digital, produit, innovation, juste quelques semaines avant le premier confinement, dans ce fleuron de l’hospitalité made in France, 5600 hôtels et plus de 45 marques hôtelières dans 110 pays, 100 millions de clients, 4,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022 (4 Mds € en 2019, 1,6 Mds € en 2020), dirigé par Sébastien Bazin depuis 11 ans. « Accor et le secteur de l’hospitalité étaient alors très disruptés par le digital, mais l’approche digitale restait encore très fragmentée en termes de technologies et d’expérience. Nous nous transformons depuis maintenant quelques années tout en restant fidèles à notre ADN : accueillir les personnes dans nos établissements partout à travers le monde. »
Entrée au sein du comex d’Accor en 2021, Alix Boulnois est l’une des rares consultantes au sein du comex d’une entreprise du CAC 40. Une entreprise qui affiche aussi une féminisation atypique pour un grand groupe : 6 femmes au sein du codir composé de 11 membres, et 42 % de femmes au sein des différents comités de direction d’Accor. « La diversité fait partie de notre ADN. Le groupe a également intégré des objectifs de diversité dans les bonus. Cette approche proactive encourage la recherche active de talents féminins et évite d’attendre que la diversité se produise par hasard. »
Alix Boulnois a été promue Chief Digital Officer en janvier 2023, un pôle de 2500 collaborateurs dans le monde, en charge — pas moins — de la distribution, des cartes de fidélité, des centres de contact, du e-commerce et de la digital factory d’Accor. « La transformation continue et les défis ne manquent pas. Nous avons des enjeux majeurs de fidélisation des clients, de croissance accélérée avec de nouveaux territoires géographiques et sectoriels. La prochaine grosse transformation est celle de l’ESG : nous devons réinventer une nouvelle façon de voyager, séjourner et consommer, plus responsable et plus durable. »
Le conseil du conseil
Ce que l’alumni de McKinsey a appris dans le monde de l’entreprise : manager et diriger une équipe diversifiée, maîtriser le end-to-end, de la stratégie à l’exécution, développer son propre style de leadership, « il ne s’agit pas seulement d’appliquer des modèles préexistants, mais de trouver une approche qui me correspond et qui correspond au contexte dans lequel j’évolue », et penser à long terme vs court terme.
En tout cas, « l’école » du conseil a été précieuse pour cette jeune dirigeante. Quatre années d’apprentissages et d’expériences irremplaçables. Si l’ancienne engagement manager de McKinsey a des conseils pour les jeunes ou les futurs consultants, c’est avant tout : « Soyez une éponge ! Absorbez tout ce que vous pouvez apprendre. » Avec plusieurs mantras : apprendre en se trompant — « ne craignez pas les erreurs, elles sont des opportunités d’apprentissage, c’est normal », garder une curiosité sans limites et « osez aussi aller au-delà de ce qui est attendu de vous » et s’adapter continuellement. « Le monde évolue rapidement, les technologies, les méthodologies et les besoins des clients changent constamment, apprenez de nouvelles compétences, explorez de nouvelles approches et restez agiles… »
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