Renault sauce BCG, le retour
Le Monde est revenu dans son édition du 19 février sur le poids pris par le Boston Consulting Group au sein du groupe Renault, une des raisons qui avaient poussé au départ de son ancien directeur général Thierry Bolloré (relire notre article).
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Le quotidien s'arrête notamment sur le rôle joué par Antoine Gourevitch, senior partner du BCG à Paris, l’un des meilleurs connaisseurs de Renault parmi les consultants en stratégie spécialistes de l’automobile, qui, selon le journal, a eu son bureau au siège du constructeur automobile à Boulogne-Billancourt au point d'en devenir le patron bis.
Théoricien du plan de transformation Fast, qui à son terme en 2021 prévoyait que 100 % des 183 000 collaborateurs adoptent des méthodes agiles de travail pour délivrer plus rapidement des produits et services de rupture dans les domaines de la voiture électrique, Antoine Gourevitch en fut aussi le grand opérateur, selon plusieurs actuels et anciens hauts dirigeants de Renault cités par le journal.
Avec lui, plusieurs dizaines de consultants et des « montagnes de PowerPoint plein de mots en anglais fourre-tout, de jargon et de principes flous qui sont venus inonder les instances de direction », raconte une de ces sources.
Le Monde s'est aussi procuré un document daté de 2018 donnant les prix prévisionnels des conseils apportés par le BCG dans la conduite du programme Fast : 1 700 euros par jour pour un analyste, entre 2 500 et 3 900 euros pour un consultant selon qu'il est junior ou senior, de 5 000 à 6 700 euros par jour pour un chef de projet et 8 500 euros par jour pour un partner. Des tarifs qui se situent dans la moyenne du marché pour le recours à des cabinets de conseil en stratégie par de grandes entreprises françaises.
Au total, Le Monde ayant obtenu les mêmes chiffres que Consultor, le BCG se taille la part du lion des 40 à 50 millions d’euros dépensés annuellement en conseil en stratégie par l’alliance Renault-Nissan. Une dépense qui devait se traduire par des gains de l'ordre du milliard d'euros sur la période du programme (2018-2021). Mais depuis la crise sanitaire est passée par là et les résultats du constructeur sont abyssaux (perte de 8 milliards d'euros en 2020).
Un volume de missions de conseil signées BCG qui crée des remous en interne, plusieurs employés, cadres et directions se tournant vers leurs représentants syndicaux à ce sujet, selon les propos de Franck Daout, délégué CFDT Renault cité par Le Monde.
Bilan des courses, à la suite du départ de Thierry Bolloré, Jean-Dominique Senard, le président de Renault, a modifié les règles de passation de marchés de conseil qui censément doivent dorénavant obéir à des règles plus strictes d'appels d'offres. Une enquête interne aurait même été diligentée sur le recours au BCG par Renault, sans que ses résultats aient été publiés à ce stade.
Interrogés, le BCG et Antoine Gourevitch ont démenti s'être substitués à la gouvernance du constructeur automobile, ont indiqué avoir répondu à des appels d'offres rigoureux pour l'ensemble des missions qu'ils ont conduites chez Renault et ont expliqué que le programme Fast avait délivré plus de valeur en 2019 et 2020 que ce qui était prévu dans le budget de ce programme.
Crédit photo : Adobe Stock.
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