Assureurs, cliniques, labos : les consultants surfent sur la vague des objets de santé connectés
Les objets de santé connectés sont au carrefour de plusieurs tendances (réduction des coûts de santé à l’hôpital, suivi à distance des pathologies…) et de plusieurs industries.
Un marché que les sociétés de conseil en stratégie suivent de près, et pour cause : le marché est amené à grandir de 20 % par an.
Récemment, la Sécurité sociale a modifié ses conditions de remboursement de l’apnée du sommeil – dont 5 à 8 % de la population française est victime et qui entraîne des maladies cardio-vasculaires, du diabète, de l’obésité, des troubles de la mémoire…
Désormais, le remboursement du traitement par appareils à pression positive continue (PPC) est conditionné par la Sécu à la communication des données générées par l’utilisation des PPC, et à une durée minimale d’utilisation de quatre heures par jour de la machine. Autant de données qui peuvent être télétransmises via un dispositif connecté.
Un marché en plein essor
L’exemple est éloquent. Il témoigne de l’utilisation grandissante d’outils connectés dans la santé. Un marché en essor auquel Smart Tech, l’émission quotidienne dédiée à l’innovation diffusée sur B Smart, était consacrée le vendredi 3 juillet, en présence d’Arnaud Sergent, le directeur général de L.E.K. Consulting en France.
« Avoir sur soi un objet connecté qui permet pendant la journée ou la nuit de faire un électrocardiogramme, de dépister des maladies telles que l’apnée du sommeil qui est souvent sous-diagnostiquée, c’est donner un pouvoir à l’utilisateur. Il peut aller voir son médecin avec un extrait de son électrocardiogramme ou une information sur l’apnée », témoignait en plateau Audrey Rampazzo, responsable marketing Europe et Apac du fabricant d’appareils de santé connectés Withing.
D'après Arnaud Sergent, plusieurs facteurs expliquent la croissance du marché des objets connectés de santé estimé à 50 milliards de dollars en 2018 et qui devrait atteindre 160 milliards de dollars en 2022.
« Les objets connectés de santé sont au croisement de plusieurs tendances fortes : le développement des maladies chroniques, cardiovasculaires ou psychiques par exemple, qui représentent 65 % des coûts de santé en France. Le suivi à distance est particulièrement pertinent pour ces pathologies. De plus, la tendance est à la sortie plus rapide des patients des hôpitaux, où les coûts de santé sont les plus importants, vers des structures moins médicalisées, voire vers le soin à domicile. Les objets connectés vont permettre de suivre les patients dans ces nouveaux environnements. Enfin, s’ajoute un intérêt transverse important pour les données de santé générées par ces objets de la part, à la fois des laboratoires pharmaceutiques, des payeurs, des assureurs privés ou de la sécurité sociale, mais aussi des usagers eux-mêmes», explique-t-il à Consultor.
Les cabinets de conseil se positionnent
Un besoin grandissant sur lequel nombre de cabinets interviennent (relire nos articles ici et là). Jusqu’à nouer des partenariats dédiés comme l’avait fait Roland Berger en 2016 avec Wind River.
Pour L.E.K., le sujet se retrouve à la frontière de plusieurs verticals, les practices maison auxquelles sont rattachées des typologies de clients : pharma/biotech pour les acteurs du médicament, medtech, pour les fabricants de dispositifs médicaux, et les fournisseurs de services de soins (hôpitaux, cliniques, structures plus légères moins médicalisées qui accueillent par exemple les patients dialysés).
Et pousse à davantage de mutualisations : « Il y a encore trois ans, ces verticals travaillaient plutôt côte à côte. On se parlait occasionnellement. Désormais, on croise beaucoup plus et on travaille ensemble », dévoile Arnaud Sergent.
Ainsi L.E.K. a-t-il par exemple pu être sollicité par des laboratoires pharmaceutiques dont un des médicaments s’apprête à devenir générique et s’interroge sur la manière de se repositionner sur un autre mode d’administration du médicament, par exemple à la maison avec un auto-injecteur connecté accessible aux personnes fragilisées. Mais aussi par des prestataires de soins qui réalisent avoir beaucoup de données sur X ou Y pathologies grâce à des objets connectés et s’interrogent sur la manière de les monétiser.
Des croisements qui ne vont pas sans un certain nombre de questions et risques. « Si on prend les objets connectés d’un côté et les données de santé de l’autre, c’est un cocktail explosif. Il y a plus de dix milliards d’objets connectés dans le monde qu’on ne sait plus vraiment compter. Ces objets sont peu ou pas protégés », jugeait Maxime Habert, directeur régional des ventes chez Bitdefender, un groupe de cybersécurité, sur le plateau de B Smart.
Les exemples de failles sont en effet légion dans les objets connectés de manière générales : des portes connectées ouvertes à distance sans l’autorisation du propriétaire, des voitures autonomes envoyées dans le fossé, des ardoises magiques éducatives sur lesquelles un tiers pourrait tout d’un coup afficher des messages hostiles…
Pourtant, l’intérêt du secteur de la santé ne faiblit pas. Et avec lui, les missions de conseil sur le sujet. Chez L.E.K., de plus en plus de demandes entrantes y réfèrent. Au point que le cabinet dédie un nombre croissant d’associés aux technologies de l’information spécialisées dans la santé (health care IT ou ehealth), dont les objets connectés sont un des sujets prévalents. Et le boom reste à venir.
Benjamin Polle pour Consultor.fr
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
pharmacie - santé
- 16/12/24
Clap de fin dans le scandale des opioïdes : pour la première fois aux Etats-Unis, un cabinet de conseil en stratégie est reconnu pénalement responsable d’activités ayant contribué à de graves délits commis par l'un de ses clients.
- 18/10/24
Le géant du conseil s’apprêterait à conclure un accord avec les procureurs américains afin de mettre un terme aux enquêtes fédérales toujours en cours. L’impact financier pour les associés mondiaux serait une nouvelle fois significatif.
- 14/10/24
Vente d’Opella, la branche santé grand public de Sanofi qui produit notamment le Doliprane, tentative de cession – ajournée – de Biogaran par Servier… Que disent ces mouvements des conditions actuelles de la création de valeur dans l’industrie pharmaceutique ? Le regard de plusieurs associés d’Advention, CVA et Eight Advisory S&O.
- 18/07/24
Pierre Kemula, actuel CFO de CureVac, alumni de Kéa et Roland Berger, assurera la direction financière d’Agomab dès novembre prochain.
- 15/07/24
Pour pallier la démission de son directeur général, Virbac nomme l’actuel directeur des Affaires financières du groupe, Habib Ramdani, DG par intérim.
- 20/06/24
Julie Dollé, près de 11 ans de BCG à son actif, vient de quitter le cabinet de conseil en stratégie afin de lancer son entreprise. L'ex-partner spécialisée en développement durable veut créer un réseau de maisons de soins de support (non médicaux) pour les malades atteints de cancer pendant et après la maladie (les Maisons Soma).
- 07/06/24
Après plus de 6 ans passés chez Strategy&, Benoît de Rességuier a rejoint Sanofi Pasteur, la division Vaccins du groupe Sanofi, pour piloter la Capacité opérationnelle et la Transformation.
- 03/06/24
Alumni de Bain & Company, Jean-Charles Brandely, 46 ans, est nommé CEO du groupe MediSup. Un centre de formation privé créé en 1995 dédié à la préparation aux études médicales (30 centres, 7000 étudiants).
- 30/05/24
Ce nouveau rebondissement est lié à l’une des enquêtes lancées par le Parquet national financier (PNF) en octobre 2022, après les conclusions du rapport sénatorial consacré à l’influence des cabinets de conseil externe sur les politiques publiques.