Comment l’hosto britannique est devenu McKinsey addict
C’est l’une des révélations de Walt Bogdanich et Michael Forsythe, deux journalistes du New York Times, auteurs de When McKinsey Comes To Town sorti le 4 octobre 2022 : la place prépondérante prise par McKinsey au sein de l’hôpital public britannique.
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En 1970, après deux décennies d’existence, le NHS (National Health Service) doit se réorganiser. Alors que McKinsey avait mis un pied solide au Royaume-Uni, comme d’autres pays européens, le NHS était resté jusqu’alors vierge de consultants.
Ce ne sera plus le cas, racontent les deux journalistes dans leur récent livre.
McKinsey aide alors à établir The Grey Book, un programme de fusion des soins primaires (consultations généralistes, pharmacies, soins dentaires et ophtalmologie) des hôpitaux et des soins plus locaux, tels que ceux d’infirmerie.
Ces conseils n’ont depuis plus cessé, cinq décennies durant. Les années de pouvoir de Margaret Thatcher ? Du pain béni. « Ce fut “open-bar” pour eux », dit dans le livre Andrew Sturdy, un professeur à l’université de Bristol.
De même sous le gouvernement travailliste de Tony Blair ou de Gordon Brown (cumulativement au pouvoir de 1997 à 2010, ndlr), surtout dans le contexte de l’après-crise de 2008.
En mars 2009, McKinsey remit une présentation de 123 slides où il proposait d’économiser 20 milliards de livres sterling en réduisant les effectifs de la NHS de 140 000 personnes, soit 10 %.
McKinsey avait, par exemple, calculé que 1,7 % du temps de travail des médecins était perdu à des pauses thé, et estimait que 400 millions de livres pourraient être épargnés si les fournisseurs de soin les moins performants parvenaient à « travailler à un rythme standard ».
Autres leviers : réduire le nombre de certains actes médicaux. Ainsi, le cabinet estimait que les hystérectomies pouvaient être réduites de 70 % pour une économie de 80 millions de livres ; 118 millions de livres pour les opérations des genoux.
Nouveau changement de bord politique en 2010 : les Tories reviennent au pouvoir. McKinsey est toujours là. Quelques mois après la prise de pouvoir du gouvernement de David Cameron, le 17 décembre 2010, Ian Dalton, alors haut fonctionnaire et futur directeur de Monitor – l’agence exécutive chargée d’encadrer les finances du NHS – rencontre des consultants de McKinsey. Objet de la réunion : évaluer des possibilités de rachat d’une partie des hôpitaux de la NHS – 10 à 20 d’abord pour ne pas s’attirer les foudres de l’opinion.
Cette proximité entre l’hôpital britannique et McKinsey comme d’autres cabinets de conseil est aussi entretenue par des mouvements de personnes d’un côté à l’autre. On peut ainsi citer le cas de Penny Dash, jeune médecin, qui fut directrice de la stratégie du département d’État à la santé et à la sécurité sociale deux années durant, et qui fut ensuite recrutée par McKinsey. Rien de très étonnant dans son cas : elle arrivait du BCG. Ou, dans le sens inverse, David Bennett, qui devint directeur de la stratégie du Premier ministre après avoir passé 17 ans chez McKinsey.
En 2010, la NHS seule avait dépensé 313 millions de dollars en prestations de conseil pour se réformer. Sans de nets progrès à la clé, poussent les auteurs : ce qui devait se traduire par une simplification de l’organisation de la NHS et des offres de soin plus efficaces se traduisit au contraire par une explosion des charges de structures qui passèrent de 5 à 13 % (entre 1970 et 2003) et un endettement galopant (80 milliards de livres).
Pourtant, quand il a fallu imaginer une réponse à la crise du covid, McKinsey a, de nouveau, été appelé à la rescousse…
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Dominique Barton, CEO de McKinsey, a été l’un des dix dirigeants de grandes entreprises à s’engager en faveur de la parité homme/femme, vendredi 22 janvier à Davos. Les dix patrons se sont fixés pour objectif une parité totale dans leurs entreprises à l’horizon 2020. Selon la définition de l’ONU, la parité est atteinte dès lors que l’entreprise compte entre 40 et 60 % de représentants de chaque sexe.
McKinsey a d’ores et déjà atteint la parité pour son effectif global, ayant au moins 40 % de femmes parmi ses consultants. C’est du côté du senior management que le cabinet américain doit encore faire des efforts, à l’instar des autres signataires de l’appel. Dominique Barton s’est engagé à parvenir à 40 % de femmes partners au moins d’ici 2020. Un objectif ambitieux en si peu de temps, mais les dix dirigeants ont décidé de montrer l’exemple et entraîner avec eux les autres entreprises. Il faut dire que sans un réel sursaut des décideurs, les experts de l’ONU estiment que l’égalité entre homme et femme ne sera pas atteinte avant quatre-vingts ans. Soit plus de trois générations...
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