Info Consultor : Orphoz, la filiale de McKinsey qui paie l'IS
La filiale lyonnaise de McKinsey mise en avant par le cabinet pour justifier de son paiement d’impôt sur les sociétés en France et de l’absence de parjure de son partner au Sénat a été identifiée par Consultor : il s’agit d’Orphoz. Elle a réglé 2,4 millions d’euros d’impôts sur les bénéfices sur les cinq exercices fiscaux allant de 2015 à 2019. McKinsey multiplie par ailleurs les initiatives pour répondre au « scandale d’État » dont toute la classe politique l’accuse.
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Devant le maelstrom déclenché par la publication du rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques, qui indiquait que McKinsey n’avait réglé aucun impôt sur les sociétés en France depuis 2011 (voir notre article), McKinsey a avancé un premier élément de réponse le samedi 26 mars.
Dans un communiqué, le cabinet indiquait qu’« entre 2011 et 2020, McKinsey a payé plus de 422 millions d’euros d’impôts et de charges sociales, soit près de 20 % de son chiffre d’affaires cumulé sur la même période. Toutes les entités de McKinsey en France sont assujetties à l’impôt sur les sociétés. Ainsi, sur la même période, sa filiale de mise en œuvre a payé 6 ans l’impôt sur les sociétés ».
Sans dire de laquelle il s’agit ni combien elle a réglé en impôts.
Orphoz : 2,4 millions d’impôts sur les bénéfices en cinq ans, 51,3 millions d’euros de chiffre d’affaires
La seule filiale de mise en œuvre dont dispose McKinsey en France est sa filiale lyonnaise, Orphoz. Elle a été établie par McKinsey en 2011. Elle regroupait en 2015 (ainsi que l’indiquait alors à Consultor le patron du cabinet en France, Jean-Christophe Mieszala) une trentaine de personnes qui accompagnent dans la durée les entreprises en aidant les équipes dans la mise en œuvre et la préparation au changement. Elle opère également en Allemagne.
Objectif pour McKinsey via cette filiale : vendre du conseil plus opérationnel sans affecter l’image de marque de McKinsey. Elle est par exemple intervenue aux Hospices civils de Lyon (voir notre article) ou à la Caisse des dépôts aux côtés de McKinsey (ici).
Cette filiale, uniquement présente en Europe et qui ne pouvait pas activer le mécanisme des prix de transfert, a réalisé 51,3 millions d’euros de chiffre d’affaires sur les cinq exercices fiscaux 2015 (7 millions d’euros), 2016 (7,1 millions d’euros), 2017 (10,3 millions d’euros), 2018 (12,4 millions d’euros) et 2019 (14,5 millions d’euros).
Sur la même période, cette filiale a payé 2,4 millions d’euros d’impôts sur les bénéfices, soit 0,5 M€ par an en moyenne, ce qui correspond à 4,7 % de son chiffre d’affaires réalisé sur la période.
Cela conforte l’estimation de Consultor selon laquelle McKinsey & Company Inc. France, la société mère domiciliée au Delaware, aurait dû payer un impôt de l’ordre de 9 millions d’euros en 2020. Chiffre obtenu en appliquant les 3 % d’impôts sur les sociétés payés par son grand rival le BCG sur 2018-2020.
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Réseautage chez les anciens
Ce n’est pas le seul levier actionné par McKinsey. Comme l’apprenait La Lettre A, Clarisse Magnin-Mallez, la managing partner de McKinsey en France (voir notre article) a adressé aux anciens du cabinet en France un mail de réassurance.
Elle y réaffirme que l’antenne tricolore du géant américain respecte « l’ensemble des règles fiscales et sociales françaises applicables ». Elle y appelle également à leur soutien : « Comme vous pouvez l’imaginer, ce sont des moments où votre confiance, votre soutien et votre amitié sont particulièrement appréciés. »
En parallèle, toujours selon La Lettre A, de manière plus informelle, les partners du cabinet ont été incités à se rapprocher de leurs clients privés. Enfin, McKinsey a repris contact avec certains élus. L’entourage de Valérie Pécresse a ainsi été approché.
Frédéric Lemoine, l’ancien secrétaire général de l’Élysée sous Jacques Chirac, qui a été senior advisor du cabinet (voir notre enquête), est le coordinateur du projet présidentiel de Valérie Pécresse.
De même qu’Alexandra Dublanche, la vice-présidente de la région Île-de-France, en charge des questions économiques, qui organise pour l’élection présidentielle de 2022 les comités de soutien et coordonne la cellule riposte, a été consultante chez McKinsey de 2006 à 2008 (relire notre article), ou que Maël de Calan, le vice-président du microparti Libres !, a été associate partner chez McKinsey d’octobre 2018 à juin 2021 (là).
Sur le plan de son implication dans le secteur public, le cabinet pourrait amorcer une forme de retrait. Il comptait par exemple parmi les cabinets sélectionnés en décembre 2017 par le ministère de la Défense (voir notre article). Il n’est plus dans le renouvellement de ce marché annoncé par le ministère le 18 mars.
Enfin, sur le plan judiciaire, le Sénat annonçait le 25 mars avoir saisi la justice pour une suspicion de faux témoignage devant la commission d’enquête. Le 18 janvier 2022, Karim Tadjeddine, le partner de McKinsey en charge du secteur public en France, avait déclaré sous serment devant la commission d’enquête sénatoriale : « Je le dis très nettement : nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France. »
Une déclaration que le Sénat soupçonne d’être un faux témoignage sous serment, ce qui est répréhensible pénalement. « Il appartient désormais à la justice de statuer sur ce signalement du Sénat », indiquait la chambre haute du parlement dans son communiqué du 25 mars. À la date de cet article, Karim Tadjeddine, comme l’a appris Consultor dans l’entourage du cabinet, préparait sa défense, mais n’avait reçu aucune assignation de la justice.
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France
- 30/10/24
L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.
- 29/10/24
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Astrid Panosyan-Bouvet, une ancienne de Kearney, et Guillaume Kasbarian, un ex de Monitor et de PMP Strategy, entrent dans le copieux gouvernement de Michel Barnier, fort de 39 ministres et secrétaires d’État. Bien loin des 22 membres du premier gouvernement Philippe ; ils étaient 35 sous le gouvernement Attal.