Insta : le consulting s’y frotte (et s’y pique)
Insta, le réseau social des 18-34 ans, devient tout doucement un outil de com’ pour les cabinets de conseil. Étonnant ? De moins en moins nous disent plusieurs professionnels du conseil en stratégie qui considèrent que leur communication doit se faire plus informelle et plus incarnée. Avec en ligne de mire, un sujet névralgique : la marque employeur et le recrutement. Le revers de la médaille, l’arrivée de @balancetoncabinet, récent compte de dénonciations anonymes des coulisses du secteur du conseil.
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Incroyable mais vrai ! Insta fait partie intégrante de la très sérieuse stratégie de com’ des géants du conseil.
McKinsey est de loin le plus actif et le plus suivi, avec 220 000 abonnés, devant KPMG, Bain & Company, le BCG, Publicis Sapient… (cf. tableau 1). Seuls KPMG et le BCG disposent de comptes France. EY-Parthenon a un compte… vide… zéro publication. La majorité des cabinets du guide de Consultor.fr n’a pas encore sauté le pas.
Et pour cause, tous ne perçoivent pas encore la raison d’y consacrer du temps, préférant se concentrer sur des réseaux sociaux plus évidents à commencer par LinkedIn. Mais les choses changent. Insta est le média de la marque employeur par excellence et donc tout le monde commence à comprendre dans le métier qu’il est essentiel.
Instagram et les cabinets de conseil du guide de Consultor.fr en chiffres (février 2021) |
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McKinsey | 220 000 abonnés | 1 300 publications | |
KPMG | 72 000 abonnés | 723 publications | |
Bain & Company | 63 000 abonnés | 864 publications | |
BCG | 24 000 abonnés | 600 publications | |
Publicis Sapient | 17 600 abonnés | 323 publications | |
Roland Berger | 6 600 abonnés | 545 publications | |
Oliver Wyman | 6 000 abonnés | 414 publications | |
Kearney | 5 767 abonnés | 341 publications | |
KPMG France | 1 541 abonnés | 51 publications | |
BCG France | 1 300 abonnés | 38 publications | |
EY-Parthenon | 184 abonnés | 0 publication | |
Circle strategy | 90 abonnés | 61 publications | |
Mawenzi | 41 abonnés | 10 publications | |
Cylad Consulting | 38 abonnés | 26 publications |
Insta, un public pile poil dans la cible des recrutements
Il faut donc vivre avec son temps et toucher de potentielles recrues là où elles se trouvent. Avec 26 millions d’utilisateurs en France et un milliard dans le monde, Instagram est un bon endroit pour le faire. Surtout que les deux tiers des instagrammeurs ont entre 18 et 34 ans.
« Les étudiants s’en inspirent. Il est leur source d’infos générales et ils voient si les entreprises leur plaisent ou pas. Pour l’entreprise, le compte permet de montrer les backstages. Il a pour but de donner un capital sympathie et une proximité à ceux et celles qui suivent le compte. C’est un outil puissant », assure Armand Loiodice de Montis, jeune fondateur de Beyond Media (en 2018), une agence spécialisée en influence.
Oui, Insta a bien un côté Bisounours qui tranche avec le conseil en stratégie. Certes. Mais tous les jeunes vont sur Insta pour trouver des infos différentes de celles qu’ils trouvent sur les autres réseaux sociaux. Et c’est la raison pour laquelle certains cabinets se disent qu’ils doivent y être à leur tour. C’est ce que confirme aussi un diplômé de l’Edhec, en quête d’un premier poste, qui souhaite rester anonyme.
« On n’en peut plus de voir des costards-cravates et on n’a pas accès aux partners quand on est étudiant. Donc, c’est bien de voir des choses moins formelles de la vie des cabinets, les vacances, les lives hebdos où les consultants racontent une mission... »
En se mettant à pas comptés sur Insta, les cabinets de conseil ont donc décidé de parler différemment à leurs futurs consultants. Sans toutefois être dans une démarche totalement assumée et totalement maîtrisée.
Ainsi, le compte du BCG France, 1 300 abonnés, 38 publications, n’est pas délirant de créativité : portraits de collaborateurs(ices), photos d’une colonie de vacances organisée en 2019 par le CE en Jordanie, ateliers cuisine, cadeaux de Noël, vues des locaux… et un chat !
Un canal de dénonciations
Si Insta est en train de devenir un outil de communication, le réseau social a vu fleurir sur le réseau un groupe potentiellement beaucoup plus critique vis-à-vis des réalités du secteur, dans la veine des #balancetonporc (et des nombreux autres qui ont suivi par exemple #balancetonagency #balancetonstage #balancetastartup #balancetablouse). Le compte @balancetoncabinet, 10 000 abonnés, est clair sur ses intentions : « Dénonçons les pratiques douteuses au sein des cabinets de conseil, audit et métiers de la finance. » « C’est le truc qui fait sensation en ce moment. C’est un compte qui permet de dénoncer ce qui se passe mal dans les cabinets », confirme l’ancien de l’Edhec en recherche d’un emploi dans le conseil en stratégie qui a répondu à Consultor. Ainsi certains cabinets sont pointés du doigt pour mails incendiaires, sexisme, relations détestables, temps de travail, licenciement abusif… Des dénonciations anonymes bien sûr… Mais avec des engagements de droit de réponse du cabinet en cause et de vérification de l’appartenance du témoin à la société mise en cause.
Montrer la vie des cabinets de l’intérieur, de manière moins formelle et communicationnelle
« @BCGinfrance est une page plutôt classique avec la vie de l’entreprise sous tous ses angles. Ils ne communiquent pas sur ce compte pour trouver des clients, mais pour montrer la vie de l'entreprise, ce qui permet entre autres de rassurer et d’attirer vers eux certains profils, stages, alternants, embauches, en leur montrant qu’ils sont mieux que leurs concurrents », analyse Armand Loiodice de Montis.
Le cabinet Cylad Consulting a choisi ce réseau pour son intérêt en termes de marque employeur. « À travers notre page Instagram, nous voulons montrer aux candidats la vie de nos bureaux. Certains de nos abonnés sont des Cyladiens et ce compte Instagram joue le rôle également d’outil de communication interne, sur un registre d’information plutôt léger. À ce jour, nous sommes en phase de test & learn et d’enrichissement progressif de contenu lorsqu’il nous semble pertinent pour ce canal », reconnaît Oriana Lafaille, marketing et communication manager chez Cylad Consulting. 37 abonnés et 26 publications, c’est peu, mais la responsable com’ n’en fait pas sa priorité, à la différence de LinkedIn, qui compte 7 300 followers. Ainsi, news du cabinet, sapin de Noël, aménagement des bureaux, shooting photo forment l’essentiel du contenu du compte @cylad.
Insta s’intègre également dans une logique de marque chez Circle Strategy. Avec un précepte : l’entreprise est de plus en plus une personne à part entière et utilise donc les moyens de communication d’individus. « Insta est le meilleur réseau pour exprimer l’esprit de l’entreprise et le pouvoir émotionnel de la boîte. Les contenus sont de l’ordre de la machine à café, des baskets offertes à tous les collaborateurs, à des chiffres bien ‘’torchés’’, en passant par des facts of the week… On est là pour se divertir, mais pas pour partager des photos de petits chats », appuie Augustin van Rijckevorsel, le CEO de Circle Strategy.
Éviter le cybersquatting
Dernière raison plus prosaïque d’ouvrir un compte Insta : éviter le cybersquatting. Ainsi que le souligne Armand Loiodice de Montis de Beyond Media : « Comme pour tout autre réseau social, ou site internet, un compte Insta est essentiel pour sécuriser le nom, éviter que des petits malins ne l’utilisent, et en fassent n’importe quoi. » Un dernier argument qui pourrait peut-être en convaincre certains.
Barbara Merle pour Consultor.fr
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commentaires (2)
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France
- 30/10/24
L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.
- 29/10/24
Julia Amsellem, qui a rejoint l’entité de conseil en stratégie d’EY en 2017, et Étienne Costes, engagé depuis 2013, font partie des 17 membres du nouveau comex d’EY dans l’Hexagone.
- 23/10/24
C’est une étude coup de poing que le cabinet Oliver Wyman a réalisée à titre pro bono pour le collectif ALERTE (fort de 35 associations, dont Action contre la Faim, Médecins du Monde et ATD Quart Monde) dédié à la pauvreté et à l’exclusion. Elle est intitulée « Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant. » L’une des conclusions plutôt contre-intuitive : combattre la pauvreté par des financements serait un investissement gagnant-gagnant, pour les personnes concernées comme pour l’économie nationale. Les analyses du président d’ALERTE, Noam Leandri, et de Jean-Patrick Yanitch, partner à la tête de la practice Service public et Politiques publiques en France.
- 15/10/24
Début octobre, deux nouveaux partners ont disparu de la liste des associés de la Firme : Guillaume de Ranieri, poids lourd du cabinet où il évoluait depuis 24 ans, et Xavier Cimino, positionné sur une activité stratégique.
- 07/10/24
Doté d’un parcours dédié presque exclusivement au conseil (BCG, Kearney, Accenture - entre autres), Mathieu Jamot rejoint le bureau parisien de Roland Berger.
- 03/10/24
Depuis avril 2024, les arrivées se succèdent : après Jean-Charles Ferreri (senior partner) et Sébastien d’Arco (partner), Thierry Quesnel vient en effet renforcer les forces vives, « pure strat » et expérimentées, d’eleven.
- 02/10/24
Minoritaires sont les cabinets de conseil en stratégie à avoir fait le choix de s’implanter au cœur des régions françaises. McKinsey, depuis les années 2000, Kéa depuis bientôt 10 ans, Simon-Kucher, Eight Advisory, et le dernier en date, Advention… Leur premier choix, Lyon. En quoi une vitrine provinciale est-elle un atout ? La réponse avec les associés Sébastien Verrot et Luc Anfray de Simon-Kucher, respectivement à Lyon et Bordeaux, Raphaël Mignard d’Eight Advisory Lyon, Guillaume Bouvier de Kéa Lyon, et Alban Neveux CEO d’Advention, cabinet qui ouvre son premier bureau régional à Lyon.
- 23/09/24
Retour sur la dynamique de croissance externe de Kéa via l’intégration capitalistique de Veltys – et le regard du PDG et senior partner de Kéa, Arnaud Gangloff.
- 23/09/24
Astrid Panosyan-Bouvet, une ancienne de Kearney, et Guillaume Kasbarian, un ex de Monitor et de PMP Strategy, entrent dans le copieux gouvernement de Michel Barnier, fort de 39 ministres et secrétaires d’État. Bien loin des 22 membres du premier gouvernement Philippe ; ils étaient 35 sous le gouvernement Attal.