Le fonds secret de McKinsey presse les alumnis du cabinet d’investir
Nom de code : MIO Partners, pour McKinsey Investment Office. Depuis plusieurs mois, ce fonds spéculatif sollicite ses « ex » les plus fortunés pour qu’ils investissent davantage.
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Si le private equity fait partie des practices officielles de McKinsey, le fonds spéculatif créé par le cabinet se veut plus confidentiel. Il a vocation à gérer les liquidités des anciens partners de McKinsey. En 3 ans, selon le Sunday Times, les actifs de MIO auraient augmenté d’environ 50 % pour atteindre 48 milliards de dollars.
Et, depuis l’été, le fonds encouragerait les « McKinseyites » à investir davantage auprès de lui. Des sollicitations qualifiées de « pressantes » par l’hebdomadaire britannique, ne s’adressant qu’aux alumnis les plus fortunés du géant du conseil américain. Un type de profil qui ne manque pas chez les anciens du cabinet – de James Gorman, PDG récemment retraité de Morgan Stanley devenu président du conseil d’administration de Disney à Jane Fraser, DG de Citygroup ou Archie Norman, le président du conseil d’administration de M&S, entre autres.
Il faut en effet pouvoir suivre ! Un exemple : dans le cadre des levées de fonds que MIO Partners réalise pour « un fonds à haut risque », la valeur minimale de l’investissement s’élève à 500 000 dollars. Ne pas y toucher pendant 13 ans est par ailleurs une condition sine qua non.
Les arguments du DG de MIO Partners pour y investir
Basil Williams – ex-Merrill Lynch, Barclays Investments et Concordia Advisors, entre autres – a présenté ainsi les avantages du fonds qu’il pilote à d’anciens partners de McKinsey : « Nous fournissons des produits d’investissement distinctifs qui ont généralement surperformé leurs indices de référence respectifs » et qui peuvent être « hors de portée pour la plupart des investisseurs individuels ». Il s’agit notamment de fonds spéculatifs, immobiliers, de capital-investissement, de véhicules d’investissement dans le pétrole et le gaz ou de fonds de dette. MIO opère alors en toute indépendance par rapport aux investissements sous-jacents.
Mais il investit aussi directement par l’intermédiaire de sa stratégie de « macro-trading » en plaçant les liquidités des investisseurs dans la dette souveraine, les matières premières ou d’autres titres. Parfois, MIO Partners parie sur la baisse d’actions individuelles de certaines entreprises ou investit dans des CDS (Credit Default Swaps) pour toucher des indemnités en cas de difficulté.
Une stratégie qui semble très bien fonctionner puisque, selon un ancien associé de McKinsey, ses investissements ont eu « un rendement annuel moyen d’environ 15 % ». Le fonds met par ailleurs à disposition des services personnalisés de gestion de patrimoine et propose même de conseiller les enfants, adultes, des partners.
En 2021, le fonds spéculatif a toutefois écopé d’une amende de 18 millions de dollars infligée par l’organisme fédéral US de réglementation et de contrôle des marchés financiers, la SEC : la séparation entre MIO Partners et McKinsey ne lui apparaissait pas comme « suffisamment solide » pour supprimer le risque de conflits d’intérêts.
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Le McKinsey Investment Office, le fonds d’investissement interne à McKinsey, dont l’existence avait été révélée dans les colonnes du Financial Times en 2016, vient d’être mis à l’amende par le gendarme de la bourse américain. Ce dernier juge que le cabinet de conseil n’a pas mis en place des mesures de contrôle appropriées pour prévenir tout usage inapproprié par les partners du cabinet du fait d’informations non publiques auxquelles ils auraient accès dans le cadre de leurs fonctions de conseil. McKinsey est mis en demeure de mettre un terme à ces pratiques et doit s’acquitter d’une amende de 18 millions de dollars.
MIO Partners a nié avoir commis le moindre acte répréhensible, déclarant qu’il était doté d’une « politique de séparation » afin d’empêcher toute collaboration avec McKinsey.
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