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Monitor racheté par Deloitte ?

Plusieurs contacts concordants en France indiquent que Deloitte serait très proche du rachat du Monitor Group.

Deloitte indique ne pas vouloir par principe 'commenter les rumeurs de bourse'.

Benjamin Polle
24 Sep. 2012 à 02:00
Monitor racheté par Deloitte ?

À peine deux ans après l'absorption avortée de Roland Berger par la branche conseil de Deloitte,  membre de l'un des quatre plus grands cabinets d'audit au monde (avec PricewaterhouseCoopers, Ernst & Young et KPMG), et l'échec similaire du rapprochement entre AT Kearney et Booz & Co, voilà que des rumeurs de fusion dans le secteur du conseil se font plus précises. Selon des informations concordantes recueillies par Consultor.fr qui ne font à ce jour l'objet d'aucune confirmation officielle, des discussions bien avancées ont lieu entre DeloitteTouche Tohmastu Limited, le cabinet d'audit et de services financiers diversifiés domicilié à New York, et Monitor, le cabinet de conseil en stratégie fondé en 1983 par six entrepreneurs liés à la Harvard Business School, dont les frères Mark et Joseph Fuller et Michael Porter.

Ce dernier accepterait de se faire racheter par le cabinet d'audit, sans que le montant de la transaction et sa date puissent être précisés.

Nous évaluons le chiffre d'affaires annuel global de Monitor à 250 millions d'euros, alors que Deloitte Conseil, l'acheteur le plus probable au sein du groupe, cumulait en 2011 près de 10 milliards de dollars de recettes, réparties sur cinq continents en un panel très large de prestations de conseil (de la stratégie, à la refonte des systèmes d'information en passant par le conseil aux ressources humaines...). 

Après la publication du Livre Vert de la Commission européenne sur une réforme de l'audit, l'appétit des auditeurs pour les entreprises de conseil repart de plus belle

La publication en novembre 2011 de Livre Vert de l'audit, voulu par la Commission européenne après la crise de 2008, a freiné jusque-là les ardeurs pourtant latentes des grands de l'audit dans le secteur du conseil.

"Prudents, les Big Four" n'affichent plus leurs dévorantes ambitions, de peur de voir émerger une stricte séparation de l'audit et du conseil", indiquait un spécialiste anonyme aux Échos en date du 28 novembre 2011.

La séparation drastique anticipée des deux activités n'a pas eu lieu. "Les grandes sociétés d’audit devront séparer leurs activités d’audit de leurs autres activités pour éviter tout risque de conflit d’intérêts", écrivait la Commission européenne lors de la remise en novembre 2011 des propositions "règlement sur la qualité des audits des comptes des entités d’intérêt public et de directive pour améliorer le fonctionnement du marché européen de l’audit légal".

Autant dire que la porte n'est pas fermée à des rachats, il suffit de bien les cloisonner juridiquement. 

Après le désamour suscité par Enron - Andersen, les grands de l'audit font de nouveau de l'œil aux cabinets de conseil

Même s'il reste à confirmer, pareil rapprochement entre un cabinet de conseil d'envergure internationale et un gros de l'audit est très crédible. Surtout avec Deloitte, dont la réputation partout ailleurs qu'en France en tant que consultant (voir les classements Vault) n'est plus à faire.

De parole d'auditeur, la croissance de leurs cœurs de métier (l'audit et par extension le fiscal, le juridique et l'expertise comptable) n'a pas molli tant à l'interne que par rachats, ces dix dernières années jusqu'à épuisement.

Chez Deloitte, les chiffres concernant la croissance de ses activités de conseil sont d'ailleurs éloquents. En 2004, 19 500 personnes se consacraient à des activités de conseil  dans les différentes entités juridiques rattachées au groupe , contre 26 900 en 2008 – la progression la plus rapide (+ un tiers d'effectif en seulement quatre ans). Idem à la clôture de l'exercice 2011 où l'activité conseil de Deloitte avait pris 15% en un an, contre 4,7% pour l'audit. Le conseil est le nouveau cheval de bataille de ces entreprises, nous dit un habitué de ce genre de mouvements.

Pour preuve, le récent rachat par KPMG du cabinet de conseil germano-suisse Brainnet, spécialisé dans la construction et l'optimisation de supply chains. KPMG indiquait alors vouloir doubler son activité mondiale de conseil d'ici 2015, pour la porter à 13 milliards de dollars. Un an plus tôt, PricewaterhouseCoopers (Pwc) rachetait PRTM, un cabinet de conseil américain fort de 700 employés dans 18 pays et, là aussi, d'une expertise dans le conseil à l'optimisation des chaînes d'approvisionnement (supply chains).

"L'acquisition de PRTM par Pwc signale davantage encore que deux tendances de fond sont à l'œuvre dans le marché du conseil. La première est une politique d'investissement agressive des plus grandes entreprises d'audit. Presque une décennie s'est écoulée depuis que les "Big Four" ont vendu tous leurs actifs dans le domaine. La deuxième est que n'importe quel spécialiste établi avec un domaine d'expertise reconnu est un candidat potentiel à l'acquisition", notait alors l'Américain Gartner, lui-même consultant dans le domaine des techniques avancées.

Après le scandale Enron et l'implosion d'Arthur Andersen, Deloitte avait extirpé ses activités de conseil dans une nouvelle société indépendante Braxton. Le pôle conseil de Deloitte perdait quelque 5% de CA à la clôture de mai 2002 , contre 6% de croissance du groupe hors conseil. Dans le même mouvement, Pwc Consuling avait été repris par IBM.

Monitor, une cible idéale

Monitor compte parmi les proies qui ont de nouveau la cote auprès des grands de l'audit, nous confirme-t-on par ailleurs. Le cabinet a été approché à plusieurs reprises.

Sans aller jusqu'au grand de l'audit, ce type d'approches confidentielles est d'ailleurs plus la norme que l'exception entre les cabinets de conseil eux-mêmes : en interne on passe son temps à sonder ce que les autres sont en train de faire.

Mais à l'heure où nombre de cabinets cherchent plus à temporiser sur les recrutements, le rachat d'un concurrent n'est pas à l'ordre du jour. Sauf si une maison se juge encore faible dans un domaine et veut renforcer son portefeuille de savoir-faire sectoriel par l'acquisition de ressources externes. Dans le cas présent, Monitor en France se consacre à une écrasante majorité à des prestations de conseil auprès des industriels des secteurs pharmaceutique et de la santé.

Par Benjamin Polle pour Consultor, portail du conseil en stratégie- 24/09/2012

Benjamin Polle
24 Sep. 2012 à 02:00
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2021-11-10 18:23:56
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