Kea lève 23 millions d’euros pour financer sa croissance externe
Après le quoi, le comment. Il y a un an et demi, Kea rendait public son plan stratégique « Darewin » (en octobre 2019). Il prévoyait un doublement du chiffre d’affaires à 100 millions d’euros en 2025 (contre 45 millions d’euros en 2018) et des effectifs à 400 personnes (contre 200 collaborateurs en 2018, dont 170 consultants). Il passait notamment par une politique soutenue de croissance. Kea & Partners annonce à présent la manière avec laquelle il entend financer cette campagne d’acquisitions.
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Le cabinet a bouclé le 18 juin une levée de fonds de 23 millions d’euros. Une somme levée pour partie en capital auprès du Crédit Mutuel Equity qui prend une participation minoritaire au sein du cabinet de conseil, et pour une autre partie par endettement auprès d’un pool bancaire emmené par LCL aux côtés de la Banque Palatine, la Caisse d’Épargne et la Banque Postale – les banques historiques de Kea hormis la Banque Postale qui est nouvelle venue.
Ce financement bouclé, Kea cherche à présent à effectuer deux opérations supplémentaires de rapprochement en 2021 – après l’intégration du spécialiste de la conduite du changement Arkos avec lequel des négociations exclusives avaient été engagées à Noël 2020 et viennent d’être bouclées – le 18 juin également.
30 à 35 millions d’honoraires
Kea cherchera ensuite à effectuer deux à trois rapprochements chaque année, en 2022 et 2023, soit près de sept d’opérations au total. « Nous cherchons à intégrer 30 à 35 millions d’euros d’honoraires annuels », dit Arnaud Gangloff, le PDG de Kea & Partners et du groupe Kea.
Des acquisitions par lesquelles le cabinet entend se renforcer dans plusieurs secteurs (pour environ deux tiers des rapprochements) : par exemple la santé, les utilities, l’aéronautique, quand bien même il est actuellement exsangue. Kea veut également se muscler dans plusieurs compétences, le digital et la technologie, mais également la transformation responsable dont le cabinet a fait un cheval de bataille depuis qu’il est devenu en 2020 une entreprise à mission.
Concrètement, au côté de Pact, la holding préexistante qui porte l’ensemble des activités du groupe Kea et dont sont actionnaires les partners du cabinet ainsi que l’ensemble des consultants qui ont fait le choix d’acquérir des actions, ce qu’ils peuvent faire rapidement dans leurs parcours, une nouvelle holding est créée. Elle accueillera les nouveaux partners qui seront enrôlés dans le groupe Kea au terme de sa campagne de rapprochements – avec l’ambition que le nombre total des associés passe de vingt-cinq aujourd’hui, à quarante demain.
« Nous voulons faire venir à nous et aller vers des entrepreneurs du conseil qui ressentent le besoin d’une certaine masse critique, sans se faire diluer », explique Arnaud Gangloff quant à la philosophie de cette stratégie de croissance externe.
En cela, Kea est très fidèle à sa jeune histoire – le cabinet fête ses 20 ans cette année et n’a cessé d’ajouter des activités à son noyau historique de conseil en stratégie dans le retail. Aujourd’hui, le groupe compte KeaPrime (filiale à 100 %), sur le sujet de la transformation des organisations, Tilt Ideas (filiale à 100 %), spécialiste de l’innovation prospective, Euclyd, spécialiste de l’accélération digitale, Veltys, spécialiste de la data intelligence, Kea executives, l’activité de coaching de dirigeants et, tout récemment donc, Arkos, spécialiste de la conduite du changement.
L’idée sera donc dans les mois qui viennent d’ajouter de nouvelles briques à cet écosystème dont le cabinet fait une marque de fabrique où chacun peut conserver sa marque, s’intégrer opérationnellement et capitalistiquement autant qu’il le souhaite.
Au prix de l’indépendance avec l’entrée d’un fonds au capital du cabinet ?
« Crédit Mutuel Equity rentre dans le capital en appui de notre projet de build up industriel. C'est un partenaire financier robuste capable de nous accompagner sur le long terme, filiale de la première banque française à être devenue une entreprise à mission qui est active sur des sujets similaires aux nôtres tels que la transition alimentaire. J’ai rencontré 20 acteurs différents et c’est avec eux que j’ai trouvé la meilleure adéquation. De plus, Crédit Mutuel Equity restera minoritaire, et nous laisse toute latitude du point de vue opérationnel », défend Arnaud Gangloff.
Qui rappelle par ailleurs que l’attelage equity-dette avait été envisagé par Kea dès les premières recherches de financement en mars 2020 : « Avoir un fonds à bord, qui signe sur la foi d’une due diligence extensive, était une réassurance de poids pour le consortium bancaire auprès duquel nous levons de la dette. »
Discussions en cours avec une quinzaine de structures
L’accord conclu entre Kea et ses bailleurs intervient au moment même où Exton annonçait son rachat par Accenture, donnant encore plus de poids à l’hypothèse selon laquelle le marché du conseil serait entré dans une phase de consolidation soutenue (relire notre article). « Nous choisissons de croître par croissance externe pour deux raisons conjoncturelles : parce que les sociétés historiques d’audit se développent fortement dans le conseil et parce que le secteur se consolide assez fortement. On pouvait soit devenir un cabinet spécialiste, du retail par exemple, soit embrasser une volonté plus globale. On a opté pour ce second choix parce que nous pensons qu’il y a de la place pour un groupe de conseil d'origine française de 400 consultants, avec une vision du métier faisant référence sur le marché », appuie Arnaud Gangloff.
Une période de consolidation qui ne sature pas les possibilités de rapprochement. Du moins aucune des quinze structures avec lesquelles Kea est pour l’heure en discussion ne lui a filé sous le nez. Prochaine annonce de rapprochement à l’automne, avant les suivantes.
Benjamin Polle pour Consultor.fr
Crédit photo : Adobe Stock.
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