+40 % : Simon-Kucher fait bondir son partnership
C’est une évolution pour le moins rarissime et ambitieuse. Simon-Kucher fait croître d’un coup son partnership de 40 % en ce début 2023. Dans une conjoncture économique plutôt sombre, les leviers de croissance seraient la réponse gagnante pour ce cabinet qui vise le milliard de chiffre d’affaires au niveau mondial en 2027.
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18 partners à Paris (ils étaient 13 en 2022) : telle est la photographie 2023 de la gouvernance chez Simon-Kucher. Un record pour le bureau français créé en 2000.
Un cabinet qui promeut ainsi en ce début 2023 pas moins de cinq associé(e)s : Laura du Repaire (Transaction Services/PE), Clémence Cahuzac (LifeSciences), Ludovic Passet et Luc Anfray (Industrials), Sébastien Vincent (Loisirs/Tourisme/Transports).
Le cabinet a également fait une belle prise en captant un associé externe, plus de 20 ans d’expérience en banque et assurance, afin de créer une nouvelle practice Assurance qu’il va diriger dès son arrivée sous quelques semaines. Ce recrutement externe de partner est une première pour le bureau parisien depuis ses débuts en 2002, et l’arrivée de Kai Bandilla, associé transfuge de Roland Berger.
L’associé membre du board, Rob Dumitrescu, 19 années de maison Simon-Kucher, rejoint quant à lui le bureau de New York, « tout en restant actif auprès de clients français, les acteurs du secteur Health étant par nature globaux », comme tient à le préciser David Vidal, son managing partner France, Europe du Sud et Amérique latine.
Avec 33 % de femmes dans son partnership 2023, Simon-Kucher devance aussi allègrement l’ensemble des cabinets de conseil en stratégie en termes de féminisation de sa gouvernance. Une excellente nouvelle pour les équipes en France, « on y travaille, mais je ne savais pas qu’on avait atteint ce ranking, c’est vraiment une fierté de lire ça », se félicite le managing partner.
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17 %. Tel est le ratio en 2022 des femmes partners dans les cabinets de conseil en stratégie comptant plus de 10 associés. Figé, ou quasi, depuis 5 ans. Et seulement 6 points de plus en 12 ans. Qu’il est long le chemin de l’accès au partnership pour les consultantes.
Un sujet clef : la croissance
Cette salve de promotions avait été déjà annoncée par la gouvernance du cabinet l’été dernier, et ce, pour faire face à la croissance exponentielle du cabinet en France. « Nous avons réalisé 25 % de croissance en 2022. En moyenne depuis la création du cabinet, le taux est de l’ordre de 18 à 20 %, hors 2009 et année covid. Nous sommes sur un très beau positionnement topline et pricing en ce moment. Nous sommes beaucoup sollicités sur le sujet de l’inflation et des problématiques de croissance. Car lorsqu’on rentre en récession, il faut plus que jamais activer les leviers de croissance », partage David Vidal.
Cette croissance inédite du partnership apparaît pourtant comme une « évolution naturelle » aux yeux du patron du bureau France, au vu de la maturité de chacun des promus qui revêtent les habits d’associé(e)s. Cette évolution se réalise sans augmentation de capital, dans le cadre d’une redistribution classique. « Ils ont accès au partnership et peuvent acheter des actions au sein du partnership global, des actions libérées par le départ d’associés aux quatre coins du monde. »
Des secteurs cibles
La gouvernance renforce d’abord la plupart de ses secteurs de prédilection (consumer/retail, TMT, industrials, lifesciences, financial services). Deux associés, Luc Anfray et Ludovic Passet, sont ainsi promus au sein de la practice Industrials, venant ainsi compléter ce gros secteur, à forts enjeux, et une brochette déjà copieuse de cinq associés.
Marquant ainsi la volonté du cabinet de peser encore plus sur les industries sur lesquelles le cabinet est déjà bien présent, l’automobile, la logistique, la chimie, la construction, et leurs méga enjeux de transformation face au verdissement de leurs activités alors que les prix de l’énergie explosent.
Autre secteur renforcé, celui des loisirs, du tourisme et des transports, très impacté par le covid, avec la promotion de Sébastien Vincent à la tête de la practice, sans partner depuis le départ de Damien Robert en février 2021.
Mais comme l’annonce David Vidal, le cabinet Simon-Kucher veut plus que cela. Alors, le partnership a décidé d’activer de nouvelles compétences, externes cette fois. « Nous mettons ainsi en place de nouveaux leviers de croissance, notamment en faisant appel à un partner externe, un recrutement latéral, qui arrive avec ses connaissances très pointues et va faciliter la construction de notre carnet d’adresses dans ce gros secteur. Cela va compléter la practice Banking que gère Florent Jacquet », souligne David Vidal. Une nouvelle practice Assurance à venir donc pour le cabinet et une équipe en constitution avec des recrutements externes en 2023.
Focus sur le Private Equity
Le managing partner France de Simon-Kucher reconnaît aussi la résilience de ce cabinet, à ses yeux, moins sujet aux à-coups que certains de ses confrères, drivés par une activité M&A extrêmement fluctuante selon la conjoncture, en croissance soutenue en 2020 et 2021, en ralentissement en 2022, et avec de fortes inquiétudes pour 2023. Cela n’empêche cependant pas la gouvernance de vouloir se positionner plus clairement sur le secteur du PE, en créant la ligne de services « Transaction Services/Private Equity », dirigée par l’associée nouvellement nommée, Laura du Repaire.
« C’est une façon de mieux servir les fonds, de façon dédiée, alors que nous le faisions de manière plus réactive historiquement, avec une demande des fonds qui n’a cessé de s’amplifier sur nos sujets au fil des années. Nous voudrions être plus présents en amont des deals pour accompagner les acquéreurs sur l’identification des enjeux et leviers de croissance de leurs cibles d’acquisition. Notre objectif : devenir référents sur l’évaluation du potentiel de croissance des sociétés qui feront l’objet d’une vente », prévient David Vidal. Car si le secteur PE connaît un ralentissement depuis la mi-2022 dans un contexte de guerre en Ukraine, d’explosion des prix de l’énergie, et d’inflation qui va s’installer durablement, le positionnement de ce cabinet sur le potentiel de croissance devrait lui assurer une certaine pérennité de l’activité PE.
Un pari risqué pour l’expert pricing ?
Faire croître le partnership en un one shot de 40 %de 13 à 18 associés, n’est pas anodin. Forcément. Un risque de déséquilibrer la gouvernance de ce cabinet de 120 consultants à Paris en 2022 ? Plutôt de nouveaux enjeux pour trouver de nouveaux équilibres, selon David Vidal.
Un sujet cœur qui a été anticipé et est travaillé au quotidien. L’un des gages de réussite de cette nouvelle équipe dirigeante : des promotions massivement effectuées en interne qui facilitent l’agrégation. « La plupart des gens se connaissent bien, les nouveaux associés font un peu partie de la famille, assure David Vidal, mais il y a quand même un effet taille et nous sommes en train d’ajuster le fonctionnement de la gouvernance pour conserver la proximité. Au sein de l’équipe consumer, les quatre partners vont par exemple créer leur propre écosystème de travail. » Il y aurait même des côtés très positifs à cet élargissement rapide d’après Alix Nepveux, promue en 2019. « À 10 partners, on se posait moins de questions. À chaque taille, il faut trouver de nouvelles façons de travailler et accompagner les changements. » Pour cela, autre nouveauté, Simon-Kucher s’est aussi doté d’un chief of staff, Antoine Bazin, directeur, et qui a été consultant plusieurs années pour le cabinet. « Il est important que quelqu’un accompagne de très près notre transformation et nous aide à répondre aux questions qui émergent en permanence pour gérer notre croissance, que ce soit la gouvernance, le staffing, les nouveaux bureaux, et bien d’autres choses encore », concède David Vidal.
Avec ses gros objectifs de développement, 440 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021 au niveau mondial, plus de 530 M€ en 2022, 750 M€ visés pour 2025, et un milliard d’euros d’ici à 2027, Simon-Kucher souhaite rapidement se donner les moyens de ses ambitions. L’avenir dira si cette stratégie de croissance rapide sur le court terme, en cette période particulièrement troublée et imprévisible, est la bonne.
Les nouveaux associés
Laura du Repaire, responsable du nouveau pôle Transaction Services/Private Equity, est entrée chez Simon-Kucher Paris après un magistère Banque, Finance, Assurance de l’université Paris-Dauphine (2011), complété par un diplôme de l’ESSEC en 2012.
Clémence Cahuzac, docteur vétérinaire, diplômée de l’École Nationale Vétérinaire de Maisons-Alfort (2009), a ensuite bifurqué vers une grande école de commerce, l’ESSEC également (2012). Après une expérience chez l’un des géants de la pharma mondiale, GlaxoSmithKline (GSK), comme responsable Europe pricing et accès au marché à Londres, Clémence Cahuzac est entrée chez Simon-Kucher Londres au sein de la practice Life Sciences en 2013, avant de rejoindre l’équipe parisienne en 2016.
Ludovic Passet, ingénieur de Centrale Nantes (2003) et de l’université technique de Munich (2005), complété par un mastère de l’ESSEC (2006), a évolué au sein de trois cabinets de conseil en stratégie. Il a débuté chez Simon-Kucher (entre 2006 et 2010), a rejoint Advancy pendant sept ans (où il a été promu Principal), puis EY-Parthenon en 2017, un cabinet où il a été promu Associate Partner en 2018. Puis un retour chez Simon-Kucher en 2021 afin de renforcer l’équipe Industrials.
Luc Anfray, diplômé d’AgroParisTech (promo 2006), autre nouvel associé de la practice Industrials, basé à Bordeaux depuis quelques mois dans le cadre de l’ouverture d’antennes locales en région, a eu une première expérience de consultant de quelques mois chez Eurogroup, avant d’entrer dans le cabinet expert en analyse concurrentielle, YKems, entre 2008 et 2018, où il sera promu Principal. Durant ces dix années, Luc Anfray partira durant un an et demi chez EDF comme analyste de marché (entre 2011 et 2013). Il était Senior director chez Simon-Kucher depuis 2019.
L’associé dédié au pôle Loisirs/Tourisme/Transports, Sébastien Vincent, diplômé de l’ISAE-Supaéro (promo 2011), a fait ses armes de consultant en stratégie chez Lufthansa Consulting à Cologne (2011-2013), puis chez Seabury Consulting à Londres (devenu une entité d’Accenture), avant d’arriver chez Simon-Kucher Paris en 2016, comme senior consultant. Sébastien Vincent a été promu Manager en 2017 et Director en 2019.
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