Quel MBA pour devenir partner en France ?
Faut-il passer par un MBA pour devenir partner ? Si oui, lequel ? Notre dossier révèle que, si le MBA n’est pas un passage obligatoire, il maximise les chances en la matière. Les pratiques divergent du tout au tout d’un cabinet à l’autre.
Consultor a analysé le parcours de 242 partners actuellement en poste en France dans douze cabinets en France*. Une étude qui permet de dégager un état des lieux des MBA que préparent les partners.
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Avant d’entrer dans le vif du sujet, les données concernent uniquement les consultants qui sont déjà partners. Ainsi, les diplômés de MBA des cinq dernières années, sauf de très rares exceptions qui sont déjà devenues partners, ne sont pas pris en compte dans ce dossier. Les éléments qui suivent ne préjugent pas de la qualité actuelle d’un MBA, ni n’établissent un classement entre eux.
Arnaud Montebourg approves this message
Le made in France, ce n’est pas que des vareuses et des robots mixeurs. L’excellence académique est également l’un des atouts de l’Hexagone. Un fait qui permet aux consultants de rester dans le pays lorsqu’ils souhaitent faire leur MBA. Ils sont 58 % à l’avoir suivi en France, contre 40 % aux États-Unis et 2 % à Lausanne (IMD, Suisse). Un cocorico que l’on doit bien sûr à l’INSEAD.
L’institution a formé à elle seule 49 % des partners qui ont choisi de suivre un MBA. Derrière, loin derrière, viennent Harvard (10 %) et Wharton (7,2 %). A noter pour cette dernière que tous les diplômés l’ont été avant 1993.
En France, en dehors de l’INSEAD, peu de salut. HEC a accueilli trois partners en MBA, toujours avant les années 2000. Le MBA de HEC, loin d’être mal classé (15e selon le Financial Times ; 9ème selon The Economist), semble boudé par les diplômés d’écoles de commerce. Il a été suivi uniquement par des consultants issus d’études d’ingénieur. Au-delà du classement du MBA lui-même, il faut également y voir un phénomène que nous évoquerons plus loin : les diplômés d’écoles de commerce, et particulièrement ceux de HEC, ont moins tendance à effectuer un MBA.
Le MBA, utile pour entrer dans le conseil
Le constat principal de cette étude, c’est que 28,5 % des partners sont titulaires d’un MBA. Le cursus n’est donc en rien un passage obligatoire pour les consultants qui veulent grimper les échelons. Pourtant il aide. D’après une étude Consultor, seuls 15 % des consultants en stratégie en France, tous grades confondus, sont titulaires d’un MBA.
Les partners sont donc proportionnellement plus nombreux à être titulaires d’un MBA. Certains parce que leur cabinet leur a financé, détectant en eux le potentiel pour devenir partner. Ils sont vingt-quatre, soit 35 % du total, à avoir suivi un tel cursus alors qu’ils étaient déjà consultants. Pour les 65 % restants, le diplôme complémentaire est utilisé comme une porte d’entrée dans le conseil.
En moyenne, les professionnels qui choisissent de suivre un MBA le font cinq ans et demi après leur entrée sur le marché du travail. Cette moyenne est quasiment équivalente que l’on soit déjà consultant ou non au moment de reprendre les études.
Parmi les plus jeunes partners, la mode n’est clairement pas au MBA. Seuls 14 % de ceux qui sont entrés sur le marché du travail à partir des années 2000 ont depuis suivi un MBA. Dans ce cas, ils ont tous vu leur diplôme financé par leur employeur. Cela ne veut pas dire pour autant que le MBA ne fait plus recette. Il faudra sans doute simplement un peu plus de temps pour voir apparaître des partners entrés dans le conseil à la suite d’un troisième cycle.
Un Américain, ça paie énormément
Assez logiquement, lorsqu’un professionnel déjà consultant suit les cours d’un MBA, il le fait grâce à son employeur. Vingt des vingt-quatre partners ont continué à travailler pour le cabinet dans lequel ils étaient avant leur(s) année(s) d’études supplémentaires.
Pour les quatre restants, la possibilité est forte pour que le MBA ait été payé par un cabinet et que, choisissant de changer d’employeur leur diplôme en poche, ils aient « racheté » les frais de scolarité à leur ancien cabinet.
A Paris, c’est le BCG qui finance le plus de MBA à ses équipes (en volume). Parmi les partners qui ont suivi un tel cursus, 46 % travaillaient déjà pour le cabinet. Un chiffre à mettre en perspective avec la politique du BCG, qui est loin d’être le plus gros consommateur de MBA parmi ses partners (paragraphe suivant).
McKinsey, très clairement porté sur le MBA, a pris en charge la scolarité dans 40 % des cas. Les 60 % restants ont suivi leur MBA avant d’entrer dans le conseil. D’autres cabinets financent également des MBA, mais les données statistiques sont faibles (Bain et A.T. Kearney en particulier).
Français et Américain tout aussi consommateurs de MBA
Il serait faux pour autant de croire que le MBA est un outil uniquement prisé des cabinets Anglo-Saxons. Bien sûr, les moyens mis en œuvre par des cabinets globaux, ainsi que leur ancienneté, leur permettent d’avoir un taux de MBA important dans leur partnership. C’est surtout le cas de McKinsey, L.E.K Consulting et A.T. Kearney (tableau ci-dessous).
Pour autant, la nationalité ne fait pas tout, ni même l’âge du cabinet. La politique interne est plus importante que l’origine de la société ou ses moyens financiers ; Bain et BCG semblent beaucoup moins friands de MBA, tandis qu’Advancy et OC&C font clairement jeu égal avec eux.
Le MBA privilégié par les ingénieurs
La répartition dans le partnership global français se fait à parts égales entre ingénieurs (49,6 %) et diplômés d’écoles de commerce (50,4 %). Mais si l’on s’intéresse au sous-groupe de ceux qui ont suivi un MBA, les ingénieurs y représentent 60 %. Par ailleurs, 33 % des partners ingénieurs ont un MBA, contre 22 % des partners issus d’écoles de commerce.
L’une des explications réside en partie dans le désir de certains ingénieurs de compléter leur formation par un cursus business.
On peut alors regarder du côté du rang de l’école. Certains utilisent un MBA prestigieux pour compléter un diplôme initial qui ne correspond pas aux critères de recrutement des cabinets de conseil. Là encore, cette interprétation ne fonctionne pas dans tous les cas. Plus de 50 % des partners ayant suivi un MBA, qu’ils soient ingénieurs ou anciens d’écoles de commerce, sont diplômés d’une école du top 3.
Chez les ingénieurs, le rang de l’école importe au moment de faire un MBA. Les deux principales écoles pourvoyeuses de partners sont l’X et Centrale Paris. Ce sont également celles pour lesquelles le taux de MBA est le plus important. 37 % des partners centraliens et 37 % des X ont suivi un MBA. En revanche, ce taux descend à 20 % pour les diplômés des Mines Paris et de Télécom ParisTech.
Ces deux écoles fournissent malgré tout un nombre important de partners, écartant en grande partie l’argument selon lequel les diplômés des deux premières écoles, ayant plus vocation à devenir partners, se verraient plus facilement payer leur MBA. D’ailleurs, un seul polytechnicien a vu son MBA financé par un cabinet, contre cinq centraliens, deux Télécom Paris et deux mineurs.
Le constat est inversé chez les diplômés d’écoles de commerce. Le nom de l’école d’origine est plus important, sans être déterminant. Sur les trente-huit diplômés de HEC, ils ne sont que deux à être titulaire d’un MBA, toujours avant 1993. L’ESSEC, elle, semble appeler plus facilement un MBA par la suite. 29 % des partners anciens étudiants de Cergy ont par la suite suivi un MBA. Difficile d’analyser en revanche les autres écoles, compte tenu de la taille de l'échantillon.
À simple titre d’information, on peut noter qu’un seul des dix partners issus de l’ESCP a suivi un MBA (il était déjà dans le conseil). Au contraire, trois des six partners issus de l’EM Lyon ont eux aussi suivi un MBA : deux pour entrer dans le conseil et un autre alors qu’il était déjà consultant.
In fine, on peut retenir que les MBA ont une utilité indiscutable et constituent un beau tremplin pour une carrière dans le conseil de direction générale. L’investissement INSEAD ou Harvard paie. Pour autant, il n’est pas une garantie et encore moins une obligation, surtout si l’on est déjà dans le conseil.
*Advancy, A.T. Kearney, Bain & Company, The Boston Consulting Group, Kea & Partners, L.E.K. Consulting, McKinsey & Company, Monitor Deloitte, OC&C, Oliver Wyman, Roland Berger et PMP Conseil.
Gillian Gobé pour Consultor.fr
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