le media indépendant du
conseil en stratégie

icone burger fermee

rechercher sur le site

icone recherche

Six mois après, les impacts du covid dans le conseil

Où en sont les cabinets de conseil en stratégie six mois après le premier confinement et alors que vient de démarrer le deuxième ?

Les chiffres que publie le Syntec Conseil dans son rapport annuel – dont Consultor donne un aperçu en avant-première – montrent que le choc est bien tangible. Ce rapport annuel met en avant que les 250 cabinets de tout type de conseil adhérents du Syntec – dont 80 cabinets en management et stratégie, notamment Bain, L.E.K, MarsMcKinsey et Roland Berger  – enregistrent un recul de 10 % de leur activité, qui devrait perdurer jusqu’à la fin de l’année.

Benjamin Polle
10 Nov. 2020 à 09:09
Six mois après, les impacts du covid dans le conseil

Le premier trimestre 2021, où les allers-retours confinement et déconfinement sont redoutés, est envisagé avec beaucoup d’incertitudes. Par ailleurs, la branche fait état d’une contraction des effectifs de 2 %. Consultor a interrogé le président du Syntec, Matthieu Courtecuisse.

Consultor : En plein confinement de mars à mai, votre syndicat faisait état d’une baisse moyenne d’activité de l’ordre de 30 à 40 % des cabinets de conseil en management et stratégie. Désormais, vous parlez d’un recul de l’ordre de 10 % en 2020. La crise du covid aura été moins rude que prévu dans la branche ?

Matthieu Courtecuisse : Effectivement, le choc a été un peu moins sévère que ce qu’on attendait en temps réel. Les cabinets ont repris 5 à 10 points d’activité par mois depuis le déconfinement de mai. On reste toujours à un niveau inférieur du rythme de février. L’économie française reculera d’environ 10 % en 2020. Les cabinets de conseil en management et stratégie sont dans le même étiage. Clairement, certains secteurs parmi les plus durement touchés, à l’instar du tourisme ou du transport aérien, ou directement visés par des mesures de fermeture administrative comme la restauration, n’achètent plus de conseil, ou si peu. Ce n’est pas le cas dans les secteurs qui ne sont que secondairement concernés par l’impact de la crise où les mesures de soutien à l’économie ont joué leur rôle.

Comment les cabinets envisagent-ils la fin 2020 ?

En mars, il y avait des airs de saut dans l’inconnu et les entreprises clientes allaient très loin dans l’anticipation. Rien de similaire cette fois-ci. Pour ce second confinement, les entreprises savent à quoi s’attendre. Les carnets de commandes restent bien orientés jusqu’à la fin 2020 quoique le confinement aille avec son lot de difficultés supplémentaires. Regardez dans le private equity : le premier confinement fut un vrai choc, et rien ne s’était passé pendant trois à quatre mois (relire notre article). Là, on est davantage sur des difficultés pratiques de management meetings qui peinent à avoir lieu, de process d’intégration ralentis ou des changements d’actionnariats annoncés par Zoom. Toutes ces difficultés ont pour conséquence un moindre nombre de missions de due diligence stratégiques achetées.

Et le début 2021 ?

Il règne davantage d’incertitude, avec la peur d’un stop-and-go permanent, et avec lui une l’incertitude qui se généralise. Les cabinets de conseil se sont redéployés dans l’agroalimentaire, dans les biens de consommation, dans les banques et les assurances. Pour eux, la crise marque une forte poussée vers la transformation digitale pour laquelle ils sont très souvent sollicités. Qui dit crise dit aussi consolidations où ils ont aussi un rôle à jouer.

Des consolidations pourraient-elles avoir aussi lieu dans le conseil en stratégie directement ?

Je ne vois pas de discussions avoir lieu en ce moment. En milieu d’année prochaine, pourquoi pas. Je ne vois en tout cas pas d’opérations d’ampleur se faire très rapidement.

Le 10 septembre 2020, la Fédération Syntec – dont le Syntec Conseil est l’un des membres – a signé un accord sur le dispositif spécifique d’activité partielle de longue durée. Quels en sont les impacts dans le conseil en stratégie ?

La Fédération Syntec représente un nombre important d’acteurs très liés à l’aéronautique. Il est normal que la fédération cherche à les accompagner dans ce cycle de crise, dans lequel ils souffrent durement. En revanche, peu d’entreprises de conseil en stratégie ou management auront recours à un dispositif d’activité partielle de longue durée. D’ailleurs, si 95 % des cabinets ont recouru au chômage partiel entre mars et mai, pour 30 % de leurs effectifs en moyenne, ils ne sont plus que 10 % à le faire à ce jour. Il s’agit de structures de petite taille ou spécialistes de missions de coaching, d’ateliers, de change management, dans lesquelles le volet présentiel est prédominant. 

Dans une récente interview au Figaro, vous alertiez sur les impacts de la crise sur la capacité de votre branche à embaucher les jeunes diplômés. Qu’en est-il dans le conseil en stratégie ? Faut-il anticiper un tarissement durable des embauches à l’entrée dans les cabinets ?

En règle générale, 20 % des effectifs de consultants en management et stratégie sortent chaque année vers l’industrie. Ce qui explique les volumes importants de recrutements de profils juniors qui interviennent dans la filière. Depuis le déclenchement de la crise sanitaire, la dynamique n’est plus la même.

Les cabinets de conseil en stratégie et management recrutent nettement moins – ils sont 10 à 20 % à le faire quand en temps normal ils sont 80 à 90 %. Même les plus gros cabinets de conseil en stratégie recrutent moins (relire notre interview avec le patron mondial des recrutements chez Bain). De plus, les clients de missions de conseil débauchent deux fois moins de consultants qu’en temps normal. Clairement, les gens n’ont pas pour premier réflexe en ce moment de changer d’employeur.

Pour toutes ces raisons, nous poussons auprès du gouvernement pour que la prime de 4 000 euros créée en juillet 2020 pour toute embauche de personne de moins de 25 ans effectuée entre août 2020 et janvier 2021 soit prolongée dans le temps et élargie au-delà de deux SMIC par mois. Ce qui pour le conseil en stratégie est limitatif : les jeunes recrues démarrent souvent au-delà de ce plafond. Nous instruisons cette demande auprès des ministères du Travail et de l’Enseignement supérieur notamment avec la Conférence des grandes écoles, car les conseils en stratégie et management sont les premiers recruteurs des grandes écoles françaises.

Propos recueillis par Benjamin Polle pour Consultor.fr.

McKinsey Bain & Company L.E.K. Consulting Roland Berger Mars & Co
Benjamin Polle
10 Nov. 2020 à 09:09
tuyau

Un tuyau intéressant à partager ?

Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !

écrivez en direct à la rédaction !

commentaire (0)

Soyez le premier à réagir à cette information

1024 caractère(s) restant(s).

signaler le commentaire

1024 caractère(s) restant(s).
6 - 1 =

France

  • Départ d’un partner de Circle Strategy pour un cabinet de conseil en transformation
    24/12/24

    Il avait rejoint Circle Strategy en 2022, promu partner un an plus tard : Jean-Baptiste Prache a quitté le cabinet pour devenir directeur Stratégie Transformation Innovation chez Bartle.

  • Objectif durable pour Accuracy Strategy et sa nouvelle associée
    20/12/24

    Elle a rejoint le cabinet en septembre 2023 et vient d’être nommée partner : Sophie Chassat a désormais pour mission de soutenir le développement d'Accuracy sur les enjeux de transition.

  • Les bureaux parisien et lyonnais de McKinsey perdent 3 associés
    18/12/24

    McKinsey France enregistre trois nouveaux départs : le senior partner Pierre-Ignace Bernard, près de 30 ans de maison, ainsi que les partners Jérémie Ghandour, arrivé en 2013, et Timothée Fraisse, qui avait rejoint le cabinet en 2018.

  • Bain prend ses aises au sein du très chic Espace Kléber
    16/12/24

    Depuis décembre 2017, Bain & Company occupe plusieurs étages de cet ensemble immobilier situé au 25 de l’avenue éponyme. Plus de 1 000 mètres carrés supplémentaires vont s’ajouter aux 4 500 mètres carrés dédiés au cabinet jusqu’à présent.

  • Le fondateur de Circle prend la direction d'un futur Netflix du gaming
    13/12/24

    Augustin van Rijckevorsel, l’iconoclaste et hyperactif fondateur et ancien CEO de Circle Strategy (jusqu’en 2023), devenu producteur de musique et investisseur, s’est lancé dans une nouvelle aventure.

  • Le cost killer Musk fait-il des émules en France ?
    10/12/24

    Cost killing. Après l’avoir mis en pratique au sein de X, de Tesla et de SpaceX, Elon Musk l’annonce comme sa future success-story à la tête de l’efficacité gouvernementale. Un buzz mondial. La méthode « à la hache » muskienne fait elle des émules parmi les dirigeants français en mal de productivité dans un contexte économique et géopolitique actuel pour le moins instable ? Veulent-ils, peuvent-ils s’en inspirer ? Le point de vue de quatre partners de cabinets intervenants sur la délicate question de réduction des coûts : Alban Neveux d’Advention, Romain Grandjean d’Avencore, Paul-André Rabate de CVA, et Thomas Chevre de Strategia Partners.

  • Kéa finalise la première phase de son plan de croissance en se rapprochant de Learn Assembly
    09/12/24

    Le nouvel entrant au sein du groupe Kéa est un cabinet spécialiste des stratégies de développement des compétences; qui accompagne tant les acteurs institutionnels de l'emploi et de la formation que les grands groupes privés.

  • Un partner à la retraite mobilise les donateurs américains pour Notre-Dame
    06/12/24

    Jean-Hugues Monier, une vingtaine d’années chez McKinsey, est un partner français basé à New York parti récemment en retraite. Il a coordonné un vaste mouvement de solidarité de la part d’une ONG américaine, Friends of Notre-Dame-de-Paris, qui a grandement participé à la reconstruction de notre emblème national, en partie détruite par le feu en 2019. Il est même personnellement très impliqué dans cette association caritative en qualité de membre du conseil d’administration.

  • Oliver Wyman : trois nouveaux associés à Paris
    05/12/24

    Les heureux élus se nomment Laure Charpentier, Bastien Godrix et Thibault Rochet, tous issus de l’interne. Au niveau mondial, Oliver Wyman annonce 45 élections de partners et directeurs exécutifs.

Super Utilisateur
France
covid, covid19, coronavirus, syntec, Matthieu Courtecuisse, syndicat, conseil en management, président
3576
McKinsey Bain & Company L.E.K. Consulting Roland Berger Mars & Co
2020-11-10 07:24:08
0
France: Six mois après, les impacts du covid dans le consei
à la une / articles / Six mois après, les impacts du covid dans le conseil