Partners : jeunes loups ou vieux schnocks ?
Une étude réalisée par le cabinet Wit Associés passe en revue les âges de 325 associés de dix cabinets de conseil en stratégie actifs en France. Majoritairement quadras, la démographie n’est pourtant pas la même d’un cabinet à l’autre. Revue des troupes.
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Chacun le sait : dans le conseil en stratégie, l’accès au rang de partner est l’aboutissement d’une carrière souvent entamée à la sortie de grandes écoles de commerce et d’ingénieur. Au cours de laquelle on a résisté à de lourds horaires. Où l’on a vaincu les évaluations annuelles pour se hisser d’un rang à l’autre plus au moins rapidement.
Enfin, au bout de dix années (en moyenne, relire notre article) de ce parcours d’obstacles, les Highlanders du conseil en stratégie sont cooptés par leurs pairs.
On n’imagine donc, a priori, que partner n’est pas une option de début de carrière, mais plutôt, dans le meilleur des cas, un objectif de milieu/fin de carrière. Les cabinets que Consultor avait pu interroger sur ce point par le passé donnaient des estimations qui allaient dans le même sens : chez Bain, 37 % des associés avaient plus de 50 ans quand Oliver Wyman nous expliquait que « 15 % ont plus de trente ans d’expérience » (relire notre article).
Qu’en est-il dans le détail ? Wit Associés (dont les associés sont actionnaires à titre personnel de Consultor) a compilé pour Consultor l’âge des 325 associés actifs à date dans les dix premiers cabinets du classement Consultor 2019 (cette compilation a été faite antérieurement à la parution de notre classement 2020).
45,7 ans en moyenne, mais des trentenaires très nombreux
Il en ressort que les associés scrutés ont en moyenne 45,7 ans. Les quadras prédominent dans le panel dont ils représentent une moitié. Ils ne sont plus que 87 sur la tranche 50-60 ans, et une poignée au-delà de 60 ans.
Ce qui témoigne d’une règle implicite (parfois totalement explicité comme chez Kea où on ne peut plus être partner passé 58 ans, relire notre article) : la quarantaine est l’âge roi pour devenir associé et au-delà on est plutôt doucement amené vers la sortie.
Ceci dit, les moins de 40 ans ne sont pas loin d'être une centaine dans notre panel et sont plus nombreux que les quinquagénaires. Voilà pour la photographie d’ensemble. Avec plusieurs facteurs de variation notables.
Comment les âges ont-ils été déterminés ?
Estimations
- à partir d’un âge connu à une date donnée
- à partir des dates de diplomation.
Les femmes plus jeunes que les hommes
Le genre d’abord. Les femmes du panel, bien moins nombreuses (sur ce point relire nos articles sur la parité dans le secteur) ont, en moyenne, 42,6 ans. Cinq ans de moins que leurs homologues masculins qui, eux, sont en moyenne âgés de 47,1 ans. Plusieurs pistes d’explication sont envisageables : Des profils en moyenne plus brillants ? Des promotions favorisées dans une logique paritaire ? Dur dur d'établir une réponse univoque sur ce point.
Des partnerships plus vieillissants que d’autres
Le cabinet ensuite. La moyenne d’âge d’un partnership à l’autre varie de sept ans entre McKinsey (42 ans) et Kea (49 ans). Sur ce point précis apparaît une claire différence de ce qu’il est attendu d’un associé, qui varie beaucoup d’une maison à l’autre.
Chez McKinsey ou au BCG, les associés bénéficient d’un temps d’acclimatation beaucoup plus long, pour développer leur réseau et leur capital intellectuel. Ce qui autorise donc des promotions beaucoup plus jeunes.
Là où dans d’autres firmes ne seront promus que des profils clairement en capacité de vendre au jour 1 de leur passage au grade de partner.
Il n’y a d’ailleurs dans le panel de l’étude que des associés McKinsey aux âges de 31 ans et 32 ans, et des associés McKinsey et BCG à 33 ans et 34 ans. Il faut aller jusqu’à 35 ans pour voir apparaître les premiers profils d’associés ailleurs, chez Advancy, Bain et Oliver Wyman.
Les principales caractéristiques du panel
- 325 associés (275 hommes/50 femmes).
- 149 ont fait une école d’ingénieur.
- 120 ont fait une école de commerce.
- 13 sont allés à l’université.
- 11 sont allés à Sciences Po.
- 6 sont diplômés d’une école normale supérieure.
- 24 autres écoles (école à l’international).
- En moyenne, ils ont démarré dans le conseil en l’an 2000.
- Le plus récemment entré dans le conseil, en 2021, est Jean-Patrick Yanitch, le monsieur secteur public d’Oliver Wyman.
- Le taulier : Olivier Fainsilber a démarré en 1984.
- Les partners du panel ont travaillé 224 mois en moyenne dans le conseil (18 ans et demi).
- Ils ont travaillé en moyenne dans 2 cabinets (7 pour les plus changeurs (relire cet article à ce sujet).
Même variation concernant l'âge moyen des premières nominations au rang de partner : à peine 35 ans chez Advancy, 40 ans chez Kearney. Là également les facteurs d’explication sont pluriels. La promotion d’un fast tracker (ces profils qui vont plus vite que la moyenne pour progresser dans la hiérarchie du cabinet) peut ne pas être représentative d’une politique d’ouverture au partnership plus précoce ou a contrario plus conservatrice.
En un mot comme en cent, le statut de partner recouvre des profils très divers. Il n’y a qu’à voir l’amplitude démographique des 325 profils analysés. Le plus âgé, un homme, compte 63 ans. Il a trente-deux ans d’écart avec le benjamin de la promotion : Axel Esqué. Ce dernier est né en 1989 et a tout récemment été promu chez McKinsey (relire notre article). CQFD.
Consultor.fr
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commentaires (4)
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France
- 18/11/24
L’un des ténors du BCG en France, Guillaume Charlin, 54 ans, patron du bureau de Paris entre 2018 et 2022, serait en passe de quitter le cabinet.
- 15/11/24
Toutes les entités de conseil en stratégie ne subissent pas d’incendies simultanés, comme McKinsey, mais chacune peut y être exposée. La communication de crise dispose-t-elle d’antidotes ? Éléments de réponse avec Gantzer Agency, Image 7, Nitidis, Publicis Consultants - et des experts souhaitant rester discrets.
- 15/11/24
Le partner Retail/Consumer Goods d’Oliver Wyman, Julien Hereng, 49 ans, a quitté tout récemment la firme pour créer son propre cabinet de conseil en stratégie et transformation, spécialisé dans les secteurs Consumer Goods, Luxe et Retail, comme il le confirme à Consultor.
- 13/11/24
À l’heure où les premiers engagements d’entreprises en termes d’ESG pointent leur bout du nez (en 2025), comment les missions de conseil en stratégie dédiées ont-elles évolué ? Toute mission n’est-elle pas devenue à connotation responsable et durable ? Y a-t-il encore des sujets zéro RSE ? Le point avec Luc Anfray de Simon-Kucher, Aymeline Staigre d’Avencore, Vladislava Iovkova et Tony Tanios de Strategy&, et David-Emmanuel Vivot de Kéa.
- 11/11/24
Si Arnaud Bassoulet, Florent Berthod, Sophie Gebel et Marion Graizon ont toutes et tous rejoint le BCG il y a plus de six ans… parfois plus de dix, Lionel Corre est un nouveau venu ou presque (bientôt trois ans), ancien fonctionnaire venu de la Direction du Trésor.
- 08/11/24
Trois des heureux élus sont en effet issus des effectifs hexagonaux de la Firme : Jean-Marie Becquaert sur les services financiers, Antonin Conrath pour le Consumer, et Stéphane Bouvet, pilote d’Orphoz. Quant à Cassandre Danoux, déjà partner Stratégie & Corporate Finance, elle arrive du bureau de Londres.
- 30/10/24
L’automne fait son œuvre au sein de la Firme, les feuilles tombent… et les partners aussi. Les nouveaux départs sont ceux de Flavie Nguyen et Thomas London.
- 29/10/24
Julia Amsellem, qui a rejoint l’entité de conseil en stratégie d’EY en 2017, et Étienne Costes, engagé depuis 2013, font partie des 17 membres du nouveau comex d’EY dans l’Hexagone.
- 23/10/24
C’est une étude coup de poing que le cabinet Oliver Wyman a réalisée à titre pro bono pour le collectif ALERTE (fort de 35 associations, dont Action contre la Faim, Médecins du Monde et ATD Quart Monde) dédié à la pauvreté et à l’exclusion. Elle est intitulée « Lutter contre la pauvreté : un investissement social payant. » L’une des conclusions plutôt contre-intuitive : combattre la pauvreté par des financements serait un investissement gagnant-gagnant, pour les personnes concernées comme pour l’économie nationale. Les analyses du président d’ALERTE, Noam Leandri, et de Jean-Patrick Yanitch, partner à la tête de la practice Service public et Politiques publiques en France.