Vault 2023 : Bain reprend la tête du classement Europe
Il fait partie des classements très attendus par le monde du conseil en stratégie et management. Le Vault Consulting Ranking 2023 Amérique du Nord et EMEA a rendu son verdict. Avec des tendances de fond et des confirmations, mais aussi quelques surprises.
Cela fait maintenant 13 ans que Consultor scrute cette enquête annuelle réalisée par l’éditeur US Firsthand auprès de quelque 10 000 consultants en activité en Amérique du Nord et près de 5000 de la zone EMEA. La méthode du classement Vault est intangible : un questionnaire est envoyé aux consultants des cabinets classés qui font la démarche d’y participer. Les consultants (volontaires) évaluent leur cabinet sur les critères liés à la vie dans l’entreprise, mais notent uniquement les autres cabinets sur le critère prestige.
Ce classement est réalisé à partir de plusieurs critères (cf. ci-après) pondérés pour la note finale. Des critères quali privilégiés, car selon Vault, le critère de choix des candidats au métier de consultant se porte bien plus sur la culture d’entreprise – plus de 40 % d’entre eux affirment qu’elle est le facteur le plus important –, que sur la rémunération (10 %).
Grande stabilité des trios de tête
Et l’édition 2023 du top 50 nord-américain et du top 25 Europe/Moyen-Orient/Afrique est une nouvelle fois source d’enseignements.
Dans le top 50, ils sont 11 cabinets de conseil en stratégie du périmètre de Consultor à faire partie du classement ; tous se situant dans la première moitié du classement, et parmi eux, 6 font partie du top 10. Et pour la zone EMEA, ils sont 11 cabinets de conseil (du périmètre de Consultor) à faire partie du top 25.
Première tendance de fond dans cette dernière édition, c’est que le trio de tête (Bain, BCG, McKinsey) reste inchangé depuis 10 ans sur le classement nord-américain, même si les lignes bougent en termes d’ordre. Sur le top 50 nord-américain, Bain garde la pole position (acquise en 2021 au profit de McKinsey) ; le BCG vient lui aussi de ravir la 2e place à McKinsey.
Dans le top 25 de la région EMEA, le trio de tête historique est quelque peu différent que le nord-américain : Bain, McKinsey et Roland Berger. Bain vient déloger McKinsey à la première place, alors que McKinsey s’était installé sur la première marche depuis 2012 (ravissant alors le top 1 à Bain).
Roland Berger, cabinet d’origine européenne, connaît une évolution variable selon le classement : déjà 3e du top 25 en 2013, dans le top 6 depuis, il reste attaché à la 3e position depuis 2020. Ce qui n’est pas le cas dans le classement nord-américain : 3e en 2011, 4e en 2017, il est tombé à la 20e place en 2021, et regagne du terrain depuis (13e en 2023).
Une marque Bain confortée
Du côté de Bain & Company, très stable depuis treize ans, 2e depuis 2011 sur la zone EMEA, également 2e depuis 2013 en Amérique du Nord, atteindre les sommets des deux classements est reçu comme la consécration du travail de fond effectué. « Ces résultats sont une véritable fierté en interne », commente Raphaëlle de Soto, DRH de Bain Paris. Un doublé qui ne serait pas dû au hasard. « Bain Global a renforcé le prestige de la marque en termes de réputation et d’image avec différentes actions, notamment en professionnalisant la communication et en déployant notre présence sur les réseaux sociaux. À Paris, nous menons une réflexion de long terme sur la marque employeur pour continuer à augmenter notre visibilité auprès des candidats. Et le sujet ‘’impact des missions’’ comme notre engagement pro bono engage nos consultants et renforce notre contribution sociétale. » Autre point fort de Bain, selon Raphaëlle de Soto, la culture collaborative, avec une attention toute particulière portée à l’humain, à l’origine d’un fort sentiment d’appartenance. « Notre managing director à Paris, Ada (Ada di Marzo, ndlr), un rôle modèle, est une parfaite illustration de la parité, de la diversité, et de l’audace. »
De grands absents
Étonnant, à première vue, l’absence d’EY-Parthenon du classement EMEA, alors que le cabinet, qui grâce notamment à « l’effet Big Four », grignote encore une place en 2023 en Amérique du Nord, où il est 4e. La réponse est simple pour Frédéric Fessart, partner d’EY-Parthenon France, qui a contacté Vault à ce propos. « Vous ne faites pas partie des cabinets qui jouent le jeu… », nous a répondu l’auteur de l’étude. « Car il faut se porter volontaire et s’engager à ce qu’un pourcentage conséquent d’employés réponde au sondage. Il est vrai que, jusqu’à présent, nous avons été plus réticents et avons eu d’autres priorités, de développement en particulier. Mais nous avons décidé de nous engager l’année prochaine dans cette démarche », ajoute Frédéric Fessart. Quant à la progression constante dans le top 50, là aussi l’explication est limpide selon lui. « La marque continue son évolution et de prendre des parts de marchés, d’attirer de nouveaux clients, et elle est de plus en plus visible. »
Et une première surprise (apparente) en 2023, la disparition pure et simple du cabinet Oliver Wyman des radars des deux classements : en Amérique du Nord, alors qu’il figurait logiquement (en tant que très gros cabinet de conseil) dans le top 10 depuis plus de 10 ans, et de la zone EMEA, occupant la 4e place depuis 2016, dans le top 10 depuis 2011. Une surprise ? Pas du tout selon le cabinet. « C’est une décision corporate de ne pas y participer cette année, sur laquelle on ne peut s’exprimer au niveau de Paris », a-t-on répondu laconiquement en interne à Consultor. Un choix étonnant alors même que la firme connaît une croissance inégalée depuis 15 ans.
D’autres grands cabinets ne figurent pas non plus au classement Europe/Moyen-Orient/Afrique : le Boston Consulting Group (2e dans le top 50), et deux cabinets parmi les Big 4, à savoir Deloitte (14e dans le top 50) et KPMG (absent également du classement nord-américain).
OC&C Strategy, Simon-Kucher, L.E.K. s’affirment
Ce sont plusieurs cabinets qui profitent de la sortie de la firme Wyman dans le classement EMEA, notamment OC&C Strategy (4e) et Simon-Kucher (6e, dans le top 10 depuis plus de 10 ans) gagnent chacun une place.
OC&C Strategy, naviguant entre la 6e et la 7e marche depuis 2012, 5e l’année dernière, grappille ainsi encore une place cette année. La bonne et stable cotation du cabinet serait avant tout expliquée, d’après l’associé Stéphane Blanchard, par le prestige du cabinet, liée notamment à la nature des projets, pure strat’. « Nos clients, corporate et fonds, sont des leaders mondiaux dans leur domaine. Notre focalisation sectorielle (TMT, BtoB, consumer, ndlr) est également une force, car cela fait de nous des experts sur ces secteurs. Nous connaissons tous les acteurs ; ils nous connaissent tous », partage cet associé.
Autre point clef dans cette progression, la satisfaction des collaborateurs grâce à « la culture boutique, même si l’on appartient à une firme mondiale de 700 personnes et 14 bureaux, selon Stéphane Blanchard. Nous effectuons aussi un véritable travail de fond pour le bien-être au travail de nos équipes, ce qui a évidemment un impact sur la notation du cabinet par nos consultants ». Entré dans le top 50 en 2020 (49e), OC&C Strategy a fait une belle percée en s’installant depuis 2 ans dans le milieu de ce classement nord-américain, « parce que nous sommes devenus un cabinet beaucoup plus mondial, avec une croissance incroyable aux États-Unis, et deux bureaux à Boston et New York », analyse l’associé français d’OC&C Strategy.
Le cabinet L.E.K. Consulting, 24e en 2020, qui a réintégré le top 10 EMEA depuis l’année dernière, passe de la 10e à la 8e place. Avec des points forts mis en avant par les consultants qui travaillent chez L.E.K. : la culture d’entreprise, le moral des collaborateurs, la qualité des programmes de coaching de carrière et de mentorat.
Entrée d’Advancy, de CVA et de PMP
Autres belles surprises enfin, les entrées de trois cabinets français dans le classement du top 25. Advancy se place directement en milieu de classement, à la 12e position, 9e dans notre classement auprès des étudiants. Un cabinet de 230 consultants aujourd’hui qui connaît une activité en forte croissance, notamment dans le secteur du PE, réorganise sa gouvernance, a de grandes ambitions, et le fait savoir. Deux autres boutiques de conseil en stratégie entrent également dans ce classement, signe d’une notoriété et d’un prestige grandissants, CVA (23e) et PMP (24e).
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9 994 cadres diplômés d’écoles de commerce et d’ingénieurs avec 4 à 10 d’expérience ont été interrogés sur leur appréciation d’un panel de 130 entreprises. Si le conseil baisse globalement, Bain se distingue par une très forte progression.
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