Top 15 Consultor 2025 dans les TMT : quels cabinets plient le game ?

Pour évoquer le type de missions confiées aux cabinets et la part de ces secteurs dans leur activité globale, des partners de 6 des 10 cabinets les mieux classés ont répondu à nos questions. 

Sachant que les entreprises les plus représentées dans les réponses sont : côté télécoms, Orange, Iliad et Altice ; pour les médias, TF1, le groupe RTL-M6, France Télévisions ; dans la tech, Microsoft, Amazon et Meta.

McKinsey qui pleure, les « BB » qui rient

On observe en effet un net décrochage de McKinsey dans les TMT, 3e seulement en matière d’image à bonne distance du 2e, Bain (45 points de différence).

Et si le leader mondial du conseil en stratégie conserve sa 1re place sur la notoriété, c’est de justesse : le BCG accuse 10 points de retard seulement (sur 407) par rapport à son concurrent.

Ce classement sectoriel confirme donc la perte de vitesse du géant du conseil, notamment via les taux de satisfaction exprimés.

Lors de l’enquête, les missions pouvaient être qualifiées de « décevantes », « neutres », « utiles » ou « au-delà des attentes ». Si ces taux n’ont pas de valeur statistique, ils témoignent néanmoins d’une tendance. 84 répondants ont appliqué un qualificatif aux missions de McKinsey, 68 à celles du BCG et 50 à celles de Bain.

Or, là où les interventions de McKinsey recueillent 61 % de satisfaction, celles du BCG atteignent 74 %, talonnées par Bain à 72 %. À noter que, dans notre panel, deux cabinets n’ont recueilli aucune opinion défavorable : PMP Strategy (22 « qualifications ») et eleven (2). L’enquête ne permet pas de savoir combien d’interventions tel ou tel cabinet a menées, mais s’il en a réalisé « une », « plusieurs » ou « aucune ».

La position de force du BCG dans les TMT ne surprend pas les connaisseurs du secteur. Un indice en est donné par le rôle du senior partner Franck Luisada, patron Monde des télécoms depuis 2021 et membre clé de la practice globale TMT. En France, l’activité est pilotée par Jean-Baptiste Bearez.

Chez Bain – où les practices sont à la fois séparées (télécommunications, technologie, média & divertissement) et reliées en raison « de frontières de plus en plus poreuses » entre les trois –, 8 partners interviennent sur ces secteurs selon la classification de Consultor.

Comment leurs « poursuivants » perçoivent-ils leurs classements ? 

Dans les TMT, en ce qui concerne l’image, Oliver Wyman devance Roland Berger d’un point à la 4e place.

 « C’est une satisfaction de voir le marché nous reconnaître, car nous avons mis l’accent sur ces secteurs depuis plusieurs années. Tout en travaillant auprès de nos clients historiques dans les télécoms, nous développons notre activité auprès des acteurs média et tech », confie le partner Mohssen Toumi, membre de l’équipe mondiale Télécoms, High-tech & Digital de la filiale Strat’ de Marsh McLennan. « Nous avons une large équipe d’associés qui interviennent sur les TMT en France, avec des partners du Private Capital et du Digital, et de l’équipe TMT mondiale. » Le patron Europe des Communications Médias Technology, Emmanuel Amiot, tout comme celui des États-Unis, Laurent Bensoussan, sont d’ailleurs français.

Oliver Wyman et Roland Berger sont également au coude-à-coude sur la notoriété – cette fois en faveur de RB. « Cela reflète le travail que nous réalisons avec nos clients, focalisé sur l’impact, avec une ambition dans la durée, estime Mohssen Toumi. Nous nous considérons comme des acteurs de plein droit de ces secteurs très exigeants. »

Quid des entités Stratégie de PwC et EY, respectivement 6e et 7e ?

Pour le leader Europe de l’ouest des TMT d’EY-Parthenon Cédric Foray, « ces résultats doivent être mis en perspective des activités d’audit du groupe ». Dans les médias, EY est en effet très présent comme commissaire aux comptes – auprès de TF1, RTL-M6 et France Télévisions – ainsi que, dans la tech, pour Amazon et Meta et, côté télécoms, auprès de Bouygues. Sept associés à temps plein sont dédiés au secteur, « ce qui en fait l’une des plus grosses équipes à Paris, à la fois sur du corporate et du Private Equity ». Au-delà de son pilotage pour EY-Parthenon, Cédric Foray est leader des télécoms d’EY Monde. « Nous avons choisi d’accompagner des opérateurs majeurs, car c’est là que nous pouvons faire de la stratégie, de la transformation et de grosses transactions. Nous travaillons alors aussi avec les autres équipes d’EY. »

Pour sa part, Pierre Bosquet, associé Stratégie digitale & IA de Strategy&, pilote du plus grand compte TMT pour le cabinet, indique que « 4 ou 5 partners sont positionnés spécifiquement sur ces secteurs », le cabinet ayant fait le choix « de cibler cinq comptes prioritaires dans les télécoms et la tech, où la croissance est forte. L’un de ces comptes – télécom – est notre principal client en la matière, un autre se situe entre la tech et les télécoms, et deux autres relèvent clairement de la tech ». Le 5e compte reste donc « à transformer à l’échelle ». Et qui dit ciblage dit « renoncement à d’autres projets pour maximiser l’impact sur les comptes clés ». Selon Pierre Bosquet, la réussite de Strategy& repose sur la conduite « de projets significatifs et de longue durée ». En 2024, la part des TMT dans le chiffre d’affaires du cabinet a augmenté de 15 %. « Nous renforçons nos capacités dans cette industrie sur laquelle nous étions assez peu présents dans le passé. »

Quant à Simon-Kucher, qui couvre l’ensemble des secteurs de l’économie, le cabinet bénéficie d’une prime d’image dans les TMT – classé 9e alors qu’il arrive 12e seulement sur la notoriété. Pour Alix Nepveux, lead Software-Internet-Médias pour la France et seule associée dédiée (les télécoms étant gérées au niveau européen, ces trois secteurs fédérant une quinzaine de partners à cette échelle-là), « ces résultats sont encourageants puisque les TMT sont en développement chez nous. Sachant qu’en France, nous sommes particulièrement engagés dans la tech et les médias ». Si, au niveau mondial, les TMT sont la 2e ou 3e practice selon les années, l’activité hexagonale est encore « un peu sous-représentée par manque de bras ».

Des secteurs qui font la part belle aux challengers

À savoir des cabinets de taille plus modeste, dont l’ADN s’inscrit depuis l’origine dans les TMT – comme PMP Strategy avec les télécoms – ou positionnés sur un segment transversal spécifique : c’est le cas d’eleven qui se consacre à l’IA/à la data ainsi qu’à la stratégie et à la « rencontre » des trois.

Si Benoît Gelot, associé de PMP Strategy coleader des TMT, reconnaît que le cabinet se voit plutôt « dans le top 3 ou top 5 », il attribue cette 8e place du top 15 Consultor 2025 « au poids historique » de certains acteurs ainsi qu’à l’absence de prise en compte des fonds d’investissement dans le panel de l’étude. « Depuis 4 ou 5 ans, les TMT représentent 50 % de notre chiffre d’affaires, une part d’activité qui reste stable. Sur le marché, notre positionnement de référent télécoms nous semble clair, et nous investissons actuellement beaucoup sur la tech où notre position est bonne sur les fonds et en train de se construire en corporate. »

Chez eleven, un « renforcement sectoriel » est à l’œuvre depuis janvier-février 2024, avec l’arrivée du senior partner Jean-Charles Ferreri comme leader des TMT. « L’activité, qui représente 15 à 20 % du chiffre d’affaires global, était portée jusqu’alors par Morand Studer, l’un des cofondateurs du cabinet, sur le B2C, et par Simon Georges-Kot sur le B2B, lesquels restent présents à mes côtés. » Jean-Charles Ferreri relève par ailleurs une tendance : l’exigence « de méga-sujets internationaux » de la part des clients serait plus limitée qu’auparavant. « Leur sujet désormais, c’est la qualité des équipes mobilisées et le niveau d’innovation que l’on peut apporter ». Ou, dit autrement : « Quand vous allez chez Orange, on ne vous demande plus ce que vous avez fait chez Deutsche Telekom il y a 6 mois ! »

Orange, principal consommateur de conseil en strat’ dans les TMT

Au sein du groupe ayant fourni le plus grand nombre de répondants – Orange donc –, 23 collaborateurs ont déclaré avoir eu connaissance de « plusieurs missions » réalisées par le BCG ou Bain, 21 d’interventions de McKinsey et d’Oliver Wyman, 11 de Roland Berger, Strategy& et PMP Strategy, 8 d’EY-Parthenon.

Orange, premier consommateur de conseil en stratégie dans les TMT, ce que confirment l’ensemble des partners interrogés. Viennent ensuite, selon les insiders ayant répondu à l’enquête :

• Iliad – le BCG et Bain/McKinsey (à égalité) ayant été les trois cabinets les plus sollicités ;
• Altice – avec Bain et Oliver Wyman comme cabinets les plus sollicités ;
• TF1 – via le BCG et McKinsey ;
• Microsoft – via McKinsey et Strategy&.

Quid à présent du type de missions réalisées par les cabinets dans ces secteurs ?

Sur les télécoms, Mohssen Toumi d’Oliver Wyman évoque l’accompagnement d’un opérateur « dans sa réflexion sur son modèle organisationnel pour retrouver son agilité décisionnelle, avec davantage de proximité du terrain, ce qui touche à l’ADN de cet acteur ». Pour PMP Strategy, Benoît Gelot cite des projets portant sur « l’excellence opérationnelle, notamment sur le FttH (Fiber to the Home), l’amélioration de l’expérience client, les stratégies d’investissement dans les infrastructures, les projets de croissance B2C, etc. »

Du côté de Simon-Kucher, Alix Nepveux évoque des missions auprès « d’acteurs de l’édition numérique et des médias, sur des sujets de stratégie commerciale, d’offres ou de prix pour des éditeurs de logiciels ou des plateformes ». Après avoir accompagné de nombreuses start-ups et scale-ups, Simon-Kucher intervient aussi auprès « d’éditeurs plus historiques ».

Et quand Cédric Foray d’EY-Parthenon mentionne « le plus gros deal télécoms de ces dernières années, réalisé pour Orange en Espagne, ou encore dans la tech, les missions du cabinet chez Atos », Pierre Bosquet de Strategy& cite l’activité M&A, « moteur important pour Strategy&, le ralentissement à l’œuvre ayant peu affecté le cabinet ». Lequel n’hésite pas à accepter parfois « des missions moins rentables pour former les équipes et se positionner en amont des grandes opportunités ».

Quant à Jean-Charles Ferreri d’eleven, il donne l’exemple de sujets « de roadmap data/IA ou de levées de fonds pour des acteurs de la tech ».

En 2025, les grands sujets de conseil en strat’ devraient s’inscrire dans la continuité de ceux de 2024. La recherche d’efficacité opérationnelle devrait ainsi être au programme des acteurs de ces trois secteurs, tout comme, dans les télécoms, le développement de nouveaux business models.

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MÉTHODOLOGIE

Enquête réalisée par HEC Junior Conseil pour Consultor du 17 octobre au 23 décembre 2024 par questionnaire en ligne, auprès de 207 professionnels des TMT selon la répartition suivante : télécoms 52 % ; médias 25 % ; tech 23 %.

16 noms de cabinets ont été soumis aux répondants, les 15 entités figurant dans les tops ci-dessus étant les 15 ayant obtenu les meilleurs scores.

Les tops de notoriété et d’image sont réalisés moyennant un système de scoring, avec un seuil d’acceptabilité de 10 % en ce qui concerne l’image (un cabinet est intégré dans les réponses s’il est connu par plus de 10 % du panel).

Une pondération des réponses est réalisée via l’attribution d’un bonus-malus selon :

• Pour la notoriété, le fait que le cabinet ait réalisé des missions pour un acteur du secteur (= bonus)
• Pour l’image, le fait que les missions du cabinet en question se soient bien ou mal passées (= bonus ou malus).