Textes, slides, data : la révolution des IA chez McKinsey
L’intelligence artificielle pourrait-elle remplacer les consultants ? La question a été posée par l’Observer à plusieurs associés de McKinsey, dont Alex Ingla, directeur de la branche IA du cabinet.
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La révolution ChatGPT est partout, même dans le secteur de la stratégie : selon Ben Ellencweig, associé principal chez McKinsey, près de la moitié des 30 000 employés du cabinet utilisent dorénavant des IA génératives dans le cadre de leur activité professionnelle début juin 2023. Un grand bouleversement dans le secteur, alors que l’entreprise américaine Challenger, Gray & Christmas dévoilait début juin un rapport selon lequel l’IA pourrait remplacer au moins 4,8 millions d’emplois outre-Atlantique.
Traitement de données, synthèse de documents, rédaction de slides : ce qui fait le cœur du métier d’un consultant fait en effet aussi partie des compétences premières des nouveaux outils d’IA. « Lorsque j’ai commencé à travailler pour l’entreprise, j’ai passé un week-end entier submergé, lisant document sur document. Aujourd’hui, les modèles d’IA peuvent synthétiser les 10 éléments clés à connaître en quelques minutes. C’est un changement vraiment majeur », a déclaré à l’Observer Alex Singla, associé principal chez McKinsey et responsable monde de la branche de conseil en IA du cabinet, QuantumBlack, qui emploie aujourd’hui plus de 1300 salariés.
Un changement majeur, qui inquiète l’associé : il craint que l’automatisation des tâches finisse par nuire à la capacité des stratèges à synthétiser des informations complexes, ce qui représente selon lui « une compétence à acquérir et un atout clé des consultants ». Mais si l’IA pourrait impacter le travail des consultants juniors, elle ne devrait pas pouvoir se substituer à l’activité des salariés plus expérimentés : « La majeure partie de mes journées de travail consiste à aider les cadres supérieurs à réfléchir stratégiquement à ce qu’ils veulent accomplir et à comment y parvenir. Cela concerne tout ce qui a trait à la résolution de problèmes, la créativité et la gestion du changement, qui ne peuvent pas encore être remplacées par la technologie », résume-t-il.
Les outils d’IA devraient tout de même modifier les pratiques de recrutement selon Katy George, responsable des ressources humaines chez McKinsey. « Il est de plus en plus important pour nous d’embaucher des consultants débutants qui ont le sens du numérique et qui sont à l’aise avec l’analyse de données », a-t-elle précisé à l’hebdomadaire britannique.
Un mouvement généralisé à l’ensemble du secteur : à l’image de QuantumBlack chez McKinsey, de plus en plus de cabinets investissent des moyens humains et financiers dans le secteur, et développent à tour de bras des départements de « Data Analytics » plus ou moins spécialisés dans l’IA (Advanced Analytics chez Bain, Holis chez Singulier, Gamma chez le BCG, practices spécifiques chez OW, L.E.K, PMP…). Un potentiel de bouleversements à suivre de près.
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