Femmes associées : un léger mieux
Les règles du classement sont simples et Consultor s’y astreint depuis 2011 : recenser tous les cabinets de conseil en stratégie comptant plus de dix associés à Paris et y décompter le nombre de femmes. La quatrième et dernière édition de ce classement fait état d’un léger progrès : dans les douze cabinets classés, 42 femmes ont été cooptées au rang d’associées. Cela fait 15 % des 279 associés recensés au total dans les cabinets parisiens du panel. Du mieux donc !
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Surtout que lors des précédentes éditions (à consulter ici, ici et là), les scores calculés par Consultor ont laborieusement progressé pour passer de 11 à 12 % en moyenne. Un bond de trois points cette année qui s’explique sans doute aussi par un panel plus large. Les nouveaux entrants comme Exton Consulting (15 partners), Theano Advisors (20 partners) ou encore PMP (11 partners) tirent la moyenne vers le haut.
En effet, quand bien même les femmes associées y restent très peu nombreuses (2 à 4 femmes associées dans ces cabinets), sur un total d’associés plus restreint (11 à 20), ce sont déjà des proportions de 18 à 20 %. Au-delà de cet effet de panel, Bain & Company – dont le chairmanperson est Orit Gadiesh – marque la plus forte progression de l’étude. En l’espace de six ans, la proportion de femmes parmi les associés a grimpé de 7 % en 2011 à 28 % en 2017.
« Nous avons fait de la parité une priorité au niveau mondial. Surtout que plus on avance en séniorité plus le défi est difficile à relever », explique Caroline Detalle, la directrice du marketing et de la communication de la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique de Bain.
Des initiatives...
Concrètement des objectifs quantitatifs de parité ont été fixés aux directeurs de bureaux, à Paris comme ailleurs. Les missions ont été adaptées pendant et après les périodes de grossesse, en les cantonnant au maximum dans des zones de proximité pour éviter des déplacements chaotiques à un moment crucial où nombre de jeunes parents choisissent des carrières moins imprévisibles. A fortiori, chaque nouvelle entrante est accompagnée par une « big sister » de deux grades supérieurs au sien.
Bain & Company n’est pas seul à agir en la matière, ainsi que les précédents classements de Consultor le faisaient ressortir. Les initiatives sont nombreuses : crèche d’entreprise chez Kea et financement de places de crêche chez Roland Berger, proposition de réintégration de consultantes démissionnaires après leur accouchement sur la base d’horaires plus souples chez McKinsey, coaching au retour du congé marternité chez Roland Berger…
...Dont les résultats tardent à se matérialiser
Mais ces initiatives ne se traduisent pas par une progression des résultats chiffrés très tangible. Les scores de McKinsey et Kea restent au-dessus des 20 % de femmes associées, celui du BCG à 11 %, en ligne avec leurs précédents scores.
« Nous progressons, défend Jessica Apotheker, principal senior et en charge de la Women Initiative, en faveur de la promotion des femmes dans les équipes du cabinet. Au 1er janvier 2018, nous compterons 8 femmes associées pour un total de 56 associés (14 %), contre 7 femmes sur 54 associés en 2017 (13 %). En 2011, seules deux femmes avaient été élues associées dans un partnership de 36 personnes à Paris (6 %). » Mieux, en 2018 et en 2019, le management parisien table sur la parité dans les élections de partners à Paris. Ce qui serait une première.
De plus, tous les interviewers qui se livrent à des entretiens de recrutement – ce que les consultants du BCG peuvent faire sur la base du volontariat à partir du niveau de chef de projet – sont confrontés à la globalité des notations qu’ils attribuent aux femmes et aux hommes. Objectif : faire apparaître de potentiels biais de genre et les aider à les corriger. « Moi, par exemple, j’avais tendance à favoriser les femmes sans le savoir », se souvient Jessica Apotheker.
Au-delà des formations, changer la culture
Autre exemple : chez les collaboratrices les plus juniors, l’un des facteurs de décrochage identifié portait sur une plus grande timidité à exprimer des idées en réunion. Des formations ont été financées en interne pour pallier cette lacune.
« Des formations tant mieux, mais c’est surtout la culture machiste des entreprises, y compris des cabinets, qu’il faut faire évoluer », dit aussi Olivier Fainsilber, associé d’Oliver Wyman à Paris, qui concède que le bureau « progresse mais est encore à la traîne en termes de parité vis-à-vis de ses clients dont les Comex [Comités exécutifs, ndlr] progressent».
Chez Wyman, ce changement de culture est passé par l’intervention de deux ethnologues, voilà une dizaine d’années, lors de la création d’un comité mondial dédié à l’inclusion et à la diversité au sein du cabinet. « Nous nous pensions ouverts… En fait les blagues déplacées, les expressions très “genrées” étaient la norme. Nombre de nos collaborateurs ne pouvaient pas être pleinement eux-mêmes au sein de l’entreprise. Nous nous sommes beaucoup améliorés », défend Olivier Fainsilber.
Sauf qu’Oliver Wyman reste très en deçà de ses concurrents de taille comparable dans notre classement. Pour démontrer sa bonne volonté, le cabinet vante un taux d’embauche de 46 % de femmes au bas de la pyramide – quand il plafonne à 35 % au BCG – et des actions volontaristes en faveur du recrutement d’associées.
À l’instar de Martina Weimert qui a rejoint le bureau de Paris en 2016 après onze années chez Cap Gemini, où elle était spécialiste des solutions de paiement, et de ses expériences précédentes à la Deutsche Bank et chez A.T. Kearney. Justement A.T. Kearney est l’enfant terrible du classement, avec un zéro pointé pour la quatrième fois de suite. Aux dernières nouvelles, une première associée serait imminente. Pas de quoi pavoiser cependant.
Benjamin Polle pour Consultor.fr
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commentaires (1)
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Classement
- 31/10/24
Baisse du taux global d’anciens consultants en stratégie au sein des comex, proportion légèrement accrue parmi les nouveaux venus et vive progression du nombre de femmes : tels sont les résultats de la 7e étude dédiée de Consultor.
- 24/09/24
HEC et l’École Polytechnique, leurs élèves courtisés par les « meilleurs employeurs » dès leur arrivée sur le marché du travail. Ont-ils une appétence similaire pour le conseil en stratégie en sortie d’école ? Priorisent-ils les mêmes cabinets et déjouent-ils certains pronostics quant à leurs attentes ?
- 12/07/24
Cette année, les élèves des grandes écoles bousculent l’ordre établi ! Bain retrouve ainsi le trio de tête en notoriété et Oliver Wyman gagne 3 places - quand Bain, encore, chipe la 2e place à la Firme et talonne le BCG pour l'attractivité.
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Quel est le premier cabinet en matière d’image pour les professionnels des services financiers en 2024 ? Réponse : le BCG. Bain s'octroie la 2e place devant McKinsey, talonné par Roland Berger et Oliver Wyman.
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Pour cette douzième édition, ce sont 17 alumnis du conseil en stratégie qui font partie du classement 2024 des 100 leaders de moins de 40 ans de l’institut Choiseul.
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Depuis 2019, toutes les entreprises de plus de 250 salariés et, depuis 2020, toutes celles de plus de 50 salariés doivent calculer et publier leur Index de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, chaque année au 1er mars. Si la note moyenne nationale des entreprises françaises plafonne, les cabinets de conseil en stratégie — historiquement très masculins — progressent pour la 3e année d’affilée. Ils n’en restent pas moins mauvais quant à la parité parmi les plus hautes rémunérations. Analyse des index 2024 et réactions de plusieurs des cabinets concernés.
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100 mouvements de partners de novembre 2022 à février 2024, avec un solde de 8 associés supplémentaires pour les 11 cabinets observés. La 3e édition de l’étude menée par Consultor confirme la tendance au ralentissement – relatif – du marché, bien que certains cabinets connaissent une nette croissance de leur partnership.
- 19/02/24
Pour la deuxième année consécutive, le cabinet de conseil en stratégie Singulier fait partie des 500 entreprises dont la croissance est la plus rapide. Le classement « Champions de la croissance 2024 » est établi par Statista pour les Échos.