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Burn-out : le mythe du « super-héros no limit » vacille

C’est suite à un arrêt de plusieurs mois d’une consultante pour burn-out que le cabinet Vertone a décidé de prendre cette problématique à bras-le-corps. Avec la sensibilisation régulière de l’ensemble des Vertoniens sur le sujet. Prévenir pour mieux guérir.

Barbara Merle
23 Fév. 2022 à 06:00
Burn-out : le mythe du « super-héros no limit » vacille
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Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon les statistiques officielles, le burn-out (syndrome lié à un stress chronique au travail) toucherait entre 7 et 12 % des salariés. Un cadre sur deux ferait un burn-out au cours de sa vie professionnelle. Pourtant, il reste un sujet plus que tabou (relire notre article), et en particulier dans les cabinets de conseil en stratégie où le secteur rime avec stress et horaires à rallonge, et où le binôme excellence-performance est de rigueur. « Comme partout ailleurs, nous en parlions peu, nous connaissions très mal cette maladie et nous avions de nombreux a priori. Alors, lorsque nous étions confrontés à un long arrêt suite au burn-out de l’un de nos collaborateurs, nous étions assez démunis collectivement », reconnaît Benoît Tesson, fondateur de Vertone. 

Un vécu qui sert d’expérimentation

Mais l’une des managers du cabinet, Florence Hirondel, elle-même touchée par ce syndrome il y a près de trois ans, a osé briser la loi du silence pour en parler ouvertement avec ses supérieurs. De retour à son poste plusieurs mois plus tard, la manager et les dirigeants de Vertone ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Le burn-out est devenu un sujet de discussion au sein du cabinet. « Ce qu’a vécu Florence a été révélateur et déclencheur. J’ai été en première ligne avec elle, j’ai dû décider de l’arrêter. Elle avait manifesté de l’épuisement, mais m’avait dit qu’elle irait mieux… C’est sans nul doute arrivé à d’autres sans que cela n’ait été mis en mots et c’est susceptible d’arriver encore. Alors, nous avons fait le choix d’informer régulièrement l’ensemble de nos collaborateurs », précise le patron engagé Benoît Tesson.

Les consultants en première ligne

Burn-out par-ci, burn-out par-là. Tout le monde en parle, mais finalement cette maladie est extrêmement mal connue. Avec de nombreux préjugés. Premier exemple : les profils types. Le burn-out ne toucherait pas avant tout les plus stressés et les plus faibles psychologiquement. Bien au contraire. Florence Hirondel sait de quoi elle parle. « Ceux qui doivent s’arrêter de travailler ne le font généralement pas de leur plein gré. C’est souvent le corps qui craque. Ils ne peuvent tout simplement plus se lever pour aller au bureau, se concentrer sur leur livrable, ou se rendre à une réunion. Ils ont en commun une valeur travail très forte, une tendance à confondre performance et réalisation personnelle, une conscience professionnelle exacerbée, avec parfois même une tendance à être workaholic. Ils sont aussi très rigoureux, perfectionnistes, persévérants et résistants. Ils négligent souvent leurs ressentis et leurs émotions », détaille Florence Hirondel. Une description qui coche évidemment bon nombre de cases dans l’univers des cabinets de conseil en stratégie. « Nous avons des consultants sortis des meilleurs cursus académiques des meilleures écoles, dotés d’une forte culture de l’excellence et de la performance. Nous ne sommes jamais loin du complexe du super-héros no limit », complète Benoit Tesson.

Le burn-in, signe annonciateur

Alors Vertone se prête à un exercice d’un nouveau genre. Aider les consultants individuellement et collectivement à détecter les symptômes annonciateurs du burn-out, appelés phase de burn-in : fatigue physique chronique, troubles du sommeil, alimentaires et digestifs, mais aussi maux de tête, diminution des défenses immunitaires, problèmes musculaires… « Ce sont aussi des symptômes psychiques : boule au ventre, sentiment d’être débordé, désintérêt, irritabilité, manque d’estime et de confiance en soi, voire crises d’angoisse. Avant tout, les séances de sensibilisation auprès des Vertoniens ont pour vocation de leur partager les mécanismes afin qu’ils détectent au plus tôt chez eux et chez leurs collègues ces signes. En parler très tôt permet la plupart du temps de désamorcer le cercle vicieux », décrit Florence Hirondel.

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Le burn-out aura bientôt un demi-siècle. Santé ! Quasi cinquante ans que le psychanalyste new-yorkais Freudenberger a observé, dès 1974, des corrélations étroites entre une surcharge de travail et des symptômes divers (fatigue, rhume, maux de tête, insomnie, colère, cynisme…).

La mission dédiée de Vertone

Florence Hirondel, qui s’est largement documentée sur le sujet, a aussi souhaité mettre en place un outil collectif de prévention. « D’après une étude de juin 2019, 40 % des personnes touchées n’en n’ont pas parlé au travail, alors qu’en parler réduit de beaucoup les risques. Notre objectif premier était de briser cette omerta. De dire qu’il y a beaucoup d’incompréhension à ce sujet », confie la manager. 

En interne comme en externe, notamment auprès du réseau Entreprendre il y a quelques semaines, la manager et le patron de Vertone interviennent ainsi régulièrement sur le sujet. Ils organisent des ateliers de sensibilisation sur ce qui est classé depuis 2019 par l'OMS comme un syndrome en lien avec le travail. Vertone a également mis en place un outil, Moodwork, pour améliorer l’accompagnement du bien-être au travail, une référente dédiée, la responsable RH Lise Condé, et propose si besoin un listing de contacts de psychologues. « Florence a proposé de formaliser ce qu’elle avait vécu et toutes ses connaissances acquises sur le sujet, identifier les signes avant-coureurs, les caractéristiques de celles et ceux particulièrement exposés, les moyens de prévenir pour soi et autour de soi », ajoute Benoît Tesson.

Le covid, terreau fertile au burn-out

Pour le dirigeant de Vertone, ces ateliers réguliers sont aussi un moyen de former les managers à une écoute spécifique. « Nous avons un énorme enjeu à détecter les signaux faibles de cette maladie, aider celles et ceux qui vivent une période difficile à exprimer les choses avant qu’il ne soit trop tard », souligne Benoît Tesson. Une problématique encore plus cruciale depuis deux ans et la crise sanitaire, durant laquelle les cabinets ont dû mettre leurs troupes en télétravail, avec tout ce que cela implique en termes de (non-)communication, et ce particulièrement pour les jeunes entrants. 

« La perte de repères dans l’espace et dans le temps durant ce télétravail forcé, et sans temporisation entre le travail et le privé, a été un facteur de risque supplémentaire. À cela se sont ajoutées les incertitudes et le stress concernant la pérennité des entreprises et de l’avenir professionnel des collaborateurs. Je pense que le travail d’information réalisé autour du sujet a porté ses fruits, les collaborateurs sont plus au fait du phénomène et des risques. », dit encore le cofondateur du cabinet.

Ces ateliers dédiés permettent aussi aux autres Vertoniens d’apprendre comment se comporter face à ce type de malades. Des arrêts de longue durée, de quelques semaines à plusieurs mois dans la majorité des cas, du repos nécessaire pour reprendre pied. « Les premières semaines sont très difficiles pour le malade. Souvent, les collègues ne savent pas trop comment se comporter. On donne quelques clefs. On apprend aussi à accueillir l’autre lors de son retour, à l’accompagner de manière bienveillante dans un rythme adapté à sa situation, sans stigmatisation », confirme Florence Hirondel.

Vertone, très impliqué dans la démarche RSE, la responsabilité sociétale des entreprises, est plutôt avant-gardiste sur le sujet. Tout en restant humble face à cette pathologie de santé mentale des plus complexes. « Je pense que cela permet au moins d’en parler beaucoup et d’éviter quelques cas. Mais ce n’est pas une science exacte. Depuis, malgré tout, des cas se sont encore présentés », relativise le patron de Vertone qui compte bien continuer à contribuer à libérer la parole. Et l’actualité littéraire s’en empare aussi. Dans son dernier ouvrage, Connemara, Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018, raconte Hélène, 40 ans, une consultante en burn-out qui décide de retourner aux sources pour se reconstruire.

Barbara Merle
23 Fév. 2022 à 06:00
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commentaires (1)

LEL
23 Fév 2022 à 09:04
C’est bien mais attention de ne pas traiter que les symptômes c’est un peu hypocrite ! Passer le contact d’un psy ou expliquer aux collègues comment réagir c’est bien, mais être vigilant sur le temps de travail, la pression et respecter la règle des 11h de repos quotidien c’est mieux ! Mieux vaut prévenir que guérir

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Manuel de survie

Benjamin Solano
Manuel de survie
burn out, horaires, horaire, pression, fatigue, rh, ressources humaines, conseil, consulting
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2022-02-22 23:12:03
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