Évaluation, promotion : le patron de McKinsey annonce un aggiornamento
Élu en mars 2021, Bob Sternfels a expliqué au Wall Street Journal sa vision en tant que nouveau global managing partner.
- Un partner secteur public de McKinsey à la tête des patrons wallons
- « Reshaping McKinsey » : la stratégie de Bob Sternfels pour ouvrir une nouvelle page
- Aux États-Unis, moins de promotions et des « invitations » à partir
- Un siège pour deux : ligne droite finale dans l’élection du patron monde de McKinsey
- McKinsey : la réélection du boss monde compromise, l’ex-patron France encore en lice
- Parité, diversité, éthique, carrière : interview-fleuve de la directrice de McKinsey en France
- Le big boss de McKinsey vise un second mandat
- Nouveau coup de frein sur les recrutements
En fonction depuis le 1er juillet, Bob Sternelfs a succédé à Kevin Sneader, dont le premier mandat n’a pas été reconduit en raison d’un mécontentement profond en interne quant à sa gestion des différentes crises dont il avait hérité. Malgré ce climat sous tension, le nouveau patron de McKinsey aspire au renouveau. Dans sa ligne de mire, trois axes : éviter de futurs scandales, repenser les évaluations de performance, et accélérer la prise de décision.
À nouveau patron, nouveau départ. Enfin presque, car Bob Sternfels (mandat 2021-2024) ne tourne pas le dos à son prédécesseur, bien au contraire : il s’appuiera sur les changements mis en place par Kevin Sneader (mandat 2018-2021) pour éviter de futurs scandales, peut-on lire dans le Wall Street Journal. Des changements auxquels lui-même a parfois été associé de près, comme il le rappelle dans les colonnes du journal économique : « Dans mon précédent rôle, qui concevait et mettait en œuvre les protocoles de risque [associé à une nouvelle mission ou un nouveau client] avec Kevin Sneader ? Moi, tout le monde le sait en interne. »
En revanche, fini les scandales. Du moins l’espère-t-il car en novembre un partner de la firme était licencié à New York pour délit d’initié.
à lire aussi
Ces dernières années, la firme s’est retrouvée impliquée dans plusieurs affaires (paiement d’une lourde indemnité en réparation d’une décennie de conseils aux fabricants d’opioïdes, défauts de déclaration de potentiels conflits d’intérêts, implication dans l’identification de trois opposants au régime saoudien etc.), qui ont débouché sur des tensions en interne, comme l’a prouvé le cinglant désaveu infligé à Kevin Sneader lorsque son mandat n’a pas été reconduit en 2021. Ce qui n’était pas arrivé depuis plus d'un demi-siècle.
Alors, Bob Sternfels a du pain sur la planche. Justement, depuis sa prise de fonctions le 1er juillet 2021, le quinquagénaire de San Francisco, membre de la famille McKinsey depuis vingt-sept ans, n’a pas chômé. Durant les premiers mois de son mandat, il a rencontré plus de 300 directeurs généraux clients de la société de conseil et échangé avec des collaborateurs McKinsey du monde entier. Son objectif : apporter des changements de fonctionnement.
D’abord, en repensant les évaluations de performance en interne. « L’un des plus grands pivots que nous pouvons faire dans nos propres processus de développement des talents, c’est de passer d’une culture obsédée par l’évaluation des gens à une culture qui les développe. […] Cela pourrait tout changer [dans la façon dont quelqu’un peut devenir associé chez McKinsey] », confie Bob Sternfels au Wall Street Journal.
L’ancienneté pourrait notamment devenir moins importante comme élément d’évaluation des compétences d’un collaborateur. « Nous allons nous éloigner du temps comme indicateur de compétences pour être beaucoup plus précis sur ce qu’elles sont », reprend-il, expliquant par exemple que ce ne sont pas nécessairement les années passées au sein du cabinet qui comptent, mais l’expérience acquise également en dehors, de façon générale.
Un changement de position qui impliquerait « beaucoup plus de flexibilité sur le temps de passage au partnership et sur les façons d’y accéder », mais nécessaire, tant les profils des talents se sont diversifiés au cours des deux dernières décennies.
« La majorité de nos recrues venaient directement d'un MBA. Il n'y a rien de mal à cela, mais aujourd'hui, elles proviennent de sources beaucoup plus larges : à la fois des recrues seniors et des talents techniques. Il y a maintenant plus de 370 universités dans lesquelles nous recrutons », ajoute-t-il.
Bob Sternfels veut également accélérer la prise de décision. Alors que la technologie est partout, que le changement climatique s’invite dans les défis majeurs à relever, que la pandémie continue de sévir et que la géopolitique mondiale est incertaine, « nos clients exigent que nous allions plus vite qu’eux. » Et de questionner : « Alors, comment créer un modèle capable d’évoluer plus rapidement ? »
Dans tous les cas, pas en renonçant au modèle de partnership, auquel le nouveau patron de McKinsey reste attaché – ce qu’il avait déjà indiqué dans sa toute première interview à la presse allemande en octobre et a contrario de certains qui proposaient de faire rentrer McKinsey en bourse pour obtenir davantage de transparence (relire notre article).
Un tuyau intéressant à partager ?
Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !
commentaire (0)
Soyez le premier à réagir à cette information
Manuel de survie
- 29/11/24
Depuis 2022, le phénomène des salariés « boomerang » est largement relayé dans les médias en contrepoint de celui du big quit. Certains experts RH en font un nouveau levier de gestion des talents. Valable dans le conseil en stratégie ?
- 18/11/24
Un nouveau barème de couleurs commence à fleurir sur les CV des consultants McKinsey. À quoi correspond ce système d’unification des « niveaux d’impact » individuels, précisément ?
- 28/10/24
La crise sanitaire l’a montré : c’est possible. Mais est-ce souhaitable ? Dans le conseil en stratégie, le télétravail suscite depuis 4 ans des annonces régulières d’un « retour au bureau », comme dans beaucoup de professions intellectuelles supérieures. La réalité est plus nuancée.
- 02/09/24
Première femme indienne à avoir été élue partner chez McKinsey en 1985, Chandrika Tandon fait résonner sa voix dans de multiples domaines.
- 29/08/24
A 37 ans, Paul Ricard, partner d’Oliver Wyman aux US, vient de se voir confier un challenge d’envergure : prendre la tête de la practice assurance et gestion d'actifs pour l’ensemble de la région Asie-Pacifique à Singapour. Particularité de ce Français né dans l’Aveyron, consultant de la firme depuis 2011 : il a, durant ces 14 années, évolué uniquement hors de France : aux US, dans les bureaux de New-York puis de San Francisco.
- 19/07/24
Plusieurs cabinets de conseil en stratégie accompagnent leurs consultants désireux de suivre des formations certifiantes. Dans quel contexte, et pour quels bénéfices ?
- 16/07/24
Selon les senior partners de Kéa, Arnaud Gangloff et Angelos Souriadakis, le métier de consultant en stratégie a profondément muté ces dernières années.
- 16/02/24
Les coûts et les gains de productivité induits par l’intelligence artificielle vont-ils conduire à une refonte des modèles de tarification des missions de conseil en stratégie et une évolution de la relation aux acheteurs ? Pour certains, que nenni. Pour d’autres, évidemment. Entre deux, plusieurs cabinets s’interrogent.
- 26/01/24
Chacun sa route, chacun son chemin, chacun la mission de conseil qui lui convient ? Si cette envie de satisfaire les consultants dans les attributions de clients et de sujets entre les consultants des cabinets de conseil en stratégie peut paraître tentante, sa mise en œuvre est beaucoup plus nuancée.