le media indépendant du
conseil en stratégie

icone burger fermee

rechercher sur le site

icone recherche

Covid-19 – Recrutements : le conseil tire le frein à main

 

Candidatures gelées et prises de fonctions décalées : nombre de cabinets ont coupé net leurs recrutements renvoyant tous les candidats au mois de septembre.

Seuls quelques-uns poursuivent les process à distance : ce qui ne va pas sans nouveaux défis pour les candidats et sans quelques aménagements sur le déroulé habituel de ces interviews.

 

Benjamin Polle
19 Mar. 2020 à 09:44
Covid-19 – Recrutements : le conseil tire le frein à main

 

Lundi 16 mars au soir, avant même les nouvelles annonces de resserrement des règles de confinement des Français, les cabinets de conseil parisiens fermaient à double tour les portes de leurs bureaux.

Au BCG par exemple, rue Saint-Dominique, si le télétravail a été généralisé pour les consultants dès la semaine du 9 mars, il est devenu obligatoire pour tous le 16 mars – nombre de consultants avaient d’ailleurs gagné un point de chute familial en province.

Idem chez EY-Parthenon, tout le monde travaillait depuis chez soi lundi.

Ici comme ailleurs dans le reste de l’économie, la réorganisation est aussi soudaine que brusque. Et exige des cabinets qu’ils s’adaptent en interne. Vis-à-vis de leurs clients, mais aussi des nombreux candidats qui chaque année à Polytechnique, aux Mines, à CentraleSupélec, aux Ponts, à HEC, à l’ESSEC et à l’ESCP, notamment, tentent d’y démarrer leur carrière.

Ce qui n’est pas un petit sujet tant les cabinets sont habituellement assaillis de CV. L’ensemble des cabinets suivis par Consultor cumulait environ 500 recrutements de juniors par an en 2018, certes dans un contexte de forte croissance.

« Tous les cabinets pour lesquels j’étais en piste ont gelé leurs recrutements »

Mais à contexte exceptionnel, coup de frein exceptionnel : les étudiants en cours de process de recrutement dans l’un ou l’autre des cabinets interrogés pour cet article font tous le même constat.

« Tous les cabinets pour lesquels j’étais en piste ont gelé leurs recrutements et ont indiqué que les process reprendraient en septembre », dit un étudiant à l’Edhec. Un constat qui, selon les informations de Consultor, vaut aussi pour plusieurs autres cabinets avec des dates de report variables : Kearney (report de certains entretiens à avril), Roland Berger et Monitor (le cabinet a jugé qu'il était trop tot pour réagir à nos sollicitations mais plusieurs candidats en cours de process font état de reports) .

Plusieurs cas de figure s’appliquent. Les étudiants qui n’avaient fait qu’envoyer des CV : dans le meilleur des cas, on les informe que la poursuite du recrutement interviendra au mieux en avril et probablement plus tard. Dans les pires des cas, plus de son et d’image, les étudiants n’ont plus aucune nouvelle des cabinets auxquels ils avaient adressé leur candidature.

Autre traitement pour ceux qui avaient déjà été contactés ou avaient déjà passé des premiers entretiens. Ils ont été avertis du décalage du process à la rentrée de septembre.

Un exemple parmi tant d'autres des reports actuellement à l'œuvre : ce candidat qui avait rencontré un premier partner chez Kearney, et devait en voir un second rapidement. Sauf que ce deuxième rendez-vous n’a pas pu avoir lieu. Il n’a à présent aucune idée de quand ce rendez-vous aura lieu. Kearney confirme : le bureau parisien explique que pour certaines candidatures les entretiens ont été remis à avril.

Et ce qui vaut pour les embauches de juniors vaut pour les stages de césure. « J’ai eu le responsable RH qui suivait ma candidature. Il m’a informé que les entretiens sont arrêtés pour le moment tout simplement parce qu’ils ne sont plus réalisables », dit un autre étudiant à CentraleSupélec qui était bien embarqué pour rejoindre un MBB.

Dernier cas de figure au grade junior : les embauches qui venaient d’être signées et pour lesquelles une date de prise de fonction dans un futur proche avait été arrêtée. Chez McKinsey, L.E.K. Consulting ou Oliver Wyman, ces arrivées sont repoussées ou adaptées.

« McKinsey a adressé les dernières offres d’embauche lundi 9 mars, puis plus rien », témoigne un étudiant à l’Edhec. Même son de cloche d’une autre candidate qui venait de recevoir une offre de McKinsey pour une entrée en avril ou mai à un grade junior : le cabinet vient de lui demander de décaler son contrat à début novembre.

« L’intégration des consultants ayant déjà reçu une offre est maintenue, mais décalée dans le temps », confirme aussi Imane Thomas, la responsable des ressources humaines de L.E.K. Consulting.

D’autres cabinets défendent une approche au cas par cas sur les intégrations de nouveaux consultants : comme Oliver Wyman qui propose à certains collaborateurs de débuter à distance quand ils n’ont pas d’autres créneaux comme c’est le cas pour des stagiaires de Polytechnique actuellement.

Objectif : faire le dos rond en attendant d’y voir plus clair sur l’évolution de l’épidémie. Sauf exception dans quelques cabinets qui ont choisi de maintenir les recrutements à distance.

Entretiens de recrutement à distance

Un étudiant de l’ESSEC, qui a méthodiquement adressé sa candidature à quatorze cabinets, indique ainsi à Consultor que Bain & Company et Oliver Wyman maintiennent pour l’heure des entretiens par Skype. « Les projets se poursuivent et dans un secteur dont les taux de turnover sont de l’ordre de 15 %, nous ne pouvons pas nous permettre d’arrêter nos recrutements. En espérant que nous verrons les prémices d’une sortie de crise dans trois à quatre semaines », confirme Hanna Moukanas, le partner d’Oliver Wyman et patron du bureau de Paris.

Ce ne sont pas les seuls cabinets à faire de la sorte : L.E.K. Consulting ou EY-Parthenon sont sur la même ligne. « En trente-cinq ans de consulting, je n’ai jamais observé pareil phénomène, commence par lâcher Bruno Bousquié, managing partner d’EY-Parthenon à Paris. Mais le blocage business actuel sera limité dans le temps et les conséquences de la crise sanitaire vont être extrêmement significatives pour un grand nombre de secteurs. Dans lesquels, il y aura un avant et un après le coronavirus. Les cabinets de conseil en stratégie seront associés de près aux réflexions de sortie de crise. On est convaincu que nous devons préparer pour septembre des équipes de consultants en capacité de travailler à plein régime pour les énormes mouvements qui ne manqueront pas d’intervenir. »

Le cabinet ne réduit pour le moment pas la voilure des recrutements et les entretiens se poursuivent via Skype ou Teams.

Ce qui n’ira pas sans quelques nouveaux défis pour les candidats qui se préparent des semaines durant à des entretiens en présentiel.

« Sur la partie fit, j’anticipe qu’il va être beaucoup plus difficile de connecter avec les recruteurs. Les small talks d’avant et d’après entretien pour détendre l’atmosphère, il va falloir oublier », anticipe un étudiant de l’Essec qui doit passer un entretien à distance avec Oliver Wyman dans les prochains jours.

Ce n’est pas l’expérience vécue par un étudiant qui, lundi 16 mars, sortait de deux tours d’entretiens dans un cabinet de conseil en stratégie spécialiste des services financiers. Dans son cas, une partie du business case lui a été adressée par mail en cours d’entretien. Globalement, dit-il a posteriori, « c’était exactement pareil » [que des entretiens en présentiel].

En revanche, un autre entretien auquel il devait se rendre vendredi, cette fois-ci chez Courcelles, a, lui, été annulé. Sans qu’aucune date de revoyure n’ait pour le moment été organisée.

Une politique de gel que le cabinet confirme à Consultor : à ses yeux, les business cases à distance sont trop complexes et stressants pour les candidats. Et empêchent toute évaluation du fit entre le candidat et le cabinet. Il a donc préféré tout mettre en pause. En attendant d’y voir plus clair.

Benjamin Polle pour Consultor.fr

 

Bain & Company Boston Consulting Group EY Parthenon McKinsey Oliver Wyman Roland Berger L.E.K. Consulting Hanna Moukanas
Benjamin Polle
19 Mar. 2020 à 09:44
tuyau

Un tuyau intéressant à partager ?

Vous avez une information dont le monde devrait entendre parler ? Une rumeur de fusion en cours ? Nous voulons savoir !

écrivez en direct à la rédaction !

commentaires (1)

Benoît L.
26 Mar 2020 à 09:28
Et dire qu'il y a quelques moi à peine, j'ai reçu plusieurs offres de cabinets de conseils et heureusement pour moi, une offre de Google. J'ai fait le bon choix et rejoins alors la meilleure boîte de tech du monde avec une situation incroyable (salaire, horaire, mission etc..). Je plains les personnes entrant dans le conseil en ce moment : avec la réduction des missions et des clients, les embauches plongent et cela indiquera alors plus de travail sur moins de consultants et donc des horaires à rallonges...

citer

signaler

1024 caractère(s) restant(s).

signaler le commentaire

1024 caractère(s) restant(s).
9 - 3 =

France

  • Objectif durable pour Accuracy Strategy et sa nouvelle associée
    20/12/24

    Elle a rejoint le cabinet en septembre 2023 et vient d’être nommée partner : Sophie Chassat a désormais pour mission de soutenir le développement d'Accuracy sur les enjeux de transition.

  • Les bureaux parisien et lyonnais de McKinsey perdent 3 associés
    18/12/24

    McKinsey France enregistre trois nouveaux départs : le senior partner Pierre-Ignace Bernard, près de 30 ans de maison, ainsi que les partners Jérémie Ghandour, arrivé en 2013, et Timothée Fraisse, qui avait rejoint le cabinet en 2018.

  • Bain prend ses aises au sein du très chic Espace Kléber
    16/12/24

    Depuis décembre 2017, Bain & Company occupe plusieurs étages de cet ensemble immobilier situé au 25 de l’avenue éponyme. Plus de 1 000 mètres carrés supplémentaires vont s’ajouter aux 4 500 mètres carrés dédiés au cabinet jusqu’à présent.

  • Le fondateur de Circle prend la direction d'un futur Netflix du gaming
    13/12/24

    Augustin van Rijckevorsel, l’iconoclaste et hyperactif fondateur et ancien CEO de Circle Strategy (jusqu’en 2023), devenu producteur de musique et investisseur, s’est lancé dans une nouvelle aventure.

  • Le cost killer Musk fait-il des émules en France ?
    10/12/24

    Cost killing. Après l’avoir mis en pratique au sein de X, de Tesla et de SpaceX, Elon Musk l’annonce comme sa future success-story à la tête de l’efficacité gouvernementale. Un buzz mondial. La méthode « à la hache » muskienne fait elle des émules parmi les dirigeants français en mal de productivité dans un contexte économique et géopolitique actuel pour le moins instable ? Veulent-ils, peuvent-ils s’en inspirer ? Le point de vue de quatre partners de cabinets intervenants sur la délicate question de réduction des coûts : Alban Neveux d’Advention, Romain Grandjean d’Avencore, Paul-André Rabate de CVA, et Thomas Chevre de Strategia Partners.

  • Kéa finalise la première phase de son plan de croissance en se rapprochant de Learn Assembly
    09/12/24

    Le nouvel entrant au sein du groupe Kéa est un cabinet spécialiste des stratégies de développement des compétences; qui accompagne tant les acteurs institutionnels de l'emploi et de la formation que les grands groupes privés.

  • Un partner à la retraite mobilise les donateurs américains pour Notre-Dame
    06/12/24

    Jean-Hugues Monier, une vingtaine d’années chez McKinsey, est un partner français basé à New York parti récemment en retraite. Il a coordonné un vaste mouvement de solidarité de la part d’une ONG américaine, Friends of Notre-Dame-de-Paris, qui a grandement participé à la reconstruction de notre emblème national, en partie détruite par le feu en 2019. Il est même personnellement très impliqué dans cette association caritative en qualité de membre du conseil d’administration.

  • Oliver Wyman : trois nouveaux associés à Paris
    05/12/24

    Les heureux élus se nomment Laure Charpentier, Bastien Godrix et Thibault Rochet, tous issus de l’interne. Au niveau mondial, Oliver Wyman annonce 45 élections de partners et directeurs exécutifs.

  • Enquête : plongée dans la clientèle de McKinsey en France
    03/12/24

    C’est l’un des secrets les mieux gardés par tout cabinet de conseil, a fortiori par McKinsey… Identité des grands groupes conseillés par le cabinet de conseil, clients faisant les belles heures du bureau parisien : Consultor lève le voile. 

Super Utilisateur
France
covid-19, coronavirus, recrutement, rh, Imane Thomas, LEK, Hanna Moukanas, oliver wyman, Bruno Bousquié, Courcelles
3531
Bain & Company Boston Consulting Group EY Parthenon McKinsey Oliver Wyman Roland Berger L.E.K. Consulting
Hanna Moukanas
2021-10-31 18:37:39
1
Non
France: Covid-19 – Recrutements : le conseil tire le frein
à la une / articles / Covid-19 – Recrutements : le conseil tire le frein à main