Partners : bientôt la parité ?
Consultor publie son 7e baromètre de la parité dans les partnerships de cabinets de conseil en stratégie. Les chiffres continuent à témoigner de microvariations d’un cabinet à l’autre dans un paysage qui reste toujours ultramasculin. Certains appellent pourtant à la patience et assurent que le changement est en cours.
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De 1 sur 10, à 2 sur 15. De 10 % à 13 %. Telle est la progression de la parité qu’a connue Vertone dans le 7e baromètre de la parité dans les partnerships des cabinets de conseil en stratégie. Cette progression est très emblématique de la manière avec laquelle la parité évolue dans les cabinets de conseil en stratégie : par petits sauts de puce (parfois en arrière), sans tendance de fond.
Les chiffres de l’ensemble de notre panel en attestent : sur les 372 partners que nous recensons en décembre 2021 dans les 11 cabinets à compter au moins 10 partners du guide Consultor.fr, 58 sont des femmes.
15,6 % ! Et Patrick Juvet de nous ôter les mots de la bouche : où sont les femmes ?
Car si ces résultats sont au-dessus de ceux de notre précédent baromètre de juin 2020 dans lequel les femmes comptaient pour 13 % des partners des cabinets de conseil en stratégie (47 sur 343), ils sont en ligne avec le résultat de 2019 (où les femmes comptaient pour 15 % des partners, 48 sur 319). C’était 11 % en 2011, 12 % en 2014, 11,5 % en 2015, 15 % en 2017. Seule une poignée de cabinets passe le cap du cinquième de leur effectif de partners femmes : ils ne sont que quatre à le faire dans ce baromètre 2022.
L’encéphalogramme reste donc plutôt plat sur le front de la progression de la parité, même si les cabinets multiplient les symboles à l’instar des promotions de femmes à la tête de plusieurs bureaux parisiens (Delphine Bourrilly chez Kearney, Ada Di Marzo chez Bain, Clarisse Magnin-Mallez chez McKinsey). Un encéphalogramme qu'attestent les promotions des dix-huit derniers mois (depuis juillet 2020).
Peu de femmes élues ces dix-huit derniers mois
Vertone en est un parfait exemple : Ihsane Rahmani est la seule femme des cinq nouveaux partners que le cabinet a promu cette année (relire notre article).
« Nous envisagions de promouvoir plusieurs autres seniors managers femmes. Mais soit le métier d’associé n’était pas ce qu’elles avaient imaginé, soit le périmètre de la fonction les a dissuadées, elles ont en tout cas opté pour une sortie du conseil », raconte Raphaël Butruille, partner du cabinet.
Même montagne, même souris chez Bain. Sur les 7 partners qui y ont été promus depuis juillet 2020, seule Bianca Leodari, qui arrive aux services financiers depuis le bureau de Dubaï, est une femme.
Idem pour Charlotte Degot et Clotilde Bégon-Lours, les deux seules promues au BCG parmi neuf élections sur la même période. Pire, chez Kea, où les quatre promotions intervenues depuis juillet 2020 sont exclusivement masculines.
Kea défend pourtant des chiffres en progression. 30 % des partners au niveau du groupe sont des femmes, en incluant Marie-Catherine Cerutti chez Tilt ideas, Corinne Patarin, la patronne d’Arkos, spécialiste de l’opérationnalisation des transformations complexes, dont le rapprochement avec Kea a été finalisé en juin 2021, et Sophie Combes chez Kea Executives, l’activité de coaching de dirigeant lancée en 2020, portant le total à 9.
Autre indicateur positif selon Stéphanie Nadjarian, senior partner, le pourcentage de femmes au grade de directeur – qui, chez Kea, précède celui de partner – est de 35 %. Ou encore la parité ou quasi-parité au sein des instances de gouvernance (codir, comité business, comité manager) et les 40 % de femmes actionnaires du cabinet tout grade confondu (le cabinet ouvre son capital à ses consultants très tôt dans leur parcours).
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85 élections et 45 départs : tels sont les 130 mouvements intervenus dans les dix cabinets de conseil en stratégie du guide de Consultor dont l’effectif est de dix partners au moins. Ces mouvements ont eu lieu entre janvier 2019 et janvier 2021. Ces chiffres témoignent de la croissance du marché du conseil en stratégie malgré la crise et le rythme auquel les associé.e.s passent la main. Notre étude à découvrir.
Laisser le temps au temps
« On part historiquement de 0 % de femmes partners. Christine Durroux, Anne Risacher et moi avons été les premières. Nous recrutons peu ou pas à l’externe et le temps moyen jusqu’au grade partner est de douze ans. Les chiffres progressent mais il faut laisser le temps aux femmes d’arriver à ces niveaux de séniorité là », se réjouit Stéphanie Nadjarian chez Kea.
Ce qui est vrai chez Kea l’est dans beaucoup de cabinets, qui parviennent désormais souvent à recruter de manière paritaire à la base de la pyramide – et ce alors que ces cabinets recrutent une part importante de leurs consultants dans des grandes écoles d’ingénieurs dont les effectifs étudiants restent, eux, largement masculins (70 %).
Et la persistance de cette parité de départ a tendance à s’allonger dans le temps : chez PMP aussi, le nombre de femmes progresse parmi les managers, les seniors managers et les directrices.
« Ces chiffres progressent parce qu’on y travaille. Mais pas aussi vite que ce qu’on souhaiterait parce qu’il y a une vraie inertie. Vous avez deux manières de féminiser : soit en recrutant des profils seniors féminins à la concurrence, mais ils ne courent pas les rues, soit en développant des ressources en interne », étaye Caroline Ponal, partner chez PMP.
McKinsey aussi s’illustre beaucoup plus positivement dans ses récentes élections : « McKinsey comptait une parfaite parité (3 hommes et 3 femmes) sur les dernières annonces de nouveaux partners au dernier trimestre 2021 », rappelle le bureau de Paris à Consultor qui indique compter à date 76 partners au bureau parisien dont 61 hommes et 15 femmes.
Plus largement, selon les chiffres de Consultor, sur les 29 élections opérées en dix-huit mois par McKinsey Paris, 9 sont des femmes. Et encore, la dynamique est amoindrie par les départs de quatre figures féminines du bureau parisien (Julie Avrane-Chopard, Mary Meaney, Hortense de la Boutetière et Sophie Marchessou).
Des leviers actionnables
Ce qui est encourageant a fortiori est qu’il n’y pas de fatalité, et que de vraies marges de manœuvre existent. « On est globalement à l’équilibre hommes / femmes chez Vertone mais pas à l’équilibre au niveau du partnership. On a tous bien conscience des enjeux liés à la parité. On n’a cependant pas de baguette magique, c’est pourquoi on intègre actuellement ce point dans notre projet stratégique en cours d’élaboration, avec un chantier dédié à la clé », témoigne Raphaël Butruille, partner chez Vertone.
Le cabinet s’appuie pour le moment sur quelques pratiques de staffing bien établies, comme l’absence de missions en province ou à l’étranger pour les parents ou les consultants qui ont des contraintes personnelles spécifiques.
Nombreux sont les cabinets à mettre en œuvre le financement de berceaux en crèche d’entreprise, des jours enfant malade rémunérés ou encore la couverture de l’ensemble de la famille par des mutuelles. Mais tous sont à présent à la manœuvre pour faire davantage.
PMP a par exemple instauré, dans le cadre d’un suivi de la santé mentale des collaborateurs, déployé pendant les confinements à répétition, des groupes de discussion autour de la parentalité. « Quand j’ai commencé ma carrière, on faisait comme si le sujet de la parité n’existait pas. Le sujet avance, les plus jeunes générations y sont beaucoup plus attachées, nous devons accompagner ce mouvement. La verbalisation des difficultés est une étape importante pour que chacune et chacun puisse partager ses difficultés ou ses solutions », juge Caroline Ponal, chez PMP.
PMP annoncera de même d’ici la prochaine journée internationale des droits des femmes plusieurs nouvelles initiatives. L’une d’entre elles irait par exemple dans le sens d’une identification systématique des contraintes de chaque consultant : qui le besoin vital de faire du sport trois fois par semaine, qui des activités associatives ou culturelles, qui des contraintes familiales, pour lever tous les tabous, les autocensures, et y répondre plus finement.
Et un consensus grandissant émerge sur le fait que la parité ne peut pas être un sujet exclusivement féminin. « Une des raisons pour lesquelles historiquement les femmes quittaient le conseil avant leurs passages à manager et à fortiori avant leurs passages à partner, était souvent liée à la perception d’une difficulté à assurer un équilibre vie pro / vie perso dans le métier. Et nous avons fait de cet enjeu d’équilibre et d’harmonie une des priorités de Vertone. Et cela dépasse en réalité largement le seul sujet de la parité », défend Raphaël Butruille.
« La crèche, le temps partiels, ce ne sont plus des sujets spécifiques aux femmes et si nous les traitions comme ça en interne, on nous dirait que nous sommes rétrogrades », appuie Stéphanie Nadjarian. « L’attention à la carrière de l’autre, le partage de l’éducation sont des sujets partagés par l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs du cabinet », défend de même Caroline Ponal.
La preuve par l’exemple avec l’allongement du congé paternité : Kea et McKinsey élargiront prochainement leur dispositif d’accompagnement au retour des congés naissance aux hommes.
Pour retrouver les éditions antérieures de ce baromètre :
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commentaires (1)
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Classement
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